mardi 25 novembre 2008

Snowflakes

- Un retour de vacances, pour un Belge, au mois de novembre de surcroît *oh il NEIGE*, c’est toujours une rude transition. Tellement rude, qu’on évoque aisément un “retour à la réalité” (comme s’il on l’avait quittée!), ou pire, la cruelle métaphore de la “parenthèse fermée”, comme si tout bonheur vacancier se faisait systématiquement entre parenthèses. Mon séjour au Maroc fut un réel bonheur, sans guillemets, sans parenthèses. Je n’ai pas la plume pour rendre justice au pouvoir enchanteur de ce merveilleux pays, qui met les sens en éveil à chaque instant. Je me contenterai donc, vous en conviendrez, de quelques souvenirs en vrac – mais avant cela, j’attends les photos de mes compagnons de route, pour illustrer tout ça. Un ch’ti peu de patience...

- De la patience. C’est avant toute chose ce qu’il me faudra pour terminer mon préavis. Le courage, je garde ça pour les choses importantes. Allez, plus que trois semaines.

- Dans trois semaines, c’est notre concert de Noël. La fabrique d’église nous a lâchés in extremis – les salauds – mais on a une bonne piste pour trouver une nouvelle église. Le programme est très joli, ça va être superbe. Entre les deux parties du concert, en guise d’interlude, je vais réaliser un fantasme que je traîne depuis quelques années: interpréter le Es ist genug de la Cantate n° 60 de JS Bach, dans la version épurée (4 personnes, 1 par voix) des Swingle Singers. Merci d’avance à Clairette, Antoine et Mano.

- La foule de répétitions déjà fixées, les dates de représentations (Frédérick x 3, Carmina Burana x 2), les mariages... Je dois absolument m’acheter un agenda 2009. Le week-end du 21-22 mars sera déjà tout rempli. D’événements, de stress et d’adrénaline. Ca m’étonnerait que d’ici là le clonage soit au point.

- Ah tiens, j'ai lu des livres:
Expiation de Ian McEwan, lu pour cause d'amour de son adaptation réalisée par Joe Wright (Atonement, sorti début 2008). Et j'ai a-do-ré. Dieu que c'est bien écrit... Typiquement le genre de romans que j'aime, que j'admire. J'ai également pu constaté à quel point le scénario de Christopher Hampton est réussi, brillant. Adaptation parfaite.
Parlez-moi d'amour, un recueil de nouvelles de
Raymond Carver. Avec une écriture minimaliste, Carver dépeint des personnages perdus, désabusés, essoufflés dans leur quête d'amour et de bonheur. C'est assez déprimant. Certaines sont assez marquantes. Héhé, il y a celle dont a été adapté le très bon Jindabyne.

- Comme tout “grand classique” ou “film culte”, The Big Lebowski est un film inusable. C’est un film unique. Une des plus grandes comédies des années 90, si pas de tous les temps. Le Dude est le personnage le plus cool de l'Histoire du cinéma. Les Coen renouent avec la comédie déjantée avec Burn After Reading, qui sort bientôt en salles. Hâte de voir ça.
Un petit montage:

mardi 11 novembre 2008

Cloudflakes

- La vie et ses petites contrariétés : se choper un rhume la veille de partir en vacances. C’est malin ! Je vais devoir rechecker ma pharmacie. Et prévoir des affaires chaudes, car dans l’Atlas on risque de se geler violemment les miches.

- Syd Matters, mercredi soir, c’était superbe. Mon appareil photo étant en réparation, je n’ai pas pu prendre des clichés *gniiii*
Bon, c’est pas nouveau, j'adore ce groupe, je suis un fan complet de leurs trois albums. La voix de Jonathan, leurs mélodies à tomber, leurs arrangements subtils, leurs chansons super touchantes, leur maturité artistique qui évolue d'album en album… Tout ça, sur scène, est décuplé par deux. Déjà, le groupe sait parfaitement s’adapter à la salle. En festival c’était le lyrisme tripant et décoiffant, à l’AB Club c’était l’intimité acoustique. Ici, à l’Orangerie du Bota (excellente salle, excellent son), ils étaient tout juste entre les deux. En live, leurs chansons prennent une ampleur nouvelle, et pour chacune, les musiciens donnent tout ce qu’ils ont. La cohésion des membres est indéniable et apporte énormément à la qualité de leur performance. La setlist était très attrayante, pleine de moments magiques. Quand l’une ou l’autre chanson s’étendait dans une outro improvisée, on avait droit à de bons gros trips bien noisy, pour revenir ensuite à des moments plus éthérés, plus gracieux. Wow. Chaleureux succès.
La mise en bouche fut assurée par Mariee Sioux. Une petite madame toute mimi, au look de Chinook, seule avec sa guitare. A mi-chemin entre Jewel et Devendra Banhart. Pas mal, sympa. Une ou deux chansons qui sont sorties du lot.

- Samedi soir, soirée d’au revoir à l’ami Thomas, qui part en mission pour MSF, soigner les réfugiés au Tchad. Et avant d’avoir la misère du monde dans les mains pendant six mois, il profite de ses derniers jours bruxellois. Resto au Cercle des Voyageurs, toujours très agréable, puis quelques bières spécialement bonnes à La Porte Noire, pour terminer au Celtica, à danser jusqu’à ce que Durum s’en suive, des Duvel à la main. Je suis rentré en métro – et ce n’était même pas le premier.
Le lendemain, nouveau petit chapitre du Manuel de la Lose : ou comment arriver à 14h15, la tête comme un seau, à ta répétition de chorale qui a débuté à 10h. Ceci dit on a bien travaillé et ce Carmina Burana va déchirer.

Quelques films :


- Cortex, de Nicolas Boukhrief. Bonne surprise. Ca se passe dans un centre pour malades atteints d’Alzheimer, et le nouveau résident, un ex-flic, se met à suspecter une série de meurtres. J’ai trouvé ça assez bien foutu. Mine de rien, le mystère développé est assez efficace, et distille parfois une agréable drôlerie, volontaire ou non. André Dussolier est franchement génial, au sens propre du terme. Il porte énormément le film. Dommage pour cette fin, non seulement expédiée, mais surtout peu satisfaisante.
- The Doors, d’Oliver Stone. C’est pas trop mal. Le portrait de Morrison semble un peu caricatural, facile, et le récit s’en tient à de l’évocation illustrative, mais ça se laisse regarder grâce à la performance de Val Kilmer, franchement impressionnante, aux reconstitutions minutieuses des concerts d’époque, et grâce à la musique, bien sûr. Le fan des Doors se demandera inévitablement si ce groupe ne figure pas parmi les 10 (5 ? 3 ?) plus grands groupes de tous les temps.
- Battle Royale de Kinji Fukasaku. Enfin vu ce « film culte » et ma foi, c’est une lourde déception. Le pitch tue (Dans un Japon futuriste, les adultes redoutent les adolescents, trop enclins à la violence. Pour se protéger, la loi Battle Royale est votée. Le principe du « jeu » est simple : une classe de terminale est envoyée sur une île déserte, et les élèves doivent s'entretuer jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'un seul survivant.) et ça commence très très fort. La première demi-heure est même assez jubilatoire. Puis... puis... euh... j'ai pas compris: ça devient très ennuyeux, les mitraillettes tirent à blanc, ya plein de guimauve partout, les nullités s'accumulent, et j'attendais que ça se termine, j'en avais ras le bol. J'aime bien la direction musicale.
- Quantum of Solace de Marc Forster. C'est clairement moins intéressant et moins attachant que Casino Royale, et donc vraiment moins bon. Mais malgré tout j'ai bien aimé, je me suis bien amusé. Pourtant, ça ne commence pas bien. La scène d'action du prégénérique est trop illisible. Le générique est pas top et la chanson de Jack White tout juste moisie. Puis ça va mieux. Hum, je n’ai pas saisi tous les recoins de l'intrigue, pourtant sans grande prétention, mais bon ça ne m'a pas gâché le plaisir pour autant. Car du plaisir il y en a: la scène de l'opéra, celle des échafaudages, celle des avions… Ca vaut son pesant d’adrénaline. Daniel Craig, plus viril que jamais, crève l’écran une fois de plus, la meuf bronzée est canon, Mathieu Amalric est très convaincant. Sur le fond, c’est un brin décevant (la portée écolo est très légère, et le motif de la vengeance dans la peau est trop rebattu), mais le personnage de Bond ne cesse pas d'exister et d'intéresser pour autant. Il faudra juste que le troisième soit meilleur.

Bon allez, je me trace au Maroc! A pluche!

vendredi 7 novembre 2008

Stars and stripes

Je me dépêche un peu de voir quelques films à voir avant de partir en vacances (Maroc J-5)... Après le rush films français, trois films américains.


- W. C’est marrant de voir ça la veille de l’élection d’Obama. Oliver Stone, je connais pas des masses, j’ai pas tout vu (le DVD des Doors m’attend.. *J’ai peur*). De ce que j’ai vu il y a de l’excellent (Platoon, et surtout JFK), du pas trop mal (Any Given Sunday) et du très mauvais (World Trade Center). Après ce dernier, une soupe pompièro-guimauve, j’étais curieux de voir ce qu’il ferait de sa bio de George W. Bush. Bio sélective, bien sûr: l’idée était non pas de faire le bilan de son désastreux mandat, mais de raconter comment ce gusse a pu finir Président des Etats-Unis, via quelques morceaux choisis de sa jeunesse, ses frasques, ses conflits avec son père, sa foi, son parcours...
Avec des ellipses bien senties, le récit évite pas mal de pièges (aucune image du 11/09 ou de son élection, par exemple), et c’est assez intéressant à suivre. La mise en scène est pas terrible, mais il y a quelques bonnes scènes. Le casting, solide, aide à maintenir l’intérêt. Josh Brolin, épatant, est très bien entouré (mon pote James Cromwell, Richard Dreyfus, Toby Jones..). Pourtant, le film laisse perplexe. A l'issue de la projection, on constate que l’encéphalogramme est resté à plat. Le film paraît vide, ou pire: vain. Pour un film sur Bush, c’est un dommage... Trop léger? Trop gentil? Trop tôt? Peut-être. C’est juste très moyen, et (pour faire une comparaison rapide et facile) ça n’arrive pas à la cheville d’un The Queen.



- Tropic Thunder. Le chef op' c’est John Toll (La Ligne Rouge, Braveheart, Gone Baby Gone) mais c’est un film de Ben Stiller. Je n'avais vu aucun de ses films (Zoolander, Disjoncté) mais l'acteur me fait marrer, et même bruyamment dans Mes beaux-parents et moi ou Au Nom d'Anna. Tropic Thunder, où des acteurs qui pensent tourner un film de guerre se retrouvent embarquer dans une "vraie guerre" (je simplifie), se veut un hommage aux acteurs d’Hollywood. Stiller fait la grosse star de blockbuster, Downey Jr l'acteur de composition extrême, Jack Black le comique lourdaud. Tous trois sont en grande foforme et sautent à pieds joints dans le délire. Stiller est la meilleure parodie de Tom Cruise du monde, Downey Jr déchire, Jack Black est un peu sous-exploité mais m'a bien fait rire quand même (quand il est attaché à l'arbre, j'en pouvais plus). Les seconds couteaux (Jay Baruchel e.a.) sont très bons. Le *special guest* est complètement possédé, c'est rigolo. Et donc oui, on se marre bien... Certaines répliques sont à périr de rire, certains passages sont à se pisser dessus (les fausses bandes-annonces du début, "Simple Jack",..). L'humour "même pas peur" fonctionne plutôt bien sur moi. Le problème c’est que c’est drôle par fulgurances – il manque un vrai génie comique, une vraie mécanique irrésistible en permanence. “L’intrigue”, trop faible, sert avant tout de prétexte - en gros on n’y croit pas une seconde. Du coup, difficile de s'empêcher de trouver ça assez lourdingue par moments. Certains délires débiles passent, d'autres sont gavants. Mais bon, ça va cartonner aux prochains MTV Movie Awards.



- Changeling, le dernier Clint Eastwood qui n’a pas eu la Palme d’Or. Un film de Clint reste toujours une sortie importante. Le dyptique Iwo Jima avait moyennement marché sur moi, donc je suis content d’avoir beaucoup aimé celui-ci. Anjelina Jolie (remarquable) joue une mère dont le fils s’est fait enlevé. Quand la police le retrouve quelques mois plus tard, elle ne le reconnaît pas. Ce n’est pas son fils. S’engagera alors une lutte douloureuse envers les pouvoirs publics corrompus qui provoquera bien du remous...
Cette terrible histoire - vraie - méritaient d'être racontée et, Dieu merci, Clint adore raconter des histoires. Et il le fait bien. Clint, c'est une main de fer dans un gant de velours: le tact et la dignité, la puissance en douceur, l’intelligence émotionnelle, l’efficacité retenue du drame. C'est très noir, archi révoltant (on bouillonne littéralement face à ce ramassis d'injustices et de corruption), et franchement bouleversant par moments. On en sort assez terrassé. Le seul bémol majeur, dirais-je, de cet Echange, c'est son "trop-plein", son côté surchargé, notamment sur la fin. Dans le dernier quart d'heure, on a droit étonnamment à quelques scènes assez lourdes dont, je pense, on se serait bien passé. Pour une histoire déjà bien remplie de drames, c’est un peu dommage. Pour le reste, c’est évidemment la toute grande classe. Soulignons bien sûr la direction d'acteurs, une fois de plus prodigieuse.

mercredi 5 novembre 2008

Ils ont osé

Yes they can.




Bonne chance, Monsieur Obama. Et bon courage.

lundi 3 novembre 2008

We are family

- Le 1er Novembre, c'est la réunion de famille annuelle. Non pas les "proches", mais bien tous ces cousins lointains que tu ne vois qu’une fois (ou deux) par an. Dans la voiture en route vers le cimetière, la ludique tradition est de se repasser en revue les différentes branches de l’arbre généalogique, si possible avec visages sur les noms, histoire de pouvoir dire le bon prénom au moment de dire bonjour. Mais il y aura toujours ce(tte) cousin(e) que t’avais totalement oublié... Heureusement, il/elle ne se souviendra pas de ton prénom non plus - on est quitte. A la messe, le prêtre fit mauvaise impression avec ses somnolentes béatitudes, sans aucune originalité et d’un prêchi-prêcha limite irritant. Heureusement, la jolie chorale nous maintenait éveillés. Elle le payait pas de mine (une quinzaine de voix, pas plus), mais elle a su nous donner des frissons. Mention au gospel lors de la communion. Lors de ces réunions de famille où tu te sens à la fois intégré et étranger, il est très facile de se mettre, entre deux conversations, dans une position de simple observateur. Apparaît ainsi un vrai florilège de personnages, dont tu te demandes s’ils sont récurrents à toutes les autres familles. Il y a aussi ribambelle de gosses... tu ne sais même pas à qui ils sont ni comment ils s’appellent. Le vieil oncle qui te demande si t’es encore aux études *non ça fait trois ans*. La tante qui a la voix de Jeanne Moreau. Le patriarche qui te broie la main en te saluant et qui sent la pipe. Le maniaco-dépressif qui sort de l’hosto et qui a trouvé Dieu. Le maniaco-dépressif qui a trouvé une copine. Le couple de cousins sympa. Le plaqué qui a tout perdu mais qui est aujourd’hui heureux. La veuve qui est sympa avec tout le monde. La mère de quatre enfants – et toi tu croyais qu’elle en avait deux. Le gros qui a fondu de 15 kilos en un an. Celui qui a pris 15 ans depuis l'an dernier. Ceux que tu n'avais jamais vu avant. La doyenne de la journée à qui personne ne vient parler. Celui qui semble s’être désigné “responsable cubi de rouge”. Le jeunes parents avec leur Maxi-Cosy flambant neuf *oh il y a un bébé dedans*. Le fraîchement marié, avec sa moitié. Celui qui est venu à vélo de chez lui. Celle qui est juste trop jeunes pour s’insérer dans les conversations et juste trop âgée pour s’amuser avec les petits. Celle avec que tu évites volontairement mais en toute discrétion. Les éternels absents. Ceux qui sont là chaque année. Ceux qui ne viendront plus. La grisaille pluvieuse, elle, était bien là. Ca m’a donné envie de commencer un nouveau scénario.

- La suite du week-end fut recentré sur la famille cellulaire. C’était un bonheur de se retrouver, ça faisait un petit temps. Petits plaisirs: la fraîcheur de ses chaussures après avoir porté des pantoufles toute la journée. En balade, devoir ralentir sa démarche pour attendre le petit bout de chou. Le croissant tiède après la grasse matinée. L’odeur des tomates farcies à midi. Parcourir le journal du week-end, sans se presser. La fierté d’avoir fendu une cinquantaine de bûches au burin et à la masse (ouais comme Buddy Longway ouais). Battre sa mère ET sa soeur au Scrabble.

- J’ai vu un très bon film, aussi: Gallipoli de Peter Weir (mais si, celui qui a fait Le Cercle des Poètes Disparus, The Truman Show, Master and Commander – excusez du peu). Plus j’explore sa filmo, plus je l’admire, énormément. Sa sensibilité de cinéaste, qui mêle lyrisme des images et profondeur humaine, mais surtout son talent de raconteur d'histoire. Celle-ci, qui date de sa période australienne, est d'une puissance terrible. Gallipoli retrace une amitié sur fond historique: la participation des Australiens durant la Première Guerre Mondiale, et plus particulièrement la désastreuse bataille qui eut lieu à Gallipoli, en Turquie. Le film, parfaitement construit, laisse une impression de claque, grâce à cette fin, et plus précisément ce dernier plan figé, inoubliable. 106 minutes construites rien que pour cette 107ème, ça te transperce... Gorge nouée garantie. Drame superbe, le film est également un vrai document sur l’histoire de l’Australie. Il est montré dans les écoles et tout et tout. A voir!

Peter Weir: