dimanche 25 mai 2008

Dr Jones... Diagnostic?


Indiana Jones… Nos grands frères ont sans doute eu la chance d’avoir été l’admirer au cinéma. Nous (moi en tout cas), c’était les VHS passées et repassées dans le magnétoscope. Usées jusqu’à la corde. Il y a eu Les Aventuriers de l’Arche perdue (le film d’aventures ultime), qui a créé le mythe avec la boule de pierre qui roule, des serpents partout, un gros camion, des nazis qui fondent, une Marion légèrement portée sur la bouteille… Il y a eu Indiana Jones et le Temple Maudit, avec l’arrachage de coeur (« Kali-Maaa »), la soupe aux yeux, les joyeux petits wagonnets, le pont au-dessus des crocos… Puis il y a eu Indiana Jones et la Dernière Croisade, avec le Saint-Graal, Sean Connery, la moto et son side-car… Trois films remarquablement réalisés, drôles et palpitants, incroyablement fun, qui ont marqué une génération de cinéphiles. Sans égaler la frénésie Star Wars, la franchise Indiana Jones est une saga immortelle qui comptent des millions de fans de par le monde.
Ces fans, du moins les plus tarés, ont dû attendre 19 ans pour voir venir un nouvel épisode de l’aventurier archéologue. La ponte de ce quatrième opus fut à elle seule une saga dont les péripéties rempliraient un livre entier. Mais ça a fini par se concrétiser… Le premier coup de manivelle de Steven Spielberg fut un réel événement, célébré sur le web. Le site officiel du film offrait aux fans quelques photos ou vidéos au compte-gouttes. J’ai suivi cette opération de teasing d’un œil distant, ne voulant pas trop en (sa)voir. Mais l’excitation grimpait petite à petit : Indiana Jones revient… Et aujourd’hui, ça y est, c’est incroyable, ce film existe. Il faut être eskimo septuagénaire pour ne pas être au courant : Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Crystal est sorti sur les écrans mercredi dernier.
J’y suis allé relativement serein et zen : trop espérer ou avoir trop peur d’être déçu, ce n’est jamais bon. Et bam. J’en suis ressorti déprimé. Dépité. Un petit peu comme en 1999, quand on est sorti consterné de l’Episode I de la nouvelle trilogie Star Wars. « Mais qu’est-ce qui s’est passé… ? »
C’est une évidence, retrouver Indiana Jones sur grand écran, c’est un vrai bonheur. Harrison Ford, malgré son âge (plus vieux que Sean Connery dans La Dernière Croisade), porte toujours aussi bien le fouet et le chapeau. Comme quand on retrouve un vieux pote d’enfance : il n’a pas changé, c’est comme si c’était hier. On l’aime. Aux commandes, Spielberg n’a rien perdu de son talent : la mise en scène est ample, vive, belle, efficace (mais ça, ce n’est pas une surprise). Kaminski à la photo et Williams à la musique ont fait du bon travail, comme il se doit. Classe. Et le film ne manque pas de moments drôles ou réjouissants. Et de quelques frissons, notamment liée à toute l’iconographie d’Indiana Jones, que l’on retrouve avec un certain régal. C’est incontestable, c’est du pur Indiana Jones, tous les ingrédients sont là.
Où est le problème alors ? C’est triste à dire : le scénario. Le scénario, putain ! Ces 100 feuilles de papier écrites et réécrites, qui finissent par être approuvées. David Koepp n’est pourtant pas le dernier venu : il a signé de bons scripts bien carrés, comme Spider-Man, Panic Room, ou encore Jurassic Park et La Guerre des Mondes, pour Spielberg. Est-ce le grand manitou George Lucas (créateur du personnage) qui a eu le dernier mot ? Peu importe : le résultat est foireux. Scènes inutiles, personnages mal développés ou sans intérêt, idées inabouties, raccourcis douloureux, péripéties cartoonesques, voire grandguignolesques… Et c’est sans parler de l’intrigue de mes couilles, dont je me demande encore si elle est trop nébuleuse ou juste inintéressante, et qui aboutit, dans le dernier quart d’heure, sur un climax lourdingue au possible… Vous voyez, cette petite sueur de consternation quand vous avez feuilleté le dernier album d’Astérix ? Pourtant, les fins « fantastico-hénaurmes », Indiana Jones en connaît un rayon : celles de l’Arche Perdue ou de La Dernière Croisade étaient pas mal gratinées… Mais ici, ça ne passe pas. Et on se surprend, sans trop y croire, à trouver ça complètement idiot.
L’hommage évident rendu aux années 50 est en soi une bonne idée : nous avons droit au juke-box bien rock ‘n roll, aux voitures (et coiffures de cheveux) d’époque, au contexte politique (guerre froide et McCarthysme)… mais aussi aux délires SF des films de l’époque. Ca aurait pu marcher, mais non. Parce que le scénario, je l’ai déjà dit, et parce que nous sommes à l’ère du numérique. Le carton-pâte n’existe plus. L’hommage nostalgique aux serials des fifties se retrouve enfoui d’une cascade d’effets spéciaux en images de synthèse qui font tache… (d’autant plus que certains sont très laids – un comble pour une production de ce calibre !)
Voilà, c’est pas le désastre, mais il est très rude, face à un film tant attendu, qui était censé s’inscrire dans la lignée mythique des trois premiers, de ressentir de la tristesse. La tristesse de voir cet ultime épisode comme un… produit. Un produit vain, sans puissance dramatique, sans magie, sans émerveillement.

Ca fait mal au cul.

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