jeudi 29 janvier 2009

Ashes to ashes


- La route, de Cormac McCarthy, est un de ces romans dont on se remet difficilement. Bouleversé par le fond, étourdi par la forme, époustouflé par le génie de l'auteur. En deux mots: Une homme et son jeune fils sont sur la route. L'apocalypse a eu lieu, il y a dix ans de ça. Apocalypse dont on ne saura rien, sauf sont résultat: la Terre est littéralement réduite en cendres. Plus une trace de vie animale ou végétale. Les couleurs se sont éteintes dans la gamme de gris de ce décor de désolation. Le soleil caché en permanence par l'atmosphère de cendre. Tels deux survivants de l'enfer, "l'homme" et "le petit" marchent vers le Sud, afin de fuir le froid mortel de l'hiver. Ils tenteront de survivre des restes de nourriture qu'ils trouveront par chance. Ils rencontreront d'autres survivants. Les "méchants" ne sont que des barbares, les "gentils" des chiens perdus sans collier. Tous affamés. L'homme ne vit plus que pour son fils, seule chose qui le rattache à la vie. Le fils n'a pas connu la vie d'avant.
Dans un monde sans vie, il n'y a plus d'histoire à raconter. Récit d'errance, La route n'a pas d'intrigue mais une myriade de micro-fictions. L'ecriture se débarrasse de toute psychologie ou de philosophie à deux francs. Dans un monde sans vie, il n'y a plus de quoi penser. Ainsi, McCarthy s'en tient à la pure description, extrêmement détaillée et archi-réaliste, de ce monde dévasté, du quotidien de l'homme et de son fils. Les nuits dans les ténèbres glacées. La misère. La maladie. La souffrance. La peur. L'étincelle d'espoir qui t'interdit d'abandonner. Continuer à tout prix. Nous portons le feu.
La route, prix Pulitzer 2007, est un monumental chef-d'oeuvre qui t'arrache les tripes et te transperce le coeur.


- Death in Venice de Benjamin Britten, au Théâtre de la Monnaie. A la Monnaie, ils ont les moyens: mise en scène absolument grandiose et distribution de haut de gamme (respect pour le ténor dans le rôle d'Aschenbach). Un très très beau spectacle, même du sixième balcon. La toute dernière scène fut simplement magnifique. *Ah, ce fondu au noir!* Le hic, ce fut la musique. Moi qui n'ai aucun d'a priori sur la musique moderne, là j'ai eu un blocage. Hormis quelques fulgurences (notamment avec les choeurs), rien n'est passé. Aucun thème marquant, aucune mélodie qui vient courtiser les oreilles... Pour un opéra, je trouve ça gênant. Mais bon, pas de quoi gâcher le plaisir.
Curieux de voir ce que Visconti en avait fait (de la nouvelle de Thomas Mann). *paraît qu'au moins là ya du Mahler*


- Revolutionary Road est une déception. Comme quoi, une somme de talents ne suffit pas toujours. Kate Winslet et Leonardo DiCaprio, qui *comme tout le monde le sait* fêtent ici leurs retrouvailles après Titanic, n'ont plus rien à démontrer de leur talent d'acteurs. Ils sont excellents. Sam Mendes filme avec grande classe, Roger Deakins est le boss. C'est l'histoire d'un couple typique de ces suburbans des années 50, censés représenter le succès de l'american dream. Emprisonnés dans ce moule sociétal, toute tentative d'y échapper (et de vivre la vie dont ils rêvent) est vouée à l'échec. C'est la crise, c'est la dérive, c'est le cauchemar.
Si le roman de Richard Yates reste d'actualité aujourd'hui par les questions qu'il pose sur le couple et la notion de liberté dans le couple, l'adaptation de Sam Mendes (qui a quand même réalisé deux grands films: American Beauty et Road to Perdition) ne fonctionne pas comme elle aurait pu. Au lieu d'être subtile, elle est lourdingue. Chaque intention est surlignée au Stabilo, tout est psychologiquement et sociologiquement surexpliqué. Le personnage de Michael Shannon (spécialiste des seconds rôles perturbants) incarne exactement cette volonté de tout expliquer, au cas où l'on aurait pas bien compris. D'où cette désagréable sensation de "faux", de "forcé". Surnagent alors quelques instants furtifs de grâce, de vérité, de petits moments où il se passe vraiment quelque chose sur la toile. Trop peu pour effacer le sentiment de déception.
Gros blâme public à Thomas Newman, compositeur de talent pour lequel j'ai beaucoup d'admiration (collaborateur attitré de Sam Mendes, mais aussi d'Andrew Stanton). Sa partition n'est ici qu'un patchwork de ces précédentes oeuvres, une triste caricature de lui-même.


- Valkyrie. Bryan Singer (The Usual Suspects, X-Men, Superman Returns), son scénariste et son monteur/compositeur (excellent John Ottman) se sont à nouveau associés pour s'attaquer à un gros morceau: retracer au plus près le plus gros (et le dernier) attentat contre Hitler par ses propres fidèles nazis. On sait évidemment comment ça se termine (un vrai fiasco). Le défi, au delà de la banale reconstiution des faits, c'était de rendre tout ça palpitant. Et c'est réussi. Parce que c'est rythmé comme du papier à musique, mis en scène avec poigne, écrit avec précision. Et nous avons un divertissement maîtrisé, brillament exécuté, indéniablement efficace. Tous ces allemands qui parlent anglais, on fait avec, mais un vrai point de vue, ainsi qu'un supplément d'âme et de réflexion, ça n'aurait pas été de refus. Un bon film, qui aurait pu être grand.
Tom Cruise est impeccable.

vendredi 23 janvier 2009

Position canapé

- Quelques bons vieux canapés-DVD, cette semaine.

Notting Hill. Je me le suis fait je crois une fois par an, donc, ce devait être ma huitième vision. Ce film fonctionne sur moi d'une manière presque miraculeuse. Je suis à fond tout le temps, c'est 2h de pur bonheur à tous les coups. Je ris quand il faut rire, je pleure quand il faut pleurer. Le mariage parfait entre le conte de fées romantique américain et la comédie British - devinez qui représente quoi. Hugh est juste parfait, Julia Roberts je veux l'épouser (et c'est un de ses meilleurs rôles, si, si), et les seconds rôles sont succulents pour ne pas dire inoubliables. Même à la première vision, tout est couru d'avance: tout les oppose mais ils finiront ensemble. Mais la drôlerie, la qualité des dialogues et la fraîcheur de l'ensemble rendent ce film tout à fait irrésistible. Et mine de rien il y a aussi une observation pertinente de la célébrité. Ah, et puis le She d'Elvis Costello à la fin... Arf. Je suis fan.


Toujours au rayon des revisions: La Haine. Film culte de mon adolescence dont j'ai usé et abusé de la VHS. Cette nouvelle vision toutes années plus tard a provoqué son petit effet nostalgique. La grande force de ce film tient dans ce contraste saisissant entre une esthétique visuelle ultra soignée, et ce langage de rue, ces mots à l'endroit, à l'envers, à l'envers, à l'endroit. Avec ce noir et blanc (magnifique), la tranche de vie anecdotique devient conte moderne. Kassovitz se penche avec pertinence sur une banlieue ou toute communication semble être perdue, où plus personne ne s'entend, où la violence est sur le point de surgir au moindre coin de rue. Entre les jeunes étouffés par la désillusion et les flics pas tous pourris, rien n'est tout noir ni tout blanc. Entre gris clair et gris foncé.
Dommage que le talent de Kassovitz ce soit arrêté là.


Dogville, au cinéma, c'était quelque chose. Quelque chose comme une grosse claque dans la figure. Sur petit écran, ça le fait moins, mais cette seconde vision fut très bénéfique car elle a confirmé tout le bien que je pensais du film. Au-delà de la déprime du conte qui explore à l'infini les nuances de noir de l'âme humaine, il y eut le choc esthétique. Von Trier expérimente un mix entre cinéma (par sa mise en scène, son montage), théâtre (par ses décors dépouillés, son dispositif scénique) et littérature (chapitrage, voix off littéraire). Une fusion improbable mais qui fonctionne paraitement. Les 2h50 passent comme une lettre à la poste. On oublie totalement que le casting est aussi luxueux. Grand film.
Le documentaire en bonus confirme les interrogations du spectateurs: oui, le tournage fut pénible, oui, Lars Von Trier est un taré.


Neuf Reines. C'est drôle, je crois que c'est le premier film argentin que je vois. Deux petits escros de rue s'associent et unissent leur ruse sur un gros coup. L'occasion en or de ce faire un max de pognon avec des timbres rarissimes. S'en suit une cascade de rebondissements, de suspiscions, de mensaonges, d'arnaques, de négociations, de chantages. Le scénario, brillant, est le gros point fort de ce film jubilatoire. Qui ment? Qui joue? Qui bluffe? Qui va gagner? Qui manipule qui? Qui arnaque qui? Réponse lors de la toute dernière scène du film: celui qui s'est fait entubé depuis le début, c'est ce con de spectateur dans son canapé. Mais l'intrigue est tellement bien ficelée de bout en bout que cet énorme coup de théâtre apparaît comme une simple cerise sur le gâteau. C'est une sorte de Usual Suspects, mais avec moins de morts, moins de budget, en espagnol, et moins bien filmé. Mais c'est franchement excellent.
Le réalisateur, Fabian Bielinsky, est décédé en 2006. Il avait 47 ans. Une perte.


- Elève libre n'est pas bien passé chez moi.
Jonas est un ado en décrochage scolaire et familial. Trois adultes amis (apparemment amis de sa mère) vont le prendre sous son aile, l'aider à passer son jury central et par la même occasion lui faire son éducation sexuelle. Avec travaux pratiques.
En fait je n'y ai pas cru. Alors oui, le malaise recherché est atteint, mais il fut malheureusement accopgané par zéro identification. On voit où Joachim Lafosse veut en venir, mais l'intrigue est somme toute très anecdotique, sans enjeux. Les mauvaises langues diront que le film se résume à des joutes verbales sur le cul, à des fellations hors-champs, à des scènes de repas, à des gros plans sur l'ado perdu. Mais ne soyons pas de mauvaise foi. J'ai pas accroché du tout à l'histoire (et cette fin nase, putain), mais ça ne m'a pas empêché d'admirer la mise en scène de Lafosse, toujours très inspirée. C'est du beau travail. Les acteurs sont tous très bons, aussi. Mais c'est une déception, après l'excellent Nue Propriété.

dimanche 18 janvier 2009

Records d'audience

- Premier coup de coeur ciné de cette année: Frost/Nixon. Ron Howard, réalisateur hollywoodien par excellence, après avoir commis le calamiteux Da Vinci Code, redore ici quelque peu son blason de bon faiseur en adaptant à l'écran l'excellente pièce de théâtre de Peter Morgan (également scénariste du mémorable The Queen). Comme son titre l'indique, Frost/Nixon retrace la production et la réalisation des authentiques entretiens télévisés entre David Frost et Richard Nixon. A ma gauche, un animateur vedette de télé en quète d'audimat mais aussi de crédibilité, à ma droite, ex-Président souhaitant faire forte impression lors de sa première apparition télé, trois ans après sa démission historique suite à l'affaire du Watergate. Le match est un long duel psychologique entre deux personalités publiques, l'une médiatique, l'autre politique. Deux égos. Chacun soutenu par ses sbires. Frost, sous sa casquette de journaliste de fortune, tentera tant bien que mal de déstabiliser l'ex-Président. Ce dernier aura bien souvent le dessus... Mais à l'issue des quatre séances de 2h, lors du chapitre "Watergate", Frost atteindra son but (caché): les excuses publiques de Nixon au peuple américain. La confession dont celui-ci avait été privé. Le succès phénoménal de l'émission a fait vite oublier l'horreur qu'avait été la production, le montage financier qui a frôlé le gouffre, malgré le prestige de l'invité.
Les travaux d'adaptation ciné (par Peter Morgan lui-même) portent leur fruits, avec l'intégration intéressante des interviews rétrospectifs des accolytes respectifs, devenus narrateurs. Ron Howard resserre ses cadres au fil de la tension, et capte le maximum de la performance, exceptionnelle, des deux comédiens principaux - les mêmes que sur scène. Michael Sheen (inoubliable Tony Blair dans The Queen) et Frank Langella sont fabuleux. Le film ne pouvait être réussi sans eux. Les seconds rôles (Sam Rockwell, Oliver Platt, Kevin Bacon...) sont tout aussi savoureux. Et puis il y a Rebecca Hall. Tous les plans sur elle sont trop courts.
Reconstitution historique captivante de bout en bout, Frost/Nixon n'est pas seulement une joute oratoire jubilatoire, c'est aussi un grand film sur la télévision, sa place dans la société et son rôle dans la communication politique. Chaudement recommandé.
Sur scène:

Dans le film:

*Eh, marrant*


- Slumdog Millionaire. Pas mal, mais par rapport au buzz qui l'annonce déjà comme le grand favori aux prochains Oscars (il a déjà remporté 4 Golden Globes), c'est évidemment une déception. A Bombay, un orphelin des bidonvilles remporte le pactole (20 millions de roupies) à Qui veut gagner des millions. Soupçonné de tricherie, il devra justifier sa victoire en expliquant à la police comment il connaissait toutes les réponses. Chacune offre donc en flash-back un morceau de son enfance. La mort de sa mère, sa (sur)vie de mandiant, les errances avec son frère... Bref, une foule d'aventures, de problèmes et de péripéties - y compris sa rencontre avec l'amour de sa vie, qu'il tentera de retrouver quelqu'en soit le prix. Quelqu'en soit le gain.
Le film la pose question dès le début: comment a-t-il pu gagner? A. Il a triché B. C'est un génie C. Il a eu de la chance D. C'était son destin. Poser la question, c'est déjà y répondre... Après la très bonne première heure qui nous plonge aux extrémités sociales (que le titre résume parfaitement) de cette Inde aux mille et une couleurs, le scénario se fait moins subtil et accumule les poncifs propres au conte de fée, genre dont le film semble se proclamer de plus en plus fort, jusqu'à la fin que tu vois venir avec des gros sabots. Honnêtement, le film est trop long, et les 20 dernières minutes, j'ai attendu que ça se termine. Difficile d'être ému dans ces conditions. C'est d'autant plus dommage que Danny Boyle (Trainspotting, 28 Days Later, Sunshine, etc.) s'en sort bien avec une mise en scène vive, énergique, volatile, pleine de mouvement, entre réalisme cru et images esthétisantes. Et comme d'habitude avec le cinéaste, la bande son est terrible.
Slumdog Millionaire est donc un divertissement sympathique mais franchement surestimé - a mille lieues de la promesse grotesque placardé sur l'affiche ("THE FEEL-GOOD MOVIE OF THE DECADE"), mais qui jouit/jouira d'une cote d'amour évidente en ces temps de crise. Ca va cartonner. C'est bien connu: le peuple veut s'évader et rêver.


- Hier soir, quelques instants de rêve et d'évasion lors de la soirée "Contes" organisée au kot des drôles de dames. La conteuse a su captiver son audience. Pour ma part je fus davantage passionné par la forme (les multiples intonations de voix, la richesse du vocabulaire, la gestion des silences) que par le fond (contes obscurs aux accents de mille et une nuits). Ph et AC ont ravi nos palais, et MC a tenu ses promesses d'organisatrice bricoleuse. Ah c'était bien.


- Premier deuil de l'année: mon Nokia 3310. Boitier branlant, pixels capricieux, boutons paresseux, vibreur cassé... Il avait fait son temps. Huit ans de bons et loyaux services! Chapeau bas. Son successeur a fière allure mais doit encore se faire adopter, se faire comprendre. Il se la pète un peu, là. Mais je m'y ferai vite. En tout cas ça fait déjà drôle d'avoir des sons polyphoniques et un écran en couleur. *Waow*

- On a réattaqué le Carmina Burana. Progrès significatifs, notamment sur le In Taberna, le morceau fou.

mercredi 14 janvier 2009

Raconte-moi une histoire

- J'ai lu: Le Liseur, de Bernhard Schlink. Quel superbe roman. L'écriture arrive a cerner parfaitement, et délicieusement d'ailleurs, les diverses interrogations du narrateur. J'adore quand un auteur se met dans la peau de son personnage qui entreprend l'écriture d'un livre. Le "je", ici, c'est Michael, qui se remémore les différentes étapes de son histoire avec Hanna, une ouvreuse de tramway, de 20 ans son aînée. Leur rencontre quand il en avait 15 et elle 35, leur liaison passionnelle, les lectures, le procès, le secret... Je ne peux en dire plus pour ne pas trop en dire. Ce récit de souvenirs propose à la fois un flot de sensations (l'histoire d'amour charnelle avec Hanna), un regard sur le passé (les camps), une mine de réflexions sur la justice, la trahison, la culpabilité... Schlink est juge de profession, et cela se voit. Son histoire est brillamment agencée, finement décrite, pleine de subtilité, de profondeur, de mystère. Et au final, d'émotion à te tordre la gorge. A mettre entre toutes les mains!

J'ai hâte de découvrir l'adaptation que Stephen Daldry (Billy Elliott, The Hours) a réalisée, et qui sortira d'ici quelques semaines dans les salles. Kate Winslet, qui joue Hanna, a décroché le Golden Globe (et même un deuxième pour Revolutionary Road). C'est son année! Le nombre affolant de nominations toujours pas converties faisait peine à voir. L'Oscar, c'est cette année. Je parie.

- Claude Berri et moi: c'est d'abord le réalisateur de deux films de mon enfance, dont j'ai usé, réusé et abusé les VHS: Jean de Florette et Manon des Sources, chef-d'oeuvres du cinéma français, un monument du drame familial. Réalisaeur aussi du jubilatoire Cinéma de Papa, du superbe Tchao Pantin et du délicieux Ensemble c'est tout, un de mes feel-good movies préférés. C'est aussi le respect pour ce producteur de talent qui avait un flair incroyable, des couilles, et les moyens de produire simultanément une comédie populaire multimillionnaire (Bienvenue chez les Ch'tis) et un film d'auteur multicésarisé (La Graine et le Mulet). Toujours avec ce goût du risque, il alternait ainsi les comédies (Gazon Maudit, Les Trois Frères, Didier, les deux premiers Astérix) et films plus "auteur" (L'Amant et L'Ours de Jean-Jaques Annaud, La Reine Margot de Chéreau, Tess de Polanski, Amen de Costa-Gavras.) Un grand, grand monsieur qui s'en va. RIP.
Le fiston, Thomas Langmann (producteur en 2008 du dyptique sur Mesrine), a intérêt à ne plus toucher une caméra (Astérix aux Jeux Olympiques), et à prendre exemple sur… le cinéma de papa.

- Rattrappage 2008: The Visitor: Le pitch: Professeur d'économie dans une université du Connecticut, Walter Vale, la soixantaine (et veuf), a perdu son goût pour l'enseignement et mène désormais une vie routinière. Il tente de combler le vide de son existence en apprenant le piano, mais sans grand succès... Lorsque l'Université l'envoie à Manhattan pour assister à une conférence, Walter constate qu'un jeune couple s'est installé dans l'appartement qu'il possède là-bas : victimes d'une escroquerie immobilière, Tarek, d'origine syrienne, et sa petite amie sénégalaise Zainab n'ont nulle part ailleurs où aller. D'abord un rien réticent, Walter accepte de laisser les deux jeunes gens habiter avec lui.
OK, il y a eu le petit bouche-à-oreille casse-bonbons, mais j'y suis surtout allé pour Richard Jenkins, excellent acteur que je connais par ses apparitions chez les frères Coen, mais surtout par son rôle de Nathaniel Fischer, inoubliable paternel de Six Feet Under.
Et il est plus que parfait, bien sûr. Le film l'est beaucoup moins, mais reste tout à fait honorable. Il y a un manque d'envergure flagrant dans la forme, et on peut tiquer sur l'une ou l'autre chose (les ressorts dramatiques éculés, le surlignane au fluo jaune *film post 9/11*, le gros miscast de la mère de Tarek...), mais le film trouve sa force dans sa simplicité, son efficacité dans sa sobriété *c'est beau ce que je dis*. Ce n'est ni un gros mélo larmoyant, ni un film de société engagé, ni un Yes Man pour sexagénaires... Mais un joli mix de tout ça. Le final, même si on le sent venir, offre son moment Kleenex auquel il est difficle de résister. Quelques très beaux moments.

- The Duchess. Film de costumes 100% british, qui évoque, à la fin du XVIIIème, la vie publique/vie privée de Giorgiana, qui a fait l'erreur de sa vie en épousant cet enculé de Duc de Devonshire, homme sans coeur qui ne pensait qu'à son intérêt personnel, et particulièrement au cachet qu'un héritier mâle lui rapporterait. Mais pauvre, pauvre, pauvre Duchesse! Déjà elle ne fait que des filles, mais les seuls échanges avec son monstre de mari ne sont que chantages épouvantables, et tout outrage aux bonnes moeurs serait compromettant pour image publique, et en particulier son soutien politique pour celui qu'elle aime en secret... sans parler de sa meilleure amie qui devient l'a maîtresse du Duc. Bref, toute une histoire, je vous raconte pas. On sent clairement l'intention d'établir des ponts entre la société d'antan avec celle d'aujourd'hui, notamment dans tout ce qui est star-system, politique, potins, ragots, coups-bas et scandales. De très belle facture formelle et assez intéressant par sa dimension purement historique, The Duchess échoue malheureusment à nous émouvoir de la tragique histoire de cette pauvre mais courageuse Duchesse. Je suis plutôt réceptif à ce genre drame de pleureuses, mais là, que dalle.
Et puis il y a Keira Knightley, qui porte le film. Mais je n'arrive toujours pas à la trouver bonne actrice. Je crois avoir du mal avec son faciès, qui ici offre un festival de canines retroussées, de mentons tremblotants, de narines frémissantes. J'ai du mal. De dos, par contre, elle est magnifique. Ralph Fiennes s'en sort très bien comme d'habitude. Il sait camper le pire des psychopathes ou le type le plus humain du monde. Ici, son air pincé de gros connard frôle la caricature, mais dans le genre c'est assez jubilatoire.
Je me réjouis de le retrouver dans d'adaptation du Liseur. *Hey la boucle est bouclée*

dimanche 11 janvier 2009

"D'oh. Get it? Dough!"

- Le point sur Frédérick: l'impression épuisante de faire du sur place. Le travail a commencé depuis pratiquement trois mois... Et nous en sommes toujours à ce fichu 1er tableau. *Il y en a 15.* Nous sommes sur scène dans deux mois et demi. L'ennui, c'est que certains ne connaissent TOUJOURS. PAS. LEUR. TEXTE. Purée. Quand on n'a jamais fait de théâtre de sa vie, ne pas connaître son texte aux répétitions, ça veut dire blocage total, et travailler les déplacements avec le texte en mains, c'est de la pure perte de temps. J'admire la patience de G. L'indulgence, devrais-je dire.
Bon, à part ce *détail* qui m'énerve, ça se passe plutôt bien, et travailler reste un plaisir. J'apprécie la motivation chez les uns, la capacité à faire des choses excellentes chez les autres. Celui qui joue Frédérick est très très bon, et vu que toute la pièce repose sur ses épaules (façon de parler), c'est rassurant.
Allez, on met les bouchées doubles et on passe au deuxième tableau, là.


- "Retrouvailles", le mot est trop grand, mais j'ai revu avec grand plaisir l'amie Philot. Apparemment, les choses se présentent très bien pour son projet de deuxième court métrage, qui devrait voir le jour cette année. Je me réjouis déjà de découvrir le produit fini. J'aime son regard, j'aime ses images, mouvantes ou non.


- A propos d'images, j'ai revu avec un plaisir non dissimulé (l'amie V. pourra témoigner de mes éclats de rires sonores et réguliers) l'excellent Chicken Run, l'oeuvre en volailles des auteurs des aventures de Wallace & Gromit.

La tronche des poules, les dialogues exquis , la prouesse technique... Avec un gag toutes les trente secondes, c'est un pur régal... Hâte de voir les nouvelles cracking péripéties des deux compères, un nouveau court intitulé A Matter of Loaf and Death et déjà diffusé sur la BBC.

- Révision aussi de Terminator 2, que je connaissais déjà par coeur mais tout achat de DVD impose une révision. Au-délà du culte, ça reste d'une incroyable efficacité, et les effets spéciaux carrément révolutionnaires. Pour preuve, ils semblent avoir été faits aujourd'hui. Arnold n'a jamais été aussi bon qu'en machine.


- Appaloosa est une misérable déception. J'y suis évidemment allé pour le casting: Viggo Mortensen et Ed Harris s'étaient tellement bien entendus sur le plateau de A History of Violence, qu'Ed a choisi Viggo pour être son partenaire dans son nouveau film en tant que réalisateur. Ca fait bien sûr plaisir de voir ces deux grands acteurs à l'écran, mais cette simple cinégénie est malheureusement le seul intéret de ce western d'une atroce balanité. Faute à un scénario où les clichés ont bouffé toute originalité. La réaltion entre Ed et Viggo, très sympa, n'évolue pas d'un poil. Pas de quoi se rattraper avec la mise en scène, très quelconque, ou la photo, même pas belle. Aux seconds coûteaux il y a Jeremy Irons *coucou*, Lance Henriksen qui a pris un méchant coup de vieux, et Renée Zellweger, qui devrait arrêter sa carrière. Quand va-t-elle se rendre compte que sa gueule gonflée au botox est devenue très moche? Je ne la supporte plus. Dire que j'aimais cette actrice! (Bridget Jones, Chicago...) Depuis Cold Mountain, c'est terminé.
Bref, je m'y suis poliment ennuyé, et n'y ai vu qu'un film de potes qui jouent au cow-boy, dans trois décors et sur un scénario garanti 0% de tension. La loosa.

mardi 6 janvier 2009

L'homme qui dit oui

- Ca va, bon réveillon? Le mien fut un tout bon cru. Merci encore infiniment à MC pour son accueil si chaleureux. La formule de cette année avait tout pour me plaire: avec 7 ami(e)s, passer un week-end (qui n'en est pas un) dans une vieille et grande maison à perpète-la-campagne, savourer ainsi quelques bons moments champêtres. Un dîner simple et royalement délicieux, accompagné de quelques bons vins. La ballade nocturne fut de courte durée mais plutôt cocasse *oh une voiture qui glisse dans le ravin!* L'agréable feu ouvert a fait du bien en rentrant. C'est toujours un plaisir de retrouver mon vieuuuuux sac de couchage que j'aime, et c'est avec une petite émotion (simulée bien entendu) que j'ai offert un petit "taps" aux compagnons pour les endormir. Ah, nostalgie. Le brunch du lendemain fut divin. Le plein d'énrgie pour attaquer la looongue balade campagnarde qui nous attendait. Bon, ça caillait sec, mais on avait douze ans quand on faisait des glissades sur les flaques gelées. L'air frais fut hautement revigorant. Le goûter du retour s'est évidemment transformé en apéro, héhé. Séance jeux de société avec Taboo, très rigolo (où t'as vite l'air bête à chercher les mots qu'il faut), puis Citadelles, un bon jeu très bien pensé. Le deuxième soir, ma lecture d'un des contes issus du nouveau livre de J.K. Rowling a moins eu succès que ma guitare pourrie, mais peut-être que Le Sorcier au coeur velu n'était pas le meilleur choix.

- Ces Contes de Beedle le Barde, un livre du monde d'Harry Potter (un best-seller chez les jeunes apprentis sorciers), sont assez plaisants, mais j'ai pris plus de plaisir à lire les commentaires malicieux de Dumbledore, venu donner son humble avis et son éclairage avisé sur chacun des cinq contes. Un ouvrage satellite amusant, pas indispensable mais à mettre entre toutes les mains potterophiles. Et puis, c'est vendu au profit d'une bonne oeuvre (pour rappel, JK Rowling n'a plus besoin d'argent).

- Yes Man, dernier film vu au ciné cette année, est plutôt bon, et pour tout dire parfait pour commencer l'année nouvelle. L'ami Jim a pris un mini coup de vieux mais n'a rien perdu de son potentiel à exploser mes zygomatiques. Il retrouve donc ici un "film à pitch": t'as un pitch timbre-poste, tu fais un scénario avec, et t'essaies de tenir la route.
Tout est dans le titre: un loser asocial qui dit non à tout décide, via un séminaire, de reprendre sa vie en main et de dire OUI à tout, du moins à toute opportunité qui se présente à lui. Of course, ça va lui changer la vie, il va rencontrer une meuf, la perdre parce qu'il suit sa nouvelle doctrine un peu trop à la lettre, la récupérer parce qu'il recolle les morceaux et a trouvé un équilibre de vie... Désolé si je spoile ça comme ça, mais le scénario est vraiment très prévisible dans sa structure. Bon, finalement, on se fout de l'intrigue: on s'amuse bien. A moins d'être allergique à Carrey, on se marre beaucoup beaucoup, et le loufoque assumé est mine de rien porté par le sympathique message qui te colle à la peau à la sortie du film. Un message tout simple, certes, mais qui reste interpellant. Non vraiment, un bon petit "feel good movie", parfait pour un 31 décembre après-midi. Et puis c'est EELS à la BO!

- Armé de cet élan de positivisme, l'envie m'a vite pris de rédiger ma liste des fameuses (fumeuses?) bonnes résolutions:
- on va commencer l'année par ranger sa chambre, et particulièrement ces étagères qui accumulent les papiers et la poussière depuis trois ans. Qeulques bons CD et c'est parti. J'ai déjà rempli SIX sacs jaunes, et je n'ai pas fini. Ah, ça fait du bien. Mettre de l'ordre dans sa chambre, ça a une valeur philosophico-psycho-thérapeutique. Si, si.
- Essayer m'épanouir dans mon nouveau boulot. J'y crois!

- Manger mieux et plus équilibré (*faut bien montrer l'exemple*). A fortiori, faire plus la cuisine, et pas me contenter de faire à manger. Il faudrait aussi que j'invite mes amis plus souvent à manger chez moi.
- Faire plus de sport et d'activité physique (*faut bien montrer l'exemple*). Allez, on commence par refuser les escalators.
- Lire plus de romans. Depuis Expiation de Ian McEwan, j'ai une grosse envie de lecture, faut que j'en profite. Les romans reçus du Papa Noël et la razzia fnacienne de livres de poche à prix réduits seront les premiers à assouvir ma faim.
- Trouver une copine et la garder plus que deux mois.
- Adopter le PC Banking.
- M'acheter une nouvelle guitare et me débarrasser de cette poubelle.
- Me remettre à la flûte.
- les autres ça me reviendra...


- Rentrée Carpe Cantorem. Top départ pour le prochain projet, qui verra le jour en février 2010: Le Messie de G.F. Haendel. Gros gros GROS morceau. Le travail sera intense, ardu et de longue haleine. Mais la motivation est là. A la répé on a projeté quelques extraits vidéo de notre concert de Noël, c'est gai de se voir chanter. Du moins, de s'entendre. J'ai pu retrouvé certains frissons du moment. Joie.

- Epiphanie 2009: Je n'ai de nouveau pas eu la fève. Comme chaque année.
Compensons avec un instant "pour la première fois de ma vie": j'ai assisté, pour la première fois de ma vie, à une messe télévisée. Retransmise en direct sur La Deux, France 2, et tout et tout *genre plein d'autres chaînes, t'sais*. Eh bien ce fut une messe normale, à l'exception de quelques différences: il y a des caméramen qui filment les vieux, il y a des gros spots qui font office de chauffage, la chorale est hypra motivée, et 30 secondes avant le chant d'entrée, t'as une voix qui sort des baffles et qui dit "OK, 30 SECONDES". J'ai sursauté.