jeudi 29 octobre 2009

OK TO RHYME

- The Rake's Progress, de Igor Stravinski, à la Monnaie.

Reprise de la fameuse mise en scène de Robert Lepage, créée à La Monnaie en 2007. Une production qui s'est flanquée d'une énorme réputation internationale.
Réputation hautement méritée: c'est un spectacle bluffant, de très haute gamme. Premièrement je fus d'abord séduit par l'oeuvre de Stravinski en tant que telle. C'est une musique super riche, légère, toujours intéressante... audible. Les choeurs ont de très belles parties, quelques solos sont même touchants. Je préfère nettement ça à Mort à Venise de Benjamin Britten (le dernier que j'étais allé voir, également issu de la deuxième partie du XXème siècle.). Le livret est une fable comico-dramatique sur les gens qui vendent leur âme (littéralement, dans ce cas-ci) pour une vie où règnent luxe, star-system, matérialisme et artificialité. Chapeau bas aussi à tous les interprètes. La soprano était solide. La basse, dans la peau de Nick Shadow, était complètement possédé.
Mais la grosse part du gâteau, c'est évidemment la mise en scène incroyable de Robert Lepage, qui déborde d'originalité (tout est transposé dans les années 50, à l'époque où Stravinski a composé son opéra). De gros moyens sont mis en place pour des dispositifs scéniques très techniques, pas forcément high tech. Chaque tableau laisse presque bouche bée.
Bref on ne s'ennuie pas une seule seconde, et parmi les opéras que je suis allé voir dans ma petite vie, c'est évidemment le haut du panier. Un superbe spectacle dont on sort absolument ravi.

Quelques images:




- L'ennemi du vélo: les rails de tram. *Preuves à l'appui.*

- Vacances J-1. Durant mon absence je vous laisse vous amuser avec un
générateur d'anagrammes. C'est simple, tu tapes un nom, et l'ordi te trouve un anagramme censé signifier quelque chose. Ca ne marche pas à tous les coups, mais de manière générale c'est assez rigolo.

Dans les célébrités, il y a des coïncidences simplement incroyables:

Ingmar Bergman: GRR! BIG, MEAN MAN
Gérard Depardieu : DEAR, DEAR RUDE PIG
Albert Einstein: TEN ELITE BRAINS

Alec Guinness: GENUINE CLASS
Ronald Reagan : AN ORAL DANGER
Arnold Schwarzenegger: HE'S GROWN LARGE 'N' CRAZED
Clint Eastwood: OLD WEST ACTION
Wolfgang Amadeus Mozart : A FAMOUS GERMAN WALTZ GOD
Claudio Monteverdi: VIOLA INTRODUCED ME
Steven Soderbergh: GOSH! BEST-EVER NERD
Michael Schumacher: REICH MALE, MUCH CASH
Bruce Springsteen: BURSTING PRESENCE
Pedro Almodovar: O, PRO LOVED DRAMA
Thom Yorke: OK TO RHYME
Gustav Mahler: M. RAVEL'S A THUG
Sean Connery: ON ANY SCREEN
Buster Keaton: BUT NO RETAKES
Walt Disney: WINDY TALES
Justine Hénin: HI! JUNE TENNIS
Christopher Lloyd: THRILLED OR PSYCHO
Orson Welles: NOW ROLELESS
Paul Auster: ULTRA PAUSE
Uma Thurman: UNHURT MAMA
André Rieu: DEAR URINE
Princess Diana: ASCEND IN PARIS
Grace Kelly: ALL GEEK CRY
Oliver Stone: VIOLENT SORE
Frodo Baggins: RING'S BAD GOOF
Haley Joel Osment: AH! SOME JOLLY TEEN
Macaulay Culkin: I AM A LUCK LUNACY
Benoit Poelvoorde: LOVEBITE OR ON DOPE

Et aussi des trucs pas sympa:

Isabelle Adjani: A JAILED LESBIAN
Naomi Watts: A TITS WOMAN
Sufjan Stevens: JUST SEVEN FANS
Tommy Lee Jones: MOLEST ME, ENJOY
Leonardo Di Caprio: PERIODIC ANAL ODOR
Antonio Vivaldi: VAIN VIOLIN TOAD
Antonio Banderas: NO BRAINS ON A DATE
Elio di Rupo: OI! PROUD LIE
Kevin Costner: SICKENER ON TV
Andy Garcia: A RANCID GAY
Diana Ross: SANS RADIO

D'autres trouvailles bizarres:

Sharon Stone: NO NEAR SHOTS
Martin Scorsese: I SCARE MONSTERS
Mel Gibson: BIG MELONS
Alejandro Amenabar: MAJOR BANANA LEADER
Laura Veirs: RARE VISUAL
Helmut Lotti: LITTLE MOUTH
Renan Luce: NUN CEREAL
Heath Ledger: HEALTH! GREED

Alors évidemment, on peut s’amuser avec son entourage :

Moi et ma famille:

Moi c'est AND HAD AN UREA (pfff c'est nase)
Ma copine: UNATTAINABLE ONE (yeaaah)
Mes deux colocs: NERD LEERING et BLACK-HEARTED, ARTY DRIZZLES (wow)
Mon père qui a donc quelque chose à cacher: HI! I AM AN ODD QUEEN
Mon totem: QUEER, LOVING GAIN (I’m just a gigolo)
Mon frère: A NAUGHTY DEAN (haha!)
Ma belle-soeur: MEAN AIRHEAD (pas sympa ça)
Mes deux neveux: HEY! DEAR MANIAC et IN A DEBAUCHER (haha!)

Dans mes amis, quelques heureux hasards (certains se reconnaîtront) : RICH HEAVEN TEENAGER, TOUCHING TROUBLE GROAN, THE NIPPLES REPEAT, TOUGHER WELL-SUITED MALE, HELL! MAJESTIC BURN, UP ASS JEWELS, I AM MALE NUDENESS, BISCUITS KEEN ABBEY, I AM AN ALERT RAT, IN THE TENDER MENACE...


dimanche 25 octobre 2009

Cachés

- Das Weisse Band (Le Ruban blanc), de Michael Haneke

A l'aube de la Première Guerre Mondiale, dans un petit village d'Allemagne protestante, petits crimes et sévices sont commis. Tandis que les coupables demeurent introuvables, la paranoïa augmente et l'autorité parentale se renforce. Des enfants se doivent de porter un ruban blanc, symbole de la pureté, jusqu'à ce qu'ils regagnent la confiance des parents. Le jeune instituteur du village mène l'enquête, et éveille petit à petit des soupçons... sur les enfants.
Le dernier film de l'autrichien Michael Haneke, Palme d'Or 2009, est un coup de massue dont il est difficile de se relever. Sans surprise, le ton est glacial et austère, le rythme est lent. Mais c’est évidemment tendu comme un string d’un bout à l’autre. Le cinéma d'Haneke, très intellectuel, n'est pas du genre à faire pleurer dans les chaumières, mais le film bouleverse d’une autre façon : il nous pétrit le cœur en nous secouant la conscience. Une fois de plus, beaucoup de questions restent en suspens : la solution de l’intrigue n’est qu’à moitié résolue : au spectateur de combler le reste. Mais ce qui hante le spectateur après la projection, ce ne sont pas ces réponses cachées, ce sont les thèmes qui apparaissent en filigranes, tout ce dont Haneke veut nous parler, à savoir le système éducatif absolutiste qui mène ces enfants au fascisme, au terrorisme, au fanatisme. Au sein de ce microcosme, le cinéaste explore les racines du mal. Une exploration qui fait toujours sens cent ans plus tard.
Le Ruban blanc est aussi un énorme accomplissement esthétique. La mise en scène glaciale, ce noir et blanc on ne peut plus approprié, un gros travail sur le son… et une direction d’acteurs aussi précise que rigoureuse. Si on ne voit pas les 2h30 passer, c'est parce que chaque scène propose un moment fort, une tension, une beauté, un moment de cinéma. Il faut prendre un coca avant, mais on a là un grand film, beau, fort et intelligent. Un des films de l'année.


- Les enfants sans ombre, de Bernard Balteau.
Ce documentaire coproduit par les frères Dardenne et la RTBF, et soutenu par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, retrace le parcours du professeur Shaul Harel, alias Charlie Hilsberg, enfant caché à l’âge de quatre ans en 1942 et aujourd’hui éminent neuro-pédiatre à Tel-Aviv. Shaul Harel a donc attendu une soixantaine d'années pour enfin raconter à ses enfants ce qui s'est passé. Avec eux, il retourne sur les lieux de son enfance (les maisons qui l'ont abrité, celle où il a échappé au Nazis...) et reconstruit sa mémoire. Faire ressurgir, par le biais de ce film (devenu indispensable dispositif cathartique), ces douloureux souvenirs, provoque une poignante émotion chez toutes les générations. Cette transmission d’une mémoire familiale s’inscrit dans un destin collectif. En cela, cette histoire fait écho à celle de milliers d’autres. Les enfants sans ombre est documentaire touchant et éclairant qui met en lumière un personnage nouveau pour le travail de mémoire pour la Shoah: l'enfant caché.
Il sera diffusé le mercredi 11 novembre 2009 à 23h sur La Une (RTBF).


- Crozon J-5. Quatre ans et demi après mon inoubliable séjour à Rennes, je vais retrouver ma chère et tendre Bretagne. Avec ma douce. Une semaine entre 4 yeux, au bord de la mer, à faire du vélo, à chanter sur ma douze cordes, à siroter une tisane au coin du feu, à se balader contre vents et marées, à déguster coquillages et crustacés, à ne pas penser à la masse de travail qui m’attend au retour… A vivre cachés. Nous décomptons les jours.



- J’aime mon Brompton. Il est beau, solide, pratique… Ca roule comme dans du beurre et c’est un vrai bonheur. Un inconvénient reste à réguler : la transpi. Mieux vaut prévoir de quoi se changer. Un autre inconvénient non réglable : l’odeur des échappées de gasoil. Peut-être qu’il ne s’agit, dans les deux cas, d’une question d’itinéraire.


- Pour l’anniv de Mu, vendredi dernier, Maxence avait de nouveau mis les bouchées doubles. Le thème : pollution. Déguisements absurdes, jeu absurde (un killer semi-foireux), gâteau absurde… Le clou de la soirée fut la déco : des centaines de ballons à l’hélium *up* au plafond, d’autres centaines au sol. Un ballon qui pète toutes les 20 secondes, quand t’es crevé de ta semaine, ça a de quoi irriter. Mais bon, c’était sympa. Les fêtes du Basset, ça va nous manquer, quand même.


- Découverte d’un blog à l’idée excellente :
My Parents Were Awesome. Il s'agit d'un blog photo où l'on peut envoyer des photos de nos parents... quand ils avaient notre âge. On y trouve quelques perles de ringardise, et même de très jolies photos.


- Un dessin marrant:

dimanche 18 octobre 2009

Get up, stand up

- Up, de Pete Docter.

Est-ce vraiment une surprise ? Le Pixar 2009, que j'attends depuis plus d'un an a dépassé mes attentes – c’est dire s’il est réussi. Et chaque année, on se demande : mais comment font-ils ? Comment font-ils pour à tous les coups, ou presque, nous présenter une merveille du cinéma d’animation ? Le talent, le travail, la sueur - c’est bien connu. Pete Docter, un des étalons réalisateurs de l’écurie pixarienne à qui l’on devait le génial Monsters, Inc., persiste et signe un nouveau chef-d’œuvre.
Comme souvent chez Pixar, le mieux est de ne rien savoir à l’avance sur l’histoire. Bien souvent, les films étaient "pitchés" par leur univers seul : des jouets, des insectes, des monstres, des superhéros, des voitures, des rats, des robots... Les héros, cette fois, sont humains. Un vieillard grincheux, Carl, et un boyscout grassouillet, Russell. On les suit dans une aventure où l’on y voit une maison s’envoler à l'hélium, un oiseau rare pourchassé, des chiens dotés d’un collier électronique qui les fait parler…
Visuellement, on pourrait croire à première vue que c'est du standard… Erreur : c'est une fois de plus époustouflant de maîtrise. La 3D, heureusement utilisée comme réel outil plutôt que comme joujou, met en valeur la beauté des images. Up (Là-haut en VF) est un voyage dont tous les paysages, à l’horizon, en l’air, dans le vide, acquièrent une réelle profondeur. Un mot dont le double sens n’est jamais loin… Pete Docter et Bob Peterson (co-scénariste attitré chez Pixar) ont une imagination débordante et délirante, mais ils l’utilisent à bon escient. En d’autres termes, ils restent cohérents dans leurs idées les plus loufdingues, et respectent à tout moment l’intelligence du spectateur. Ainsi, le scénario oscille sans cesse entre réelle profondeur des personnages (la quête intérieure de Carl) et légèreté des aventures. Faire cheminer côte à côte un vieillard qui accomplit le rêve de sa femme défunte et un jeune garçon qui a soif de découverte, c’est une superbe idée pour nous parler de l'aventure qu'est la vie. Car, comme le montre la scène poignante "de l’album photo", la vie, quelle qu’elle soit, est une aventure, est c’est à nous de la vivre.
Pixar aime les bonnes histoires qui ont des choses à nous dire. Derrière le fun pur et simple (ces satanés chiens m’ont fait pleurer de rire), Up est un superbe film sur le deuil, sur ces rêves qu'on poursuit (ou pas), sur les promesses qu'on tient (ou pas), sur la transmission entre générations... Aussi bouleversant qu’amusant, Up est certainement le Pixar le plus émouvant. Qui l'eut-cru?
Et donc, une fois de plus, je ne retrouve rien à redire, et je tiens là, enfin, mon premier quatre étoiles de l’année. Il était temps.
Quant à Pixar, ils larguent les concurrents loin derrière et prouvent, si c'était encore nécessaire, qu'ils trônent au sommet de l'animation en images de synthèse, là-haut. Tout là-haut.



- La Nuit la plus longue, de François Ost, à la Comédie Claude Volter.
En pleine Terreur, nous assistons à un dialogue athlétique entre le Marquis de Sade et de Portalis, futur rédacteur du Code Civil des Français. Les idées et des bons mots jaillissent, mais la pièce n’est pas palpitante. Le texte doit certes être fort intéressant à lire, mais sur scène, le temps est long : la faute à une intrigue trop mince (tout enjeu dramatique tombe directement à la trappe), la mise en scène de Jean-Claude Idée est répétitive, des comédiens pas toujours captivants. Une pièce aussitôt vue, aussitôt oubliée…

- Vacances J-12. Avant cela, de longues journées de travail m’attendent. A prévoir aussi dans les semaines qui viennent, des questions, des remises en questions, des recherches, des pistes à suivre, des filons à flairer. Il faudra être courageux et attentif. Et trouver quelque chose pour laquelle mon coeur bat.

- Parfaite transition pour un petit dessin:



lundi 12 octobre 2009

Wie der Hirsch schreit

- Encore un bon petit week-end automnal dans les hauteurs ardennaises. Parce que l'été et ce début d'automne ont été trop chauds, les cerfs ne brament pas beaucoup. "Ce n'est pas une très bonne année", chuchotait Alain, quand nous tendions l'oreille dans les bosquets, à 6h30 du mat'. Les quelques timides bramements ont été compensés par l'apparition d'une compagnie de sangliers grogneurs, ainsi que d'un cerf, furtive silhouette à travers les arbres. Il a fini par nous sentir. Ceux du dimanche matin ont eu plus chance: un combat de cerfs. Quand nous ne lorgnions pas à travers les jumelles, l'autre jeu était de trouver le jeu de mot le plus débile (ou le plus habile) avec "cerf". Et devenir pro du rire chochoté.
Les longues journées entrecoupées d'une sieste, c'est gai, mais ça déphase. Goûter 17h, apéro 21h, dîner 23h. Faut dire aussi, les jeux de société autour du poêle, ça peut vite devenir obsédant.

- Dimanche, répétitions Canto XX4. Déchiffrage du Joseph Jongen, très beau. Xavier Haag est un chef passionnant et passionné. Dégrossissement du César Franck, par le chef Etienne Rappe. Ca a de la gueule, en fait. Bel avancement aussi dans La Belle e(S)t la Bête. D'ici deux mois on va normalement pouvoir se l'enfiler.
A Carpe Cantorem, première répé-rencontre avec Marian Mitea pour le Mendelssohn. Pour la première fois nous avons atteint un semblant de résultat, avons eu une idée du résultat final. Le "Schlusschor" est grandiose, particulièrement dans sa fugue. "Wie der Hirsch schreit", en ouverture, est simplement somptueux.

- L'avantage avec les longs trajets en voiture (pour ce we: Bruxelles - Manhay - Dinant - Bruxelles), c'est la musique. J'adore écouter des disques en roulant. Et l'endroit est particulièrement propice pour découvrir des albums inconnus: l'attention des yeux sur la route fixe celle de l'oreille sur la musique. Et, surprise, Divinidylle, de Vanessa Paradis, est carrément bon. Il faut dire, elle fut bien aidée par -M- et autres comparses de talent, mais c'est vraiment un bel album. Ecoute agréable aussi sur La Femme Chocolat de Olivia Ruiz. Jamais je n'aurais pensé apprécier sa musique, mais ça se laisse écouter avec respect. Elle aussi, a su s'entourer (Mathias Malzieu, Christophe Mali, Juliette, Christian Olivier...).
Puis, il y a de ces groupes qui semblent être faits pour le voyage, le trajet. Radiohead est un bon exemple. Coldplay ça balance pas mal, aussi. Mais c'est avec mon autre groupe anglais préféré,
Elbow, que j'ai pris mon pied. Leurs chansons sont des espaces où l'on rentre complètement, où l'esprit vagabonde de souvenirs en réflexions profondes. Sur Newborn, je me suis dit que j'allais bientôt changer de vie.

- Des développeurs web, pour vendre leurs services d'expertise en e-commerce, se sont lancés dans la commercialisation de T-shirts humoristiques. L'originalité (une idée aussi simple que bonne), c'est que l'humour est bien de chez nous, et qu'ils caressent une folklore bien ancré avec l'inégalable autodérision belge. Ca s'appelle
lapatate.be et ça fait un malheur.


Des films:

- District 9, de Neill Blomkamp.

Je rejoins les conquis et le gros buzz autour du film un peu partout ailleurs. En deux mots : un vaisseau extraterrestre est stationné au dessus de Johannesbourg depuis deux décennies. Depuis lors, les quelques milliers d’aliens (surnommés « crevettes ») survivent et traficotent dans un misérable bidonville. La mission de Wikus van de Werve, employé administratif à la MNU (consortium militaire), est de déplacer tout ce beau monde dans un nouveau campement, loin de la xénophobie des citoyens. Mais le récit prend soudain une tout autre direction. Quand Wikus, suite à un contact avec un liquide fabriqué par des aliens en mal du pays, se transforme petit à petit en « crevette »… Se déclenche alors une chasse à l’homme, une guerre, un joyeux bordel.
Il y a pour tout dire un mot qui résume parfaitement le film: hybride. A tous les niveaux, District 9 est un objet à mi-chemin entre deux espaces cinématographiques. Le ton est mi-dramatique mi-comique, le scénario est mi-série B mi-fable sociale contemporaine, le traitement est mi-reportage mi-actioner bourrin, les personnages proposent à la fois anti-héros moderne et figures archétypales vues et revues, etc. Et ça fonctionne du tonnerre. Mené tambour battant, le film nous embarque là où il veut – souvent là où on l’attend pas. Pas une seconde de répit pour souffler un coup. Techniquement, c'est fabuleux: les SFX, gérés par Weta (les potes à Peter Jackson, également producteur), sont incroyables et parfaitement intégrés aux images à la photo réaliste. On en sort avec l'agréable sensation d'avoir vu un film en phase avec son époque, et d'avoir découvert un réalisateur à suivre de près. Au rayon Action/SF, ça flanque par terre les sinistres concurrents de cet été (Terminator 4, Transformers 2).

- Antichrist, de Lars Von Trier

Hum hum. Séance grattage de menton. Bon, en deux mots : Tandis que Charlotte et Willem forniquent au ralenti sur du Haendel, leur enfant se jette par la fenêtre. Anéantie par le chagrin et apparemment hermétique aux soins médicaux, son psychiatre de mari l’emmène dans une cabane au fond des bois, Eden (héhé). La nature paraît belle et cruelle à la fois. Un renard parle et dit: "Le chaos règne." Au coeur des entrailles de Dame Nature, Charlotte envoie bouler les jeux à la con de son mari et tombe lentement mais sûrement dans la folie la plus destructrice. Elle cloue une roue de pierre au mollet de Willem, lui broie les couilles au passage, et se coupe le clitoris (en gros plan).
J’ai cru comprendre là-derrière une certaine culpabilité de la mère qui n’a pas su sauver son fils. Mais pour le reste, le grand cirque mystico-psycho-poético-dégueulasse, j’y ai rien compris. J’ai eu l'impression d'avoir vu un truc qui n'intéressait que son auteur. Et c’est fort dommage, parce que Charlotte déchire, et parce que visuellement c’est assez superbe.

- Whatever Works, de Woody Allen.
En deux mots: c'est mauvais. Rarement drôle, pas crédible, répétitif et inintéressant. J'ai eu l'impression de rendre visite à un petit vieux qui radote. Reste bien sûr quelques bons mots, la voix de Larry David et la photo de Harris Savides mais en l'état c'est le plus mauvais Woody Allen que j'aie vu.


En parlant de Woody, devinez qui revient l'année prochaine.......


Bon allez, Up c'est pour mercrediiiiiii.

samedi 3 octobre 2009

We shall overcome

- Ca y est, j'ai mon vélo! Avec tout l'attirail exigé du cycliste prudent et visible pour les automobilistes. Je l'essaierai tout à l'heure. En attendant j'ai quelques minutes devant moi pour scribouiller ici quelques lignes... Du bric-a-brac, en vrac.

- Mariages 2009 #9: Idalina & Fix. Encore un qui restera dans les annales. D'un bout à l'autre, l'organisation impeccable a su mettre en valeur tous les aspects originaux et très personnalisés de cette journée, simplement inoubliable. Le point fort fut bien sûr la célébration, l'une des plus belles jamais vécues - et Dieu sait si j'en ai déjà vu. Les choses qui se sont dites là ont percé la majorité des coeurs. Ca dégoulinait d'amour et d'authenticité, de chaleur et de tendresse. Un magnifique exemple pour la jeune génération, un parfait élixir revigorant pour celle de nos parents. Grosse grosse (grosse) émotion pour beaucoup de monde, dont la mariée (Kleenex quasi non stop) et moi, bien entendu. Je n'ai pas su terminer le On ira de Goldman, pourtant la dernière chanson que je soupçonnais dangereuse à ce niveau-là. Hormis ce petit incident qui en a attendri plus d'un, la chorale s'est très bien passée, on en est sortis fiers et contents. Le Vivaldi, le Nada Te Turbe, le Ray Charles, le We shall overcome, le Praise His Holy Name... La maîtrise. Chapeau bas aussi à Elisabeth pour son Pachelbel jazzy et à Fred pour son accompagnement, ainsi que sa Nocturne op. 9 n° 2 de Chopin. Dieu, que c'était beau.
Il y a aussi eu la malle à déguisements à la réception, les discours excellents, le bal folk, euphorisant, la soirée, épuisante, et l'air de cornemuse de Max dans la brume, envoûtante...
Une bien belle journée.

- Ca a d'ailleurs pas mal chanté, ces temps-ci. Le programme des répétitions pour le concert de Carpe Cantorem est fort chargé. J'en connais qui se découragent. Le morceau final du Psaume 42 est de toute beauté mais franchement difficile. On se retrousse les manches.
Avec Canto XX4, on a commencé les oeuvres communes pour les grands concerts de 2010. Le De Lassus est superbe, mais le psaume de Franck fait un peu bombiquet à côté de La Belle e(S)t la Bête, sur lequel on se casse pas mal de dents. Le solo confié à Catherine est extrêmement difficile. Y a encore du boulot.
L'octuor de cet après-midi a bien fonctionné. La messe de mariage était sinistre au possible, mais nous avons bien chanté, tout le monde est fort content.

- J'ai vu: Le Temps qu'il reste, d'Elia Suleiman. Chiant comme la pluie (on se demande sans cesse combien de temps il reste), juste inintéressant (on apprend quoi sur le conflit israélo-palestinien?), jamais drôle (= quatre sourires polis), narcissique (ses souvenirs d'enfance, on s'en cogne, ou...?) Et faut qu'on m'explique la tentative simplement moisie de créer un personnage stone-faced à la Keaton. J'en pouvais plus de sa tronche d'autiste, à la fin. Bon, c’est bien cadré, mais c’est une des purges de l'année.

- Allez, plus que quelques jours avant Up. En attendant, je me suis bien sûr refait Toy Story 2, comme chaque année. Une (ou deux) fois par an, c’est bon pour le moral. Ce film, c’est la perfection totale, à tous les niveaux, un pur chef-d’œuvre.

- J’ai vu : Le Cocu Magnifique, de Fernand Crommelynck, au Rideau.


Une farce lyrico-comico-dramatique où, durant plus de 150 minutes, on suit les délires d’un fou. Fou amoureux d’abord, fou de jalousie ensuite, fou à lier enfin. Suite à un regard mal interprété qu’un ami (Martin Firket) portera sur sa femme, le grand romantique est persuadé d’être cocu. Bouffé par la paranoïa, il finira par pousser sa femme dans les bras de tous, afin d’acquérir enfin la preuve qui le soulagera. Mais la gangrène de la jalousie est incurable : il s’enfoncera de plus en plus profondément dans cette spirale infernale… La durée de la pièce souligne l’effet cyclique de la malédiction – elle ne finira jamais. Si la mise en scène élégante de Vincent Goethals capte l’attention, c’est avant tout l’interprétation hallucinante d’Itzik Elbaz (dans le rôle de Bruno) qui laisse pantois. Une performance possédée, hantée… Quel travail, quel talent ! Il m’a beaucoup beaucoup impressionné. C’est le meilleur souvenir de cette pièce ardue, exigente, parfois irritante, parfois sidérante, toujours troublante.

- J’écoute : White Lunar de Nick Cave et Warren Ellis.


Compilation de leurs musiques de films (et documentaires), dont bien sûr les westerns The Assassination of Jesse James By The Coward Robert Ford et The Proposition, mais aussi The Road, l’adaptation de McCarthy qui sortira bientôt en salles.
Leur musique se passe parfaitement des images tellement elles possèdent le pouvoir d’en créer de nouvelles, aléatoirement, dans la tête de l’auditeur, au gré de l’humeur de celui-ci. Le piano de Nick, le violon pleureur de Warren, les nappes sonores, les séances improvisées… Les ambiances sonores créées ici sont inépuisables. C’est splendide.