mercredi 29 juillet 2009

Oiseaux de nuit

- Une bonne paire de summer movies :

Public Enemies, de Michael Mann

Depuis Heat, pur chef-d’œuvre du polar urbain, Michael Mann a aligné les grands films : le thriller journalistique The Insider (sans doute mon préféré de lui), le biopic Ali, et deux polars sombres et stylés, Collateral et Miami Vice. C’est donc plutôt confiant que j’attendais ce Public Enemies, plongée au cœur du grand banditisme américain de la crise post-1929. Seule appréhension, le parti-pris de tourner en HD (lisez : numérique haute définition), et son rendu très "vidéo". Inquiétude balayée en deux plans trois mouvements : c’est sublime. Eclairée parfaitement par Dante Spinotti (déjà chef op’ de Heat et The Insider), l’image contraste joliment créé avec l’époque et renforce l’implication du spectateur. A défaut de gros investissement émotionnel pour les personnages (comme pour Miami Vice, il y a cette froide distanciation), le spectateur est littéralement immergé dans le feu de l’action. La chasse à l’homme (John Dillinger) est haletante, les gunfights inouïes. Tout cela est mis en scène avec une force tranquille, avec cette impression d’urgence contrôlée. Certaines scènes sont franchement fabuleuses, grâce également au traitement du son. Seuls les éléments de romance sont moins percutants. Mais Marion Cotillard s’en sort très bien. Christian Bale – le mec omniprésent – fait ce qu’il faut, mais pâlit de la comparaison avec Johnny Depp, qui éblouit une fois de plus de son charisme et de son talent. De plus, la BO est parfaite. Bref, j’ai pris mon pied. Solide.

Harry Potter and the Half-Blood Prince, de David Yates


Je me souviens encore de ce jour où j’avais refermé le bouquin, bouleversé, époustouflé, assommé. C’était à mes yeux le meilleur de la saga (coude-à-coude avec le 4), et c’est toujours le cas. Après le cinquième film, plutôt réussi, j’avais confiance en David Yates pour faire honneur au sixième tome. Malheureusement, le philtre de l’adaptation a été cette fois mal confectionné. D’un roman foisonnant et haletant, ils ont fait un film ronflant et mou. J’approuve l’idée de créer une ambiance étrange, sombre et sans esbroufe, mais ils ont oublié d’accélérer la cadence : jamais, ou presque, on ne frémit. Toute la dernière partie (disons quand Harry découvre ce que sont les Horcruxes) devrait prendre aux tripes, remuer, essouffler, émouvoir ! Que nenni, tout est survolé, les scènes supposées fortes sont expédiées et/ou mal gérées. La mort de vous-savez-qui fait office à elle seule de déception de l’année. La révélation de qui est le fameux Prince est donnée sans l’once d’une explication : les moldus doivent être bien largués… Ils sauront par contre sans problème s’y retrouver dans les amourettes, sur lesquelles on s’étale un peu trop, sans grande subtilité non plus. Semi-ratage (ou semi-réussite) donc pour ce sixième opus : la mise en scène offre par moments de jolies images mais baisse les bras la scène suivante ; le scénario garde l’essentiel de l’intrigue mais coupe aux mauvais endroits. Et puis, ça manque de fun, de petit grain de folie… Ca manque de scènes marquantes. Quant à l’interprétation, elle aussi est inégale : Radcliffe semble peu impliqué, Watson reste coincée dans son jeu forcé… Heureusement, Gambon trouve enfin son Dumbledore, Rupert Grint s’en sort beaucoup mieux, et Jim Broadbent est vraiment excellent en Pr. Slughorn. Au final, ce Prince de Sang-Mêlé se laisse regarder sans ennui (je n’ai pas vu le temps passé), mais amène trop de frustration pour convaincre. On est tellement loin de ce que le bouquin avait offert… Depuis les films de Columbus (le 1 et le 2), c’est donc le moins bon. Douloureuse déception.

- J’ai lu:

Où on va papa, de Jean-Louis Fournier. « Que ceux qui n’ont jamais eu peur d’avoir un enfant anormal lèvent la main. » Dans un style direct et sans langue de bois, l'auteur s’adresse à ses deux fils, aujourd’hui décédés. Ils n’auraient de toute façon pas pu lire le livre, car ils étaient tous deux lourdement handicapés (moteur et mental). « De la paille dans la tête. » Cette succession de billets d’humeur est un brin répétitive, mais a le mérite d’offrir un regard inédit sur la vie d'un enfant handicapé, et des parents qui doivent s'en charger. De plus, c’est un très beau livre sur la paternité. C'est cash et incisif, c'est drôle et émouvant. A lire.

Watchmen, d’Alan Moore et Dave Gibbons.


J’ai enfin terminé ce pavé. Voilà un trou de ma culture bouché. J’ai été impressionné par la densité du scénario, qui en devient presque enivrant tellement il est riche et complexe. On bouchera les trous lors de la deuxième lecture. On ne peut être que séduit par ces « superhéros » déchus, cette ambiance paranoïaque, cet compte-à-rebours post-apocalyptique… Quel travail, quelle imagination ! Mais la claque, puisque c'en est une, vient principalement d'une chose: le découpage. Autant le dessin et les couleurs sont un peu "datées" (V for Vendetta était à ce niveau-là beaucoup plus classe), autant le découpage m'a ici coupé en 9. Du grand grand art. Chaque page est, à ce niveau là, un régal sans égal.

J'aimerais revoir le film, tiens.

Là je suis dans Ensemble, c’est tout. Après, j’attaquerai soit Les Piliers de la Terre, soit Le Château de Kafka. Aux toilettes, je me régale avec Gary Larson.

- Gary Larson, c’est un des génies du cartoon américain. Des gags auxquels il manque littéralement une case. Gary Larson utilise souvent les animaux pour mieux se moquer des humains, avec tendresse et folie douce. Ca me fait hurler de rire. Quelques exemples (cliquez pour agrandir):




- Mariages 2009 #5 : Flo & Titi. Un bon cru. On a bien maîtrisé avec la chorale. Notre « Oh Happy Day » a foutu le feu à l’église. Avec nos toges noires, on était bien tapés… J’ai perdu une phalange à force de gratter mes 12 cordes. Ah c’était gai. Que la mariée était belle. Bonne grosse fête déchaînée le soir grâce au DJ imaginatif.
Le lendemain, grasse mat et récupération au bord de la piscine, étalé devant une bonne petite partie de Trivial Pursuit.
Et des coups de soleils sur les bras.

Allez, au travail, maintenant.

mardi 21 juillet 2009

Tchèque this out

A Prague, il y avait:

De la pluie, le premier jour


Des silhouettes pointues


Autant de vertiges, extérieurs ou intérieurs


Un fleuve et un pont


Surveillé par des statues, arpenté par les touristes.

Des touristes qui attendent devant une horloge

Des touristes fiers


Plein plein de touristes.

Des ruelles sans touristes


Des sgraffites en veux-tu en voilà


Des statues de personnages célèbres


Un vieux cimetière


Partout partout, des affiches de concerts de musique classique pour les nuls


Des concerts magnifiques dans des églises


Des éclairages de nuit


Et de la bière, bien sûr.


Et mille et une autres choses.
Des babioles affreuses en cristal. Des musiciens de rue. Des Skoda et des Trabbant. Des calèches et des trams.
C'était le pied, à quatre mains, entre quatre yeux.

PS: Eurolines, c'est pas cher, mais c'est long. Et ça te pète le dos.

dimanche 12 juillet 2009

Sous les draps

Mariages 2009 #4: Anne et Paul-Henri. Un grand cru. La messe fut une des plus belles depuis longtemps. Une grande joie parcourue de frissons et d'émotions. Le dîner fut un magnifique festin. Le meilleur discours, surprise, c'était celui de la grand-mère. De mémoire, elle a conclu par ces mots: "Je terminerai par des mathématiques: additionnez vos qualités, soustrayez vos soucis, multipliez-vous et ne vous divisez jamais!". La soirée, malgré un DJ fort inégal (soucis de mixage et fautes de goût fatales), la soirée fut une belle fête aussi. Ca a mouillé dans les chemises.
Le lendemain fut une journée sous les draps. Farniente. Blogage.

Des lectures:


Sous les draps et autres nouvelles, de Ian McEwan.
Relative déception avec ce recueil de nouvelles. En fait je crois que j'ai un peu de mal avec ce format. Rares sont les nouvelles que j'ai vraiment aimé. Celles-ci sont des oeuvres de jeunesse de McEwan (auteur que j'ai vénéré pour ses romans Samedi, Expiation et Sur la Plage de Chesil). Même s'il y démontre déjà l'aisance de sa plume, son style ciselé et subtil, peu d'histoires m'ont intéressé. On est loin de la maturité de ses derniers romans. Toutes ont un rapport avec la sexualité, toutes nous parlent d'amour, de son excès ou de son absence, de désir et de frustrations... Certaines sont oubliées aussitôt lues, d'autres tombent dans le glauque et le malsain, d'autres arrivent à toucher. Sur les treize, j'en ai aimé trois ou quatre. Mouais.


Un secret, de Philippe Grimbert
Une histoire de famille. Une famille juive qui a vécu le traumatisme de la guerre. L'auteur nous raconte comment il a tardivement appris les terribles secrets de sa famille. Avec des chapitres courts, au style épuré, Grimbert trouve les mots justes pour évouer l'indicible, pour esuisser au plus près les tourments de chacun, les ressorts dramatiques de cette histoire. Avec une économie de mots exemplaire, le récit touche au plus profond. J'aimerais beaucoup voir l'adaptation cinématographique de Claude Miller.

Un projet:
Trois jours à Prague. La ville de Dvorak et de Kafka. J'en rêve depuis longtemps. Ma mie et moi décomptons les jours.

Une découverte:

David Lynch, l'un des cinéastes américains contemporains les plus marquants (on lui doit Elephant Man, Lost Highway, The Straight Story, Mulholland Drive, INLAND EMPIRE), est un artiste complet: il est également peintre, musicien, photographe. Très vite, il s'est également intéressé de près au medium internet. Pour The Interview Project, David Lynch a produit le trip de son fils Austin, lui aussi cinéaste, qui a parcouru durant 70 jours l'ensemble des Etats-Unis pour rencontrer des gens ordinaires mais tant que ça. Il nous invitent à les rencontrer, par le biais de ces petites capsules de 4-5 minutes. Ces inconnus, présentés par leur prénom et leur lieu d'origine, nous disent quelques mots sur leur vie. On devient vite accro. Un nouvel épisode est publié tous les deux ou trois jours. Il y en a déjà une petite quinzaine. Il y en a encore une centaine en stock.

lundi 6 juillet 2009

Come out and play

- La photo du jour:

Record battu.
Suivre une fin de match sur internet en regardant le tableau des scores s'actualiser automatiquement, soit. Mais quand ça se termine à 16-14, c'est à déconseiller. *aaah mes nerfs* Dur pour Roddick, mais bravo au Roi Roger, le plus grand joueur de tennis de l'histoire de l'univers du monde.

- Mariages 2009, #3: Antoine et Clo. Longue vie à eux deux. La messe s'est très bien passée. Ce fut un bonheur de ressortir ma flûte (quelle sale gueule elle avait!). Notre trio flûte-violon-violoncelle a bien fonctionné, et on s'en est bien sorti, que ce soit lors du Bach, du Pachelbel, du Haendel ou du Morricone. J'ai apparemment fait sensation avec Just the way you are sur ma douze cordes.
- Vendredi dernier, le petit dîner sur la terrasse s'est improvisée en veillée sous les étoiles. Ma mie, son frère, son père et moi, nous avons chanté Brassens, Jean Ferrat et Maxime le Forestier. Une guitare, du bon vin, un ventre plein, une lune claire, une caresse dans les cheveux. Nous nous sommes endormis heureux.
- Le lendemain, découverte de l'oeuvre du sculpteur Ianchelivici, au musée qui porte son nom à La Louvière. Beaucoup de belles choses.

- Werchter, c'était sans moi. Cette année j'aurais peut-être dû y aller. Car vendredi, il y avait ça:
J'aurais aimé y être. Surtout à 2:42.


- Quelques films pour faire joujou:

Panique au village, de Vincent Patar et Stéphane Aubier.




C'est presque devenu une règle: une série à succès aura droit un jour à son long métrage. Panique au village, THE MOVIE, c'est donc la même chose que la série, mais au format élargi (en scope!) et plus long. Enfin, pas trop (1h15), parce qu'à moment faut bien arrêter les conneries. Plus de moyens, aussi, et donc plus de décors, plus d'effets sonores, plus de personnages. On retrouve avec bonheur Cheval, Cow-boy et Indien, Steven et Jeanine, Facteur et Gendarme, des espèces d'Atalantes nommés Gérard et Jean-Paul, embarqués dans une histoire (oui oui, il y en a une) toujours plus foldingue où les gags se succèdent à un rythme essouflant. Les zygomatiques en prennent un coup. Le petit ventre mou au milieu du film nous permet de souffler un coup, pour repartir de plus belle dans un climax dantesque.
Patar et Aubier, armés de leur imagination sans limite et de leur foi intarissable dans leur animation (des plus rudimentaires..), relèvent avec brio le défi du passage au long métrage, et ancrent une bonne fois pour toutes leur univers, unique, dans l'histoire du film d'animation. Il y a quelque chose de jouissif à savoir que cet OVNI a été projeté à Cannes, le plus grand et le plus prestigieux festival du monde.

Drag Me to Hell, de Sam Raimi

Avant de pondre les trois (bientôt quatre) Spider-Man, Sam Raimi s'était fait un nom dans le cinéma d'horreur fantastique, avec les cultissimes Evil Dead - que je n'ai pas vus, d'ailleurs. Avec ce Jusqu'en enfer (titre non mensonger) Sam revient à ses premières amours, et signe un film hautement jouissif qui peut en l'espace de 5 secondes te faire pousser d'un cri d'effroi à un franc éclat de rire, limite hystérique, du moins nerveux. De nombreuses fois, les scènes d'effroi (une cascade de sursautements et de hurlements dans la salle pour moi *j'ai un problème avec ça*) sont ponctuées de gags délirants, à la sauce Tex Avery ou à la morve gluante. Comment oublier cette baston absurde dans la voiture? La scène d'incantation avec la chèvre restera parmis mes meilleurs souvenirs de l'année.
Le scénario, sous influence "B", souffre légèrement de quelques ficelles mal tirées. Alison Lohman, héroïne damnée, n'a pas vraiment les épaules pour me convaincre. D'ailleurs à part la vieille gitane, le cast est pas gégé. Hormis ces quelques réserves, je m'y suis amusé comme un petit fou. Raimi joue avec les codes, distille quelques références... l'amour qu'il a pour le genre est contagieux. Outre cette ambiance de terreur hautement jubilatoire, sa mise en scène est diablement efficace. La fin, même si prévisible, enfonce le clou de ce spectacle qui se savoure comme un trip en train fantôme.

Les Beaux Gosses, de Riad Sattouf

Riad Sattouf, dont c'est le premier film, est un nom connu dans la BD (Le Manuel du Puceau, Pascal Brutal...) - que je n'ai pas lues, d'ailleurs. Les Beaux gosses, ce sont des ados complètement ados qui essaient de sortir avec des filles, qui écoutent du rap, jouent du métal, se branlent sur la Redoute faute de mieux. Des ados qui ne savent plus quoi faire le jour où ils plaisent à une fille. A l'écrit, ça paraît vulgaire, au mieux neuneu, mais il n'en est rien. Premièrement, la description de l'adolescence est tendre et nostalgique. Et juste. Deuxièmement, c'est drôle. Le scénario, volontairement allégé de toute intrigue, est constitué d'une succession de vignettes (...de BD), et ça fonctionne plutôt bien. On ne compte plus les gags tordants ou les répliques hilarantes. Le casting, composé de tronches boutonneuses qui n'articulent pas, s'en sort très bien. Par contre on voit Irène Jacob 3 minutes et ça c'est impardonnable, Monsieur. C'est mis en scène un peu n'importe comment (sauf quelques plans) et c'est éclairé à la truelle, mais ça ne gâche heureusement pas le plaisir. Même si je me dis que finalement ça aurait pu être une excellente BD plutôt qu'un excellent film, ce Beaux gosses est une réussite, un futur film culte, un vrai moment de fraîcheur qui devrait en rassurer certains sur la résistance de la comédie de qualité en France.

Transformers: Revenge of the Fallen, de Michael Bay.
Michael Bay, dans une autre vie, était garagiste dans une caserne de pompiers. Dans celle-ci, c'est le réalisateur bourrin qui a pondu le sympathique The Rock. Mais les atroces Armageddon et The Island m'ont fait éviter de subir ces autres films, Bad Boys, Bad Boys II et Pearl Harbour. Il y a deux ans, j'avais réussi à me "réconcilier" avec le bonhomme grâce au premier Transformers, que j'avais réussi à aimer malgré tous ses défauts, parce que c'était fun, c'était nouveau, c'était décomplexé. Ici, ça n'est plus passé. Du. Tout. Transformers 2 est candidat au poste du pire film de l'année.
Certes, les effets spéciaux restent franchement hallucinants, j'ose pas imagnier le travail... Ah, si seulement les producteurs avaient investi autant pour un bon scénario! Làs! L'histoire, limite incompréhensible et d'une connerie abyssale, semble avoir été écrit par un enfant de six ans. D'ailleurs ce n'est même plus le style pompier de Bay qui m'assomme (ses scènes d'actions se font d'ailleurs un peu plus lisibles), mais c'est cette débauche de moyens, de bruit et d'effets spéciaux au service du néant, du vent, du dégro zéro de l'intelligence, du bourrinisme le plus total qui se proclame divertissement. Cet humour toujours plus nase (Bay et moi n'avons pas le même sens de l'humour), ces misérables tentatives d'émotion, ces personnages inexistants, ces élans mythologiques à trois sous, ce rythme de plomb, ces raccourcis scénaristiques honteux... A croire qu'un univers où des robots extraterrestres se tapent sur la gueule impliquait forcément un scénario de merde. C'est triste. Pour arriver au bout des 2h31 (en plus, c'est interminable) il ne reste plus qu'à éteindre son cerveau et à s'en mettre plein les mirettes d'effets spéciaux et de carrosseries. Megan Fox, avec un nom pareil, un jeu pareil et un cosps pareil, s'est visiblement trompée d'industrie.