mercredi 31 mars 2010

Histoires

- Madrid J-2 ! Il y a bientôt deux ans, j’avais eu l’occasion de visiter, une après-midi durant, la capitale espagnole. Une mise en bouche qui me fit promettre d’y retourner, pour plusieurs jours. Promesse tenue ! Et partagée. Après Prague et Paris, voilà une nouvelle capitale européenne à visiter entre quatre yeux. Ici, les giboulées de mars sont enfin arrivées. Là-bas, on annonce déjà du soleil et de la douceur. Dans les cieux et dans nos cœurs.


- D’ailleurs, pour fêter un heureux anniversaire, nous avons retrouvé nos chères
Dames Tartine.
Une fois de plus, nous y avons mangé comme des princes. Que dis-je, comme des rois. Un resto à découvrir absolument !

- Le Petit Chaperon Rouge, au Théâtre National. Texte et mise en scène de Joël Pommerat.

Une revisitation du conte populaire, à la fois sombre, drôle et poétique. Jusqu’à l’arrivée du loup, tout le texte est dit par un conteur en avant-scène, et mimé par les deux actrices en arrière-scène. La grande réussite de cette pièce particulièrement courte (45 minutes !), c’est sa mise en scène épurée et percutante, mise en valeur par des comédiens/pantomimes aux gestes millimétrés, des superbes jeux de lumière et une bande son extrêmement soignée, surtout au niveau du bruitage. Les enfants seront fascinés (ou effrayés), les plus grands interpellés par le sous-texte grave et souvent oublié de ce conte populaire. Un beau moment.


- Pour l’ensemble de son œuvre, l’illustratrice belge Kitty Crowther a remporté le très prestigieux prix Astrid Lindgren Memorial Award (la récompense suprême pour la littérature jeunesse, l’équivalent du Nobel), bravo à elle ! Voilà une nouvelle qui fait plaisir, et qui doit mettre en joie l’amie
Jess. Plus d’info ici, et quelques images ici.

Parents ou futurs parents en recherche de beaux livres pour enfants, notez et retenez ce nom.


- Instant Green : Un petit film d’animation qui dit qu’il faut privilégier l’eau du robinet à l’eau en bouteille. Interpellant ! Sur
le blog de Nicolas.


- Instant Une petite heure devant soi ? : A l’heure où les bandes-annonces manquent de plus en plus de créativité (et racontent carrément tout le film à l’avance), un site a recensé
les 50 meilleures bandes-annonces ever. Il manque celles de There Will Be Blood et de A Serious Man, mais c’est super intéressant. Dommage qu’il n’y ait que des films américains…


- Et quelques films, par ordre de préférence :

The Ghost Writer ***, de Roman Polanski
The Ghost, un "écrivain - nègre" à succès est engagé pour terminer les mémoires de l'ancien Premier ministre britannique, Adam Lang. Mais dès le début de cette collaboration, le projet semble périlleux : une ombre plane sur le décès accidentel du précédent rédacteur, ancien bras droit de Lang...
Excellent film que voilà. Le scénario de Robert Harris, adapté de son propre roman, est un polar parfaitement ficelé. Le principe de la traque "seul contre tous" des gros secrets dans les hautes sphères du pouvoir n’a rien de foncièrement original (et les secrets décelés ne sont pas neufs non plus), mais Polanski signe un film d’une très grande classe qui s’avère un régal à tous les niveaux. Outre l’excellent scénario, qui par ailleurs fait écho à l’actualité politique récente, les acteurs sont tous formidables et la mise en scène se fait précise et habile. Mais au-delà de ces indéniables qualités (je ne parle même pas de la musique du magicien Alexandre Desplat), le film se fait jubilatoire par l’ambiance créée par Polanski. Le metteur en scène met ses décors (l’île mystérieuse, la maison aseptisée, la grisaille…) parfaitement en valeur et offre à cette histoire un caractère presque hitchcockien. Le sujet est sombre, le suspense tendu, mais les dialogues, exquis, se font aussi drôles par moments. Ce côté ludique se dégage également du jeu tintinesque d’Ewan McGregor, parfait. Il y a dans The Ghost Writer un soin du détail, un sens du tempo et un plaisir de raconter une bonne histoire qui rend le film assez jouissif. Un vrai plaisir qui dure jusqu'au dernier plan, magnifique. Un régal de cinéma à conseiller chaudement.

The Hurt Locker **, de Kathryn Bigelow
Bagdad. Le lieutenant James est à la tête de la meilleure unité de déminage de l'US Army. Leur mission : désamorcer des bombes dans des quartiers civils ou des théâtres de guerre, au péril de leur vie, alors que la situation locale est encore... explosive.
Il me fallait rattraper le grand vainqueur des Oscars. Merci aux distributeurs de l’avoir ressorti en salles pour l’occasion. The Hurt Locker suit le quotidien de ce démineur devenu accro à l’adrénaline que lui procure son job, devenu accro la guerre. War is a drug, nous dit le carton en ouverture. Vu le sujet, on pouvait s’attendre à une série de scènes de déminage bien tendues. A ce niveau-là, le film tient ses promesses. Tout au long du film se succèdent plusieurs morceaux de bravoure, tous impressionnants. Kathryn Bigelow, première femme de l’Histoire à remporter l’Oscar du meilleur film, n’a pas de style particulier (la caméra bouge d’ailleurs un peu trop à mon goût), mais se montre indéniablement efficace lors des scènes de tension. Les scènes de déminage, ainsi que la partie de sniping dans le désert (sans doute le meilleur moment du film), restent en mémoire du spectateur. Là où le bat blesse, c’est que le film manque de liant. Je comprends l’intention de la "chronique", mais un minimum d’intrigue solide pour resserrer tout ça n’aurait pas été du luxe. Malgré les personnages bien campés (Jeremy Renner est impeccable, longue vie à lui), et malgré l’idée du film, l’implication émotionnelle est effectivement assez faible. Reste malgré tout un joli savoir-faire et de belles séquences. Sans oublier quelques courtes apparitions d’acteurs connus.

L’Arnacoeur **, de Pascal Chaumeil

Avec ces comédies romantiques qui ne tiennent qu’à leur pitch (Alex, un "briseur de couples" professionnel tombe amoureux de sa nouvelle proie), on peut s’attendre au pire. Ouf : c’est pas mal du tout. Ca commence même très fort : la scène inaugurale de "démo" au Maroc, suivie du montage parallèle d’Alex en action, c’est un vrai régal. La suite, on la connaît, on la devine. Tout est sur des rails, jusqu’aux derniers retournements. Le film n’est donc pas dénué de faiblesses, mais la sauce prend quand même, car le rythme est enlevé, l’humour est souvent drôle, et il repose sur un comédien principal au sommet de sa forme. C’est un vrai festival Romain Duris. Il est magnifique, il est flamboyant, il est parfait. A ses côtés, le duo Julie Ferrier – François Damiens (qui décidément cartonne en France, bientôt au rang d’un Poelvoorde..) fonctionne du tonnerre. La seule vraie déception, c’est Vanessa Paradis, que je trouve mal castée. Est-ce son jeu très moyen, son âge limite ? Elle ne m’a pas vraiment convaincu, et l'on ne croit d’ailleurs que très moyennement à l'amour entre eux deux. J’aurais peut-être préféré une Audrey Tautou, voire une Judith Godrèche. Soit. L’Arnacoeur est une honorable réussite qui, si elle continue de cartonner, verra bientôt débarquer son remake américain !

mercredi 24 mars 2010

On a quoi, déjà, ce soir?

L'agenda est fort chargé, ces temps-ci. Petit mot sur les dernières sorties culturelles...

- Une expo intéressante:

Pas ce soir, chéri(e)?, à l'ULB, jusqu'au 30 mai.

Cette exposition, organisée par et à l'ULB, démontre en long et en large que notre sexualité a une histoire. Via une centaine (!) de panneaux explicatifs, illustrés par des visuels ou autres objets étonnants, l'expo retrace l'évolution de notre sexualité (en Europe occidentale), a travers différents prismes: familial, sociétal, médical, juridique, moral, culturel... L'expo répond ainsi à toutes les questions que l'on pourrait se poser à ce sujet ("but were afraid to ask", dirait Woody Allen) : Comment nos aieux faisaient-ils l'amour? Qu'est-ce que la syphilis? Comment l'Eglise voit-elle la sexualité, hier et aujourd'hui? Qu'était-ce vraiment la "révolution sexuelle"? De quand date le premier baiser au cinéma? *La masturbation rend-elle sourd?* Tout cela fut fort instructif. Seul bémol: la quantité de texte à lire, trop copieuse. Autant éditer un ouvrage qui regroupe l'ensemble des textes... *Ca rape moins les jambes.* Plus d'informations sur le site web.


- Deux pièces bien remuantes :

Les gens biens n'osent plus sortir le soir, de Jean-Claude Grumberg, au CC des Riches Claires, du 9 au 27 mars.

Quatre comédiens épatants (dont Stéphanie Van Vyve et Dominique Rongvaux), sept sketches pour établir une chronique de la xénophobie ordinaire. Tous ces personnages, aussi différents soient-ils, sont racistes sans même le savoir. Tous partagent cette même peur: la peur de l'autre. L'autre, c'est l'étranger, le rouquin (!), le bougnoule (sic), le gniouf, le juif, et j'en passe... Mais attention, Les gens bien n'osent plus sortir le soir est bien une comédie. Et on rit, beaucoup. Surtout au début. Puis on rit jaune. Au dernier sketch ("Rixe"), on se rend compte qu'on ne rit plus du tout. La comédie se transforme littéralement en drame. C'est drôle, grinçant, mordant. Un divertissement bien percutant qui pousse à la réflexion. A conseiller! Plus d'infos sur
le site web de Stéphanie et Dominique.

Contes à réchauffer, de et par Eric Durnez, à l'Espace Senghor.

Les Contes à réchauffer, ce sont un enchaînement de microfictions (en "je"), sans transition apparente, de durée variable. Drôles ou tristes, toutes sont colorées par une dose d'absurde, un soupçon de non-sens, un zeste de mélancolie. Certaines se répondent par des thèmes similaires ou des personnages récurrents. D'autres paraissent brusquement interrompues. Un délicieux moment, qui fut l'occasion de décourvrir un comédien/auteur savoureux: Eric Durnez.



- Quatre films, par ordre de préférence :

Lebanon **, de Samuel Maoz (Lion d’Or Venise 2009)
Contexte : 1982, Guerre du Liban. Les 89 minutes des 90 que dure Lebanon se passent dans un tank israélien. A l’image, nous avons cette poignée d’hommes tétanisés par la peur (sans rentrer dans les détails, leur situation est extrêmement critique). Les seules images de ce qui se passe à l’extérieur est vu à travers le viseur. A l’intérieur, les hommes doivent garder leur sang froid pour se tirer du pétrin.
Les gros plans sur ces visages renforcent la sensation d'emprisonnement. Les émissions des différents fluides corporels (pisse, sueur, larmes) accentuent le caractère animal du tank, devenu en quelque sorte la métaphore de cette guerre qui engloutit les hommes dans ses entrailles.
Brillamment réalisé (superbe travail sur le son), Lebanon est un huis-clos osé et maîtrisé qui parvient à éviter le piège du film à pitch (s’effacer derrière son concept). Une belle variante au sublime Valse Avec Bachir.

Crazy Heart **, de Scott Cooper
C’est l’histoire de Bad Blake, un chanteur de country dont la carrière est sur le déclin. Il joue ses vieux succès dans des cafés minables et des bowlings. Pour nouer les deux bouts, il accepte de faire la première partie d’un jeune chanteur en pleine gloire, autrefois jeune poulain à qui il a tout appris. Alcoolique, Blake se bousille la santé. Une jeune journaliste (Maggie Gyllenhaal), dont il tomba amoureux, l’aidera, non sans heurts, à reprendre sa vie en mains.
Le début est troublant : on dirait que le Dude s’est trouvé un job. Crazy Heart, c’est surtout le plaisir de revoir Jeff Bridges dans un rôle écrit sur mesure, un beau rôle à la hauteur de son talent. Son Oscar est évidemment un Oscar "de carrière" (comme je les appelle), mais il est effectivement impérial, ici. Grâce à lui, Crazy Heart se regarde sans déplaisir. Certes, il y a la BO country concotée par T Bone Burnett (au chant, Bridges a un air de famille avec Clapton), mais le script est un rien trop mollasson (romance faiblarde, dialogues moyens). Cette retenue dans le drame est sans doute voulue, mais le film aurait pu par moments retirer ses charantaises. Humble, Crazy Heart n’en demeure pas moins attachant et agréable.
Juste un détail qui m’énerve : pourquoi donc "uncréditer" Colin Farrell (absent de la promo, du générique, etc.) ? Si c’est pour ménager un quelconque effet de surprise, je trouve ça poseur.

Precious : Based on the Novel Push by Sapphire **, de Lee Daniels
Precious, 17 ans, n’a pas beaucoup de chance dans la vie. Noire et obèse, elle subit beaucoup de réprimandes et autres discriminations. Elle sait à peine lire et écrire. Pour la deuxième fois, elle est enceinte suite aux assauts incestueux de son père. Son premier enfant est trisomique. Sa mère, folle de jalousie de s’être fait piquer son mec (!) l’insulte et la bat. Pour se protéger, elle s’enferme dans un mur de silence, et rêve en cachette d’une vie de star. Renvoyée de l’école, Precious découvrira une école alternative où elle rencontrera des gens qui l’aideront à avoir une vie meilleure. Comment éviter le misérabilisme poisseux avec un pitch pareil ? Surtout, comment rester crédible ? Grâce à un scénario habile et des comédiens épatants (dont Mariah Carey et Lenny Kravitz, méconnaissables) Lee Daniels y arrive, sans (trop de) mièvrerie. Malgré la difficulté du sujet, le drame est assez digne et finalement touchant. J’ai plus de réserves avec certains choix esthétiques (dont une direction musicale assez incongrue), mais en l’état, ce Precious vaut qu’on lui donne sa chance.

Alice in Wonderland °, de Tim Burton
Je me souviens encore du temps où je considérais Tim Burton comme mon réalisateur préféré. C’était il y a une douzaine d’années. Les choses ont bien changé. Hormis le beau Big Fish, les années 00 du Burton étaient tout sauf passionnantes. Il y a d’abord eu La Planète des Singes, un joli foutage de gueule. Il y a aussi eu Charlie et la Chocolaterie et Les Noces Funèbres, sympathiques mais déjà oubliés. Puis ce Sweeney Todd, comédie musicale et sanglante, une bien pénible séance. J’avais retrouvé espoir avec les premières images d’Alice aux Pays des Merveilles. Pas que le projet m’emballait, loin de là, mais la promo avait bien fait son boulot. Puis est venue cette bande-annonce avec pour héros le Chapelier Fou (Depp), puis les premiers échos critiques, catastrophiques, puis l’unanimité sur une 3D qui n’apportait rien… Lors du visionnage (en 2D donc) le peu d'espoir qui me restait a vite été anéanti. Quand l’ennui commence à (rapidement) pointer du nez, on se demande ce qu’il y a de plus triste : que le film soit bousillé par un scénario proprement désastreux, ou tout simplement que Tim Burton n’ait plus rien à dire, plus rien à raconter. En tant que cinéaste, c’est assez douloureux de le voir s’enfermer dans l’image que les gens ont de lui, de le voir commettre des œuvres aussi désincarnées pour Disney. L’oncle Walt aurait quelques sueurs froides en voyant cette adaptation chiante, pas drôle et même effrayante pour les enfants (on y voit de grosses bestioles qui hurlent et qui bavent). Le ratage est d’autant plus dommage que visuellement, le film ne manque pas d’idées et de prouesses techniques. En somme, les choses sympathiques que je retiendrai, ce sont les petits animaux, forts réussis : Le chat Cheshire, la chenille fumeuse, le lapin blanc. Et un chien, aussi. Johnny Depp, je n'ai rien à dire... Il fait son job. L’ennui, c’est qu’il se ridiculise dans une scène de danse, à la fin, franchement embarrassante (limite tecktonik). Et Avril Lavigne qui gueule sur le générique de fin… au secours.
Bref, je pense franchement que c'est le Burton le plus inintéressant vu à ce jour.

mercredi 17 mars 2010

Pistes

Je mets beaucoup de choses en ordre, ces jours-ci. Ou plutôt, je mets de l'ordre dans beaucoup de choses. Dans ma chambre. Dans mes mails, mes sms. Dans mes photos (papier, numériques), dans mon disque dur. Dans mes critiques et chroniques. Et dans ma tête, évidemment.

- La première fois que j'ai entendu des chansons de Jean Ferrat, c'était par mon père, du temps où il mettait l'ambiance à la maison avec la guitare. Pour le reste, je n'ai jamais exploré l'oeuvre du chanteur, me contentant des tubes connus de tous, qui passaient à la radio... Sa mort fut néanmoins une triste nouvelle. En explorant Youtube, j'ai découvert qu'il n'avait pas toujours porté cette superbe moustache (de quoi rivaliser avec Tonton Georges).
Une belle chanson dont j'ai encore pronconcé le titre il y a peu.



- Délicieuse soirée au 11ème Festival international de cirque actuel, Pistes de Lancement (au Parc Victoria, à Koekelberg), pour la soirée "Tour de Pis(t)e", un florilège de numéros issus de spectacles d'artistes venus des quatre coins du monde.

Ce spectacle de cirque "actuel" m'a rappelé combien le cirque était un art. Qu'il paraît loin le temps de Bouglione et de ses chevaux à plumes. Aujourd'hui, tout n'est que fusion et croisement: les acrobates font les pitres, les clowns sont nus (hilarants Hommes à Poêle), les danseurs sont jongleurs, les jongleurs jonglent avec leurs pieds... D'autres semblent impoviser un dialogue poétique entre leur corps et un objet (une corde pendante, une sphère blanche, une roue Cyr...). Tous sont magiciens, poètes, comédiens. Deux heures de magie, de poésie, de drôlerie, de performances... d'émerveillement. Tout en simplicité: on est à mille lieues des super-productions chic et très chères du Soleil, Dragone et consorts.
Plus d'informations
ici.


- Dis, est-ce que ça repousse les ailes? de Brigitte Jacques L.

Dans le même esprit que Le Petit Prince, Brigitte Jacques L. nous offre un dialogue plein de sagesse entre une jeune enfant et un oiseau blanc, où il s'agit d'ailes qui repoussent, de cages qui nous emprisonnent, d'altitude à atteindre, de couleurs vraies, de jardins intérieurs, de souffrance aussi. Un texte poétique, philosophique et revigorant, à lire une première fois pour apprécier, une deuxième fois pour méditer. A mettre entre toutes les mains. Plus d'info sur le site.


- IRM, de Charlotte Gainsbourg


Le dernier album de Charlotte, écrit et produit par son ami Beck, s'écoute simplement comme un nouvel album de Beck. Hormis deux ou trois (quatre?) bonnes chansons (une ici), je ne retiens pas grand chose, et ça ne me fera pas changer d'avis: Beck ne m'intéresse plus depuis Sea Change, ce magnifique album qui s'était justement inspiré de Histoire de Melody Nelson d'un certain Serge...


- Pour ceux qui ont vu District 9 de Neill Blomkamp (ou pour ceux qui ont envie de le voir), il est intéressant de voir le court-métrage qui lui a servi de brouillon, Alive in Joburg. C'est en voyant son travail que Peter Jackson lui a permis de réaliser son premier long-métrage, nommé 4 fois aux Oscars (dont meilleur film), 7 fois aux BAFTA's...

samedi 13 mars 2010

Tonight will be fine

C'est bon, l'hiver, là, ouste. On t'a bien vu, merci. Du vent. Enfin, je veux dire... Du balai.
Bon. Quelques petites choses à raconter.

- Leonard Cohen Live at the Isle of Wight 1970


Nous sommes le 30 août 1970, au troisième Isle of Wight Music Festival. C'est le dernier soir. Il est 2h du matin. Leonard Cohen, 35 ans, se fait réveiller dans sa caravane. Vers 4h, Leonard monte enfin sur scène, en pyjama. Parmi ses musiciens, Bon Johnston (producteur de son Songs from a room). Devant eux, 600.000 (SIX. CENT. MILLE.) spectateurs - un record absolu pour l'époque. Une foule immense qui a transformé l'île en véritable chaudron. En cinq jours, le festival s'est transformé en arène politique. Barrières renversées, structures incendiées... Les forces de l'ordre ont dû lutter pour calmer la foule. Celle-ci est encore d'humeur bouillonnante, attisée par la prestation de Jimi Hendrix (qui mourra moins de trois semaines plus tard), une de ses plus incendiaires. Mais Leonard Cohen, armé de sa guitare sèche, et par la seule grâce de ses chansons, domptera la foule. La foule est littéralement "calmée", comme on dit. Les gens sont happés. Hypnotisés. Boulversés. En coulisses, Joan Baez, Judy Collins et Kris Kristofferson assistent à cet instant magique. Le cinéaste Murray Lerner est là avec sa caméra pour ne pas rater un instant. Bob Johnston se souvient: “It was magical, from the first moment to the last. I’ve never seen anything like it. He was just remarkable.” A voir le film de Lerner, et à écouter le CD (le concert intégral), on ne peut que le confirmer. Fabuleux. La bande-annonce ici.




- Le Troisième Jumeau, de Ken Follett.
Un "thriller éthico-scientifique" très bien ficelé qui entretient une belle tension jusqu'à la résolution finale. Follett s'est comme toujours documenté en profondeur pour donner plus de réalisme à cette sombre histoire de manipulations génétiques. Cette "science-fiction" est à peine en avance sur son temps... La science rattrapera vite la fiction, et les questions morales resteront toujours accrochées aux progrès fulgurants de la médecine. Seul regret: que le résumé en quatrième de couverture (et même le titre) en dise déjà trop sur l'intrigue (la moitié du livre, en somme).


- Nathan le Sage, de E. G. Lessing (adaptation de Gaston Compère), au Théâtre de la Place des Martyrs
Une fable philosophique où trois religions se croisent, se rencontrent, s'affrontent et qui au gré des joutes verbales (et des rebondissements) trouveront un terrain d'entente, de fraternité. Une pièce intéressante mais qui manque de fulgurances. Je retiens quelques bons comédiens, un joli décor et, surtout, un moment qui a retenu l'attention de tous: la parabole de l'anneau, où le message de la pièce (la tolérance religieuse) prend tout son sens. Petite explication wiki par ici.


- Deux beaux films:

An Education ***, de Lone Scherfig

Belle surprise. Ce n'est pas que je doutais de Nick Hornby (les films adaptés de ses romans sont généralement bons: High Fidelity, About a Boy...), mais j'ignorais ses talents de scénariste. La force du film de Lone Scherfig (réalisatrice danoise débarquée à Hollywood), c'est avant toute chose son scénario. En somme, l'histoire est d'une grande simplicité, mais elle est magnifiée par ce script malin et délicieux, aux dialogues soignés et d'une grande finesse psychologique. Les clichés attendus sont déjoués de manière subtile, et les changements de tons (comique, dramatique) sont habilement menés. Ce doigté apporte au film une vigueur rafraichissante et accroît son impact émotionnel. Mais la réussite du film doit aussi beaucoup à son casting étincelant. Alfred Molina, Olivia Williams, Rosamund Pike, Peter Sarsgaard... Tous sont excellents. Mais c'est Carey Mulligan, vraie révélation, qui crève l'écran. Avec ce film (et sa nomination à l'Oscar), sa carrière doit logiquement jouir d'un boost phénoménal. Ca fait plaisir.

A Single Man ***, de Tom Ford

Pour ce premier film du styliste Tom Ford, on pouvait s'attendre à un film tiré à quatre épingles. C'est le cas. Mais l'esthétisation extrême du film, superbe en soi, n'a pourtant rien de factice, elle souligne même à merveille l'état de George, cet homme gris et endeuillé qui vit enfermé dans le passé. Le temps qui distille le quotidien ne lui fait entrevoir aucun avenir. Mais aujourd'hui, une journée qu'il qualifie lui-même de "fatidique", il connaîtra à la fois les pulsions d'Eros et de Thanatos, de quoi le raccrocher un peu plus au présent - Dieu sait pour combien de temps. Le film fonctionne par évocations et illustrations: ses souvenirs de Jim, l'amour de sa vie, son amitié avec son amie Charlie (Julianne Moore, la classe), sa maison de verre, son métier de professeur, ses avances reçues ici et là. Cela suffit pour dresser le beau portrait d'un homme au coeur brisé. L'esthétique très léchée entraîne le film dans une espèce de grâce éthérée, et laisse transpercer, par moments, une émotion poignante. Mais le film ne serait rien sans l'interprétation exceptionnelle de Colin Firth, dans le plus beau rôle de sa carrière.

lundi 8 mars 2010

Cap Vert


- Un petit mot sur un projet mené par quelques amis, inauguré en grandes pompes dimanche soir : GreenCaps. Balade en vieux tram, promenade verte, verre de l’amitié, expo-conférence, quelques notes de musique pour clore les festivités.
En deux mots, GreenCaps est né de l’envie de passer à l’action. Tout le monde, ou presque, est sensibilisé aux problématiques de l’environnement. Tout le monde, ou presque, aimerait faire quelque chose, mais les raisons ne manquent pas pour empêcher ce déclic qui nous fait agir : on se sent perdu parmi toutes ses infos, on veut bien mais par où commencer ?, etc. Le but de GreenCaps est d’inciter les gens à passer l’action. Comment ? En proposant des actions concrètes, en mettant à disposition des conseils pratiques, en organisant des séances d’informations (Verres de Terre), en se faisant catalyseur de toute initiative "green". Par ce biais, une dynamique de groupe se crée pour ainsi favoriser les changements de comportement, et ce de manière durable. Le tout dans une philosophie qui reste tournée vers le positivisme (chaque geste compte), le respect (chacun son rythme !), l’action (tout est bon à prendre !) et le sourire (joindre l’agréable à l’utile). Pour tout savoir, une adresse à bookmarker illico : http://www.greencaps.be/.


- Hier soir, les Oscars. Il fut un temps où je me levais la nuit pour regarder le show en direct live, sur une chaîne flamande. En cette journée de la femme, une bonne nouvelle : pour la première fois de l’histoire, une femme gagne l’Oscar en "best directing" : Kathryn Bigelow, pour The Hurt Locker (Démineurs en VF). Ce "petit film" (= petit budget, pas de stars) rafle la mise avec d’autres beaux prix (scénario original, montage, son…) et celui du meilleur film! Il bat ainsi le mastodonte Avatar de James Cameron (ex-mari de Bigelow, héhé). Celui-ci se contentera de trois Oscars techniques, a priori "petits" mais néanmoins prestigieux vu l’ampleur du film, et bien sûr totalement mérités : photo, effets spéciaux, décors. Autrement dit, le visuel. L’unique vraie raison qui vaut à Avatar le déplacement.
Ca ne m’arrive que très rarement (c’est la deuxième fois en 13 ans) : je n’ai pas vu le gagnant du meilleur film. Est-ce vraiment le meilleur des 10 nommés ? Avec Up, A Serious Man et Inglourious Basterds comme concurrents, ça reste à voir... *bon, je sais, aux Oscars, c'est pas comme si c'était monnaie courante, mais bon* J’ai hâte de le voir, ainsi que les non-vus de la liste : An Education, Precious (meilleur scénario adapté et second rôle féminin) – quant à The Blind Side, pour lequel Sandra Bullock a reçu l’Oscar de la meilleure actrice, il est toujours inédit chez nous. Cette bonne vieille Sandra qui, la veille, a gagné le Razzie Award de la pire actrice (dans All About Steve) – autre fait historique !
Trois victoires (prévisibles mais) réjouissantes : Jeff - The Dude - Bridges, meilleur acteur dans Crazy Heart (hâte de voir ça aussi), les deux Oscars pour Up (film d’animation et musique) et le second rôle masculin, encore en toujours, pour Christoph Walz. Dommage que Inglourious Basterds ait dû se contenter de ce seul et unique prix.
Quant à la cérémonie, à lire les échos, elle était longue et pas drôle.

- Rattrapage de deux films aux effets spéciaux pas beaux :

The Imaginarium of Doctor Parnassus ** de Terry Gilliam
J’y allais à reculons, encore dégoûté des deux opus précédents du gaillard (le pénible Brothers Grimm et l’immonde Tideland). Surprise, ce Parnassus est tout à fait regardable et se suit avec plaisir. Bon, avec son scénario inabouti et ses effets visuels pas toujours propres, l’ensemble a un côté bancal et foireux, mais curieusement je me suis laissé emporté. Les acteurs sont bons, il y a de belles scènes, il y a des idées… Assez de petites choses sympathiques qui rendent le film finalement attachant.

The Lovely Bones ° de Peter Jackson
Comment passer à côté du premier film de Peter Jackson après la trilogie du Seigneur des Anneaux ? Amis, passez votre chemin, c’est un désastre sans nom. A tous les niveaux, un fabuleux ratage. Dans The Lovely Bones (je n’ai pas lu le livre, hein), une ado assassinée reste coincée (?) dans un "entre-deux" où, avant d’aller au paradis, elle nous raconte ce qui s’est passé (son meurtre) et essaie d’interagir avec les vivants pour les aider à attraper le meurtrier. Mais le drame ne fonctionne pas. Sur terre, le deuil ne touche pas, et il est impossible de se passionner pour la traque du pervers. Je retiens peut-être deux scènes tendues, mais c’est tout. Mal écrit, le film est aussi hideux, et je pointe du doigt ce qui se passe dans ce "quasi-paradis" : toutes ces scènes sont d’une laideur repoussante. Ca dégouline d’images de synthèse affreuses et de kitcheries dégueulasses. Même rejet pour la bande son, un véritable supplice composé d’effets sonores grossiers et de musique d’ascenseur. Ne comptez pas sur le casting pour sauver The Lovely Bones du naufrage. Hormis le plaisir de revoir Saoirse Ronan (Briony d’Atonement !) et un Stanley Tucci convaincant dans le rôle du meurtrier, les autres acteurs rivalisent en cabotinage ou en fadeur.
Et pour couronner le tout, le film est interminable. On en sort forcément déçu, jusqu’à douter du projet en lui-même : pourquoi diable avoir adapté ce roman ? Gardons espoir pour Tintin

mardi 2 mars 2010

Prisons

- Les César 2010 (et donc pour 2009)

Comme en 2005 (10 César pour De battre mon coeur s'est arrêté), Jacques Audiard rafle le pactole. Un Prophète obtient un total de 9 César, partagés entre grosses catégories (film, réalisateur, scénario, acteur...) et prix techniques prestigieux (décors, photo, montage). Cela fait plaisir de voir ce grand film récompensé (un Oscar la semaine prochaine?), mais je préfère nettement les années plus réparties (en 1999, par exemple, Le Dîner de Cons, La Vie rêvée des anges et Ceux qui m'aiment prendront le train en recevaient trois chacun). Si le sympathique Welcome, avec 10 nominations, repart brocouille, c'est plus triste pour le magnifique A l'origine, pour lequel seule Emmanuelle Devos est récompensée. Quant à Le Concert, il se contente du son (prix que j'aurais justement donné Un Prophète, personnellement) et de la musique (ben tiens).
La victoire de Tahar Rahim, meilleur espoir de l'année, est une évidence. Son interprétation de Malik, le vaurien transformé en Parrain, est inoubliable. A tel point qu'il gagne également le César du meilleur acteur! Une absurdité, comme il y en a chaque année, qui snobe malheureusement François Cluzet, dont les chances de gagner étaient d'ailleurs divisées par deux (il était doublement nommé: dans Le dernier pour la route et dans A l'origine).
Autre absurdité, la victoire de Mélanie Thierry, un "meilleur espoir" qui a commencé sa carrière voilà 10 ans déjà, raflant le prix à Soko (A l'origine) ou encore à la belge Pauline Etienne (Qu'un seul tienne et les autres suivront), véritables révélations de 2009.
Ce n'est pas le superbe film de Léa Fehner (voir ci-dessous) qui aura eu le prix du meilleur premier film, mais bien Les Beaux Gosses! Très beau prix pour ce film attachant et singulier, à mi-chemin entre film d'auteur et succès populaire.
Pour le César étranger c'est le chouchou Papy Clint qui a gagné (Gran Torino), devant Milk, Avatar, Le Ruban Blanc, ou Panique au village.
Le seul César à gros suspense de la soirée (meilleure actrice) fut attribué à Isabelle Adjani (La Journée de la jupe). J'aurais bien vu Audrey Tautou gagner, excellente dans Coco Avant Chanel (qui se contentera, et c'est la moindre des choses, des meilleurs costumes), mais à la place on a droit à une Adjani botoxée, coulant des larmes qui n'ont touché PERSONNE, régurgitant un discours qui dépasse les pires caricatures du genre... Annoncée par un Depardieu franchement pathétique (son unique intervention = une vanne de très mauvais goût), les vétérans du cinéma français font vraiment peine à voir. Je n'ai pas vu le reste de la soirée (j'ai allumé la télé pour les trois derniers prix), mais apparemment c'était une fois de plus assez chiant et rarement drôle.

- Et quelques films, par ordre de préférence...

Qu'un seul tienne et les autres suivront ***, de Léa Fehner

Il n'a pas eu le César, mais c'est tout comme. Pour un premier film, le travail de Léa Fehner (28 ans) est impressionnant, à tous les niveaux. Le développement des personnages, la maturité du script (trois intrigues sans aucun lien scénaristique convergent vers un même lieu - le parloir d'une prison - pour un triple climax magnifique de tension), la direction d'acteurs (Reda Ketab et Vincent Rottiers crèvent l'écran, comme prévu, mais le reste du cast assure bien aussi), la mise en scène (de belles distances par rapport aux acteurs), le ton (anti-larmoyant)... J'émettrai juste une réserve sur l'intrigue du fils tué par l'amant, moins forte que les deux autres, de même que sur le personnage de la mère algérienne (j'ai juste l'impression qu'on a déjà trop vu ce genre de personnage maghrébin "monolithique + larme qui coule"). Pour le reste, c'est du beau cinéma, et évidemment extrêmement prometteur.

The Road **, de John Hillcoat

Enfin vu… Pour moi il me semblait couru d'avance que ce film ne serait jamais aussi bon et aussi tétanisant que le roman de McCarthy, mais j'étais trop curieux de voir à quoi ressemblerait donc cette "impossible adaptation". Accoucher d'un chef-d'oeuvre en adaptant un chef-d'oeuvre, ce n'est pas une mince affaire… Et pour quiconque s'intéresse de près aux adaptations cinés de romans, La Route est un cas intéressant.
Le film de John Hillcaot n'est pas mauvais en soi, mais le problème (car il y en a un), c'est qu'il n'a pas su suffisamment se détacher de l'oeuvre initiale de McCarthy - pour pouvoir mieux se l'approprier. La proposition cinématographique de Hillcoat, outre la représentation visuelle du monde post-apocalyptique, c'est de coller au plus près du récit du roman, et d'en reconstituer pas à pas tous les événements qui le ponctuent. En passant par toutes les cases, non seulement certaines sont inévitablement survolées, mais il y a a fortiori moins de temps octroyé à l'errance, à la marche, au vrai désespoir. Le rajout de la voix off transmet ainsi des idées clés: j'aurais aimé les ressentir par des images. Résultat, l'adaptation offre des images saisissantes (décors incroyables, photo à tomber) et des scènes secouantes, mais échoue à transmettre parfaitement le rythme lancinant et l'ambiance totalement désespérée du roman. Le film se fait finalement trop terre-à-terre, pas assez "tripant".
Pour le reste, je n'ai pas grand chose à reprocher: Viggo Mortensen est inévitablement parfait. Je trouve le gamin trop âgé, mais la relation père/fils est néanmoins réussie. La musique de Nick Cave & Warren Ellis épouse parfaitement les images. Je craignais un peu les flash-backs sur Charlize Theron: ils sont finalement assez peu nombreux et ne dérangent pas du tout.

Shutter Island *, de Martin Scorsese

Malheur, le dernier Scorsese est une des déceptions de l'année. Il adapte ici un roman de Dennis Lehane (Mystic River, Gone Baby Gone), qui offre en dernière partie un "twist" (= une grosse révélation qui retourne le film comme une crêpe). Sans avoir lu le livre et peu en forme lors de la projection, j'avoue que je préférais me laisser embarquer plutôt que de deviner à tout prix la fameuse révélation - bien que des indices distillés par-ci par-là annoncent la couleur. Quand vient enfin cette dernière partie, j'étais à la fois déçu (*aah okééé... bon ce n'est que ça en fait*) et énervé, car j'avais du mal à me remémorer tout le début (la meilleure partie du film) à travers cette nouvelle optique. Une fois le film fini, je me suis dit que cette histoire complexe, qui mèle intrigue policière, et troubles psychologiques, fonctionnerait dix fois mieux en littérature (en mots et images imaginées) qu'au cinéma (images recréées). Je devrais le revoir pour mieux comprendre en quoi ce film ne fonctionne pas (en tout cas pas sur moi), mais je n'en ai aucune envie. Saluons quand même la classe formelle de l'oeuvre, la qualité des acteurs (sauf Mark Ruffalo, moins épatant que d'habitude), la musique, etc. Mais de toute évidence je reste avec l'impression d'un truc lourd, fumeux et mal géré.