mardi 29 décembre 2009

Love, love, love

- Il est presque 17h, dehors il fait pourri. Là, je revois Robin des Bois avec neveu n° 1. Je lui avais proposé Là-haut, mais il a préféré rerererevoir ce grand classique. C'est vrai qu'on ne s'en lasse pas. Magique, ce dessin animé. J'avais oublié à quel point le héros cultivait l'art du déguisement. A quel point c'était drôle, aussi.

Père Siffleur est un des meilleur personnages Disney, tous métrages confondus.
Le lardon est en plein dans la phase "Pourquooooiiiii?" *nerfs mis à l'épreuve*. A côté, neveu n° 2 claironne non stop. Il grince, il couine, il ronronne, il hurle, le gredin.
Je n'entends même plus le ronronnement de mon ordinateur.

- Les fêtes de Noël se sont très bien passées. Des bulles, des hottes de cadeaux, des retrouvailles, des délicieux repas... Et même des chansons, tiens. Beaucoup de joie.
Et une très belle surprise le soir du 27. Ca s'est joué de peu, mais je me suis fait avoir comme un rat... Excellente soirée parmi deux poignées d'amis qui comptent énormément. Ma chérie en a une fois de plus épaté plus d'un par ses fabuleux talents culinaires. Que du bonheur.


- Je suis donc entré dans la dernière année des 20. La trentième. La règle du "années paires = ça casse; années impaires = ça passe" se vérifie: je le vis plutôt bien. De toute façon, je ne fais pas mon âge. *ouais c'est ce que je dis chaque année*
Dieu que le temps passe vite.

- En musique j'ai de quoi tenir quelques temps, grâce à deux très beaux objets: les Chefs-d'oeuvres de la Musique Sacrée, compilation de 29 CD pour 70 oeuvres concoctée par Harmonia Mundi, des premiers chants chrétiens du Moyen-Âge à Leonard Bernstein.

L'autre boîte à trésors, c'est l'intégrale des albums des Beatles, entièrement remasteriés. Les pochettes, reproductions archi-fidèles des pochettes 33 tours d'antan, sont soigneusement rassemblées dans un beau coffret noir, une pomme verte au milieu. Du beau travail.

Des Beatles, je ne connaissais que les best-of, le "rouge" et le "bleu", plus quelques titres par-ci par-là. Depuis longtemps je désirais découvrir les albums. Voilà qui est fait. Et quel bonheur! Non seulement je découvre une masse de chansons que je ne connaissais pas, mais cette intégrale permet également de mieux saisir l'évolution musicale de ces génies. Des premiers twists & shouts aux dernières bandes "spectorisées" de Let it Be. Les chefs-d'oeuvres s'enfilent... Help!, Rubber Soul, Revolver, Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, le "white album", Abbey Road, et j'en passe... Une mine d'or.

- Le live de Bashung, Dimanches à l'Elysée, c'est du solide aussi.

- Brothers, de Jim Sheridan.

Tommy et Sam sont frères. Le premier sort de prison, le deuxième part à la guerre. Tommy essuie les réprimandes de son père et retrouve le droit chemin en se prenant d'affection pour la petite famille de Sam. Mais un jour, Sam est porté disparu et déclaré mort. Le deuil est difficile. Sauf que Sam a survécu, s'est fait prisonnier et vit l'enfer entre les mains des Talibans. Grace et Tommy se rapprochent doucement et, en guise de consolation, s'imaginent peut-être une nouvelle vie ensemble. Un jour, Sam revient...
C'est là que le drame révèle sa vraie nature. Ce qui s'annonçait comme un triangle amoureux avec des cris et des pleurs se revèle comme un drame aussi simple que terrible sur les ravages de la guerre. Sam, traumatisé à vie par un événement devenu secret inavouable, ne sait plus vivre comme avant et s'enferme dans la culpabilité, l'autopunition. De leur côté, Grace et ses enfants doivent réaccepter le présence de celui qu'ils pensaient disparu. Il y a bien des cris et des pleurs, mais le drame est mené avec tact et transcendé par un trio de comédiens au sommet de leur talent. Tobey McGuire s'en sort bien dans son rôle le plus sombre à ce jour. Natalie Portman irradie l'écran, une fois de plus, mais la palme va a Jake Gyllenhaal, qui à mes yeux n'a jamais été aussi bon. La direction d'acteurs s'admire également chez les enfants. La gamine, toujours au bord des larmes, a un côté crispant, jusqu'à ce qu'elle finisse par te clouer le bec, lors de la scène du ballon.
Avec ce remake d'un film suédois, Jim Sheridan signe un drame bouleversant mais néanmoins retenu. Qui s'arrête au bon moment. *Prévoir Kleenex en cas de besoin*

mardi 22 décembre 2009

Singing in the snow

- Rose, au Botanique.

Une de mes découvertes musicales de l’année, grâce à mademoiselle. Jamais je n’aurais cru apprécier la musique de cette chanteuse, que je classais sur un gros a priori parmi tous ces artistes de la "nouvelle vague française" qui fait de la soupe aux navets. De mon côté je lui ai fait découvrir Avatar, qu’elle déclare comme son « film préféré de l’année ». Comme quoi !


Tout le monde connaît au moins une chanson de Rose : "La Liste", son tube international, où elle établit simplement « la liste des choses que je veux faire avec toi. » Mignon comme tout.

Beaucoup de choses me plaisent chez Rose :

- Sa voix. C'est ce que je préfère avant toute chose.
- C’est une "auteur/compositeur/interprète". Comme tant d’autres, me direz-vous, mais ça augmente clairement son capital sympathie.
- Ses textes sont plutôt bons. Oscillant entre tendresse et espièglerie, ils sont teintés de douceur et de douleur, de mélancolie et de nostalgie.
- Les compos sont également très agréables. Fan de Dylan et de Joplin, ses arrangements pop-folk laissent la part belle à la guitare, et laissent toujours une porte ouverte à toute influence, qu’elle soit d’origine jazzy, bluesy… ou simple variétoche française.


Sur scène, accompagné de quatre musiciens, le charme agit tout de suite. Humour, complicité, chaleur… Elle communique beaucoup avec le public (et inversément). Il faut dire que l’Orangerie est un salle qui s’y prête bien. Le ton est chaleureux et convivial, mais sait aussi se faire plus émouvant : sa version seule en scène de "De ma fenêtre", la plus belle chanson du dernier album (Les souvenirs sous ma frange), m’a flanqué de ces frissons… Bref, une très agréable soirée, 90 minutes en très charmante compagnie. Quand il fait -10° dehors, ça fait du bien.



- A propos de concerts, les nôtres se sont très bien passés. Jeudi nous avons eu quelques désistements à cause de l’apocalypse snow, y compris chez les choristes. Vendredi, par contre, c’était rempli tout plein. Ca fait plaisir.

Je repense aux ronchonneries (souvent fondées) des uns des autres, principalement liées au délais (seulement 3 mois pour se préparer) et au chef de l’autre chorale (aux méthodes radicalement opposées à celle de notre chef). Finalement, nous avons livré deux prestations de qualité. Le public fut ravi, et nous avons pris notre pied sur scène. Le Gloria de Vivaldi a roulé comme sur des roulettes… Un peu trop ! Le deuxième soir il y a eu, faute de concentration, un ou deux faux départs – normalement passés inaperçus. The King Shall Rejoice de Haendel a bien claqué aussi, bien que ce fut celui que je maîtrisais le moins. Hormis les pages 32 et 33 où je dû me résoudre à faire le poisson (Dieu que c’est gênant), chanter cette œuvre est un vrai plaisir. Mais le clou du spectacle fut bien sûr le Psaume 42 de Mendelssohn. Quelle splendeur. Le premier mouvement, "Wie der Hirsch schreit", me renverse totalement… Le tout est de ne pas trembler d’émotion tout en chantant. Le chœur de femmes en dialogue avec la soprane est magique. Dur de se taire à ce moment-là. Les femmes pensent apparemment la même chose quand nous faisons à notre tour notre chœur d’hommes, qui fait toujours son petit effet. Puis vient le "Schlusschor", cette fugue extraordinaire qui clôt l'oeuvre de façon magistrale. Dernière occasion pour donner tout ce qu’on a dans les tripes… Ce final figure parmi mes moments les plus forts vécus en concert.
J’émettrai juste une petite réserve pour la voix du haute-contre, ainsi que pour la soliste japonaise, moins convaincante que la roumaine, magnifique. L’acoustique de l’église n’était pas non plus des plus optimales. Ceux du fond ont eu moins de chance que ceux du premier rang.
Maintenant, c’est pause… Reprise en janvier, pour réattaquer le Messie !


- The Informant!, de Steven Soderbergh.

Soderbergh tourne plus vite que son ombre. Cette année, trois de ses films sont sortis sur nos écrans : le dyptique du Che et celui-ci. The Girlfriend Experience n’est pas sorti chez nous (mais bien en France). Peut-être pour 2010...
Basé sur une histoire incroyable-mais-vraie, cet Informant raconte une espèce de grosse arnaque, pots de vin et fraude fiscale, de magouille et compagnie et politico-je-ne-sais-pas-tout-quoi. Matt Damon, grossi de 15 kilos et moustachu, joue un personnage truculent mais ambigu qui fricote avec le FBI, des avocats, ses supérieurs. L’intrigue est donc amusante mais très touffue, ça papote et ça papote, et il est difficile de s’y retrouver dans ce ramassis de mensonges, coups-bas et coups montés. On finit néanmoins par s’attacher au personnage. Mais quand arrive la révélation, tout à la fin, on ne peut s’empêcher de s’être un peu fait avoir – dans les deux sens du terme. Reste le casting parfait et dominé par un Matt Damon génial, un look ringard assez sympa (les cravates de Matt Damon... magnifiques). Mais on garde finalement peu de souvenirs de ce film plutôt mineur dans la filmo toujours passionnante de Steven Soderbergh.

lundi 21 décembre 2009

Le Nouveau Monde

Avatar, de James Cameron.


Malgré sa paralysie, Jake Sully, un ancien marine immobilisé dans un fauteuil roulant, est recruté pour se rendre à des années-lumière de la Terre, sur Pandora, où de puissants groupes industriels exploitent un minerai rarissime (sans doute destiné à résoudre la crise énergétique sur Terre). Parce que l'atmosphère de Pandora est toxique pour les humains, ceux-ci ont créé le Programme Avatar, qui permet à des "pilotes" humains de lier leur esprit à un avatar, un corps biologique commandé à distance, capable de survivre dans cette atmosphère létale. Ces avatars sont des hybrides créés génétiquement en croisant l'ADN humain avec celui des Na'vi, les autochtones de Pandora. Sous sa forme d'avatar, Jake peut de nouveau marcher. On lui confie une mission d'infiltration auprès des Na'vi, devenus un obstacle trop conséquent à l'exploitation du précieux minerai. Mais tout va changer lorsque Neytiri, une très belle Na'vi, sauve la vie de Jake... (synopsis Allocine.fr)

Le voici le voilà. Onze ans après Titanic, James Cameron revient avec, une fois de plus, le film le plus cher de l'Histoire du cinéma (dit-on). Qu'est-ce que ça vaut? Certaines critiques encensent, d'autres descendent... Essayons de faire la part des choses à tête reposée.


Effectivement, le film ne brille pas par son scénario : l’histoire rappelle de manière trop évidente celle de Pocahontas et John Smith, les dialogues ne sont pas toujours bons, les personnages ne sont pas tous aboutis, la culture des extraterrestres (les Na’vi) déçoit légèrement (trop de clichés)... Cameron ne s’est visiblement pas encombré d’un scénario intello-fumeux à la Matrix, et même s'il a imaginé un monde de A à Z, il n'a rien inventé. Tout est en quelque sorte "déjà vu", par-ci par-là... Les rabat-joie ont de quoi se faire les dents.

Pourtant, Avatar offre bel et bien du "jamais vu", et s'avère un spectacle franchement incroyable. Ne vous fiez pas aux bandes-annonces et photos vues sur le web : visuellement, le résultat est simplement extraordinaire. Avatar, si du moins on le voit dans des conditions optimales (3D obligatoire!), se dévore d’un bout à l’autre les yeux écarquillés, l’air ébahi, la bouche bée. C’est à tomber par terre. Nombreux sont les films qui ont déjà montré des interactions très convaincantes avec des personnages numériques (Gollum, c’était quelque chose), et l’on voit aujourd’hui des fabuleuses incrustations d’images de synthèse dans les images réelles (District 9, dernier - et meilleur – exemple en date). Mais avec Avatar, le rendu des images de synthèse a atteint ici le stade de la fusion ultime. On ne voit plus la différence entre pixels et images réelles, à tel point que lors de la projection, la magie s’opère : on ne se pose plus la question. Nous sommes "entrés dans le monde", comme le dit l’affiche. Pour cela, le film fait indiscutablement date dans l'histoire des effets spéciaux. Certains parlent d'une date dans l'histoire de l'esthétique au cinéma. Attendons de prendre un peu de recul, mais il est clair qu'on sort de la projection avec l’impression d’avoir vu le cinéma faire un bond en avant. Une impression d'autant plus euphorisante qu'elle nous est offerte à l’aube de la nouvelle décennie. A ce niveau-là, le film tient donc ses promesses. Là-dessus, on pouvait compter sur James Cameron, féru depuis toujours de nouvelles technologies et pionniers des effets spéciaux modernes (rappelez-vous le T-1000 de Terminator 2 ou la reconstitution du naufrage du Titanic).

Ainsi, malgré une intrigue relativement faible (d’autant plus que quelques coupures se font ressentir ici et là – la version longue ça sera pour le DVD) et les quelques clichés, Cameron assure le spectacle, et s'éclate tant que possible dans son élément: le cinéma-spectacle, le plus diverstissant qui soit. Outre la découverte émerveillée de la planète Pandora, on y compte les scènes mémorables, toutes magnifiées par une 3D ultra immersive mais jamais ostentatoire. Toute la phase d’apprentissage de Jake, notamment le dressage des Ikran, est fabuleuse. Avant, il y a cette scène jouissive où Jake se réveille pour la première fois dans son avatar, et retrouve le plaisir de courir sur ses deux pieds. La guerre de la dernière demi-heure, qui sort la grosse artillerie, vaut son pesant de spectacle. Malgré les soucis de scénario déjà évoqués, il y a de quoi pétrir les accoudoirs de fauteuils jusqu’à la fin. Les 2h40 passent comme une lettre à la poste.

Dans Avatar, Cameron nous raconte que l’Histoire de l’humanité se répète sans cesse : même dans deux sciècles, il y aura toujours des hommes pour en persécuter d'autres et leur prendre ce qu’ils possèdent, de céder à la violence quand la diplomatie ne fonctionne pas. Il y aura toujours des hommes avides de conquête, de pouvoir, d’argent (peu importe de savoir, d'ailleurs, à quoi peut bien servir cette si précieuse rocaille bleue, avatar futuriste de l’or, du pétrole…). Le discours a beau être toujours d’actualité, c'est ailleurs que le film passionne: l’œuvre mutante qu’est Avatar puise beaucoup de son sens et de sa raison d’être dans son simple dispositif esthétique - bien plus que dans son histoire de cow-boys et indiens. Son esthétique de "fusion", s’avère en effet porteuse d’idées passionnantes, à commencer par l’idée de base du film : le principe de l’avatar. Quoi de plus normal, dans un monde où le pixel est confondu avec le réel, que de pouvoir "se connecter" dans la peau d’un autre pour passer d’un monde à l’autre ? Mais à l’inverse de Matrix, où le monde réel était opposé au monde numérique, Avatar fusionne les deux en proposant une alternative à la fois virtuelle/électronique et charnelle/biologique: pixels et molécules sont à pied d’égalité. Dans ce décor de pixels invisibles, la lutte entre la technologie et nature peut avoir lieu. En point d’orgue de cette lutte, on assiste à un combat au corps à corps plus vrai que nature entre l’envahisseur et l’envahi (mais chacun est l’alien de l’autre), le premier contrôlant son exosquelette guerrier, le deuxième contrôlant son animal grâce au réseau de "connexions" qui existe entre tous les êtres vivants de Pandora (qui rappelle à la fois réseau électrique et réseau neurologique).
Evoquons pour finir le parcours du personnage de Jake. Il ouvre les yeux à deux reprises : la première fois quand le film commence, la deuxième fois quand il se termine (mémorable dernier plan). La première fois dans sa peau d’humain, ayant quitté son ancienne vie, la deuxième fois dans la peau de son avatar, nouvelle naissance dans un nouveau monde. La transition est faite.




PS : Blâme public pour James Horner, qui s’auto-caricature et avec une BO qui manque cruellement d’originalité. Dans un projet qui a déployé tant d’efforts de création, je trouve ça assez scandaleux.

vendredi 18 décembre 2009

Terre des Hommes

Les Piliers de la Terre, de Ken Follett.

C’était le moment propice pour le lire. Ce grand classique de la littérature a été écrit il y a tout juste 20 ans. Cette année a aussi débuté le tournage de l’adaptation en série télé, une grosse production (il faut bien ça) qui sera diffusée fin 2010. Une excellente initiative, s'appuyant d'une part sur le succès encore vivace des séries télé, d'autre part sur la qualité du matériau de base, qui se prête(ra) parfaitement au format. Les Piliers de la Terre – pour ceux qui l’ignoreraient encore - c’est tout simplement une énorme saga, une grande fresque romanesque qui s’étale sur plus de 50 ans, dans l’Angleterre du XIIe siècle. Les intrigues, qu'il serait vain de vouloir résumer ici, s’entremêlent inlassablement, les rebondissements n’en finissent pas…

Follett a bâti son histoire monumentale comme on bâtit une cathédrale : pierre par pierre. L’auteur a parfaitement su construire son récit : la mise en place (qui alterne savamment le point de vue des différents prota- en antagonistes), les événements clés, les nombreuses ellipses. Le lecteur, irrésistiblement embarqué dans cette aventure, vibre non stop pour les personnages, plus vrais que nature. Avec sa précision de langage et son ton distancié, l’auteur trouve toujours les mots justes pour décrire les choses à la perfection : qu’il s’agisse, par exemple, du travail purement manuel d'un tailleur de pierre, ou d’un état d’âme d'un homme de Dieu tiraillé entre service divin et ambition personnelle.

Une caractéristique dont chaque lecteur se souviendra: l'auteur semble parfois prendre un malin plaisir à malmener ses héros (c’est incroyable le nombre de malheurs qui s’enchaînent *bon, OK, c’est le Moyen-Âge*). Aux deux-tiers environ survient d’ailleurs un événement tellement tragique que c’est un vrai coup dur à encaisser. J’ai mis quelques pages à faire le deuil. On se doute bien que tout se terminera bien, mais entretemps, le chemin est parsemé d’épreuves.

L’autre atout des Piliers, outre son histoire de dingue, c’est sa valeur quasi-documentaire. Bien que les villes et événements historiques soient fictifs, Ken Follett a effectué préalablement un solide travail d’historien pour ancrer son roman au plus profond dans le réel. C’est toute une société qui est décrite ici dans les moindres détails. Tout un mode de vie. Toute une époque. Vraiment, on s’y croirait.

Finalement Les Piliers de la Terre nous parle des hommes. De leur capacité à construire et à détruire, à aimer et à haïr, à vivre pour l’autre, à vivre pour soi.
Enfin bref, il y a de quoi épiloguer sur ce pavé... Chaudement recommandé dans tous les cas.

Quand je lis un roman, j’aime souvent me faire mon petit casting personnel. Celui-ci, dans lequel on suit au plus près une foule de personnages, s’y prêtait particulièrement bien. Alors bien souvent, il s’agit d’acteurs, connus ou moins connus, stars ou perdus de vue. Voici, pour le fun, les visages qui m’ont accompagné pendant 1050 pages :


Dans le rôle de Tom le bâtisseur, je ne vois personne d'autre que Viggo Mortensen. Valentina Vargas ferait une parfaite Ellen.


Le Prieur Philip, c'est Gabriel Byrne. Son frère Francis, Edward Norton (le mec qui a disparu des écrans).


Aliena, personnage sublime, ne pouvait être que Natalie Portman. Dans le rôle de Jack, je voyais Jamie Bell avec des cheveux roux.


William Hamleigh, le méchant ultime, le Diable incarné, c'est forcément Klaus Kinski. Son accolyte Walter, un truc style Dolph Lundgren.



Pour Waleran, j'ai piqué l'idée au casting de la série télé: Ian McShane (mais en plus maigre alors). Pour Jack Shareburg, c'est Mckenzie Crook.


Pour Johnny Huit Pence, un visage s'est imposé d'emblée, venu des Visiteurs (Eric Averlant, il s'appelle). Paul Giamatti, un des acteurs de cette décennie, campait le puant Remigius.


Voici Agnès (Missy Doty) et Jonathan adulte (Ashton Holmes).


Pour l''affreux Alfred, un Ryan Gosling pas propre. Pour Martha, un visage repéré dans There Will Be Blood (Sydney McCallister).

Encore un visage du casting de la série: Donald Sutherland dans le rôle de Bartholomew. Richard adulte, c'est Wes Bentley.


Sean Bean est nickel pour le Roi Stephen. Dans le rôle de Maud, je voyais Kristin Scott Thomas, mais en plus jeune.


Pour Percy et Regan Hamleigh, je voyais Bruce McGill et Emma Thompson version Nanny McPhee.

mercredi 16 décembre 2009

Aquarium

- Un bond en avant lors de la dernière répé Canto XX4. Il y a des choses qui se mettent en place dans La belle e(S)t la Bête. Le filage complet de l’œuvre, une première, a donné un semblant d’aperçu du résultat final. Désormais on va pouvoir commencer à bien s’amuser… Bonne nouvelle : nous chanterons la pièce également en France, à Vaison la Romaine, le 3 août prochain. A Bruxelles, ce sera au Conservatoire, le 29 mai. J’en reparlerai de toute façon !

- Ce soir et demain, nous donnons notre concert de Noël. Le Mendelssohn s'annonce mémorable. Le Vivaldi, c'est piece of cake. Pour le Haendel, par contre, je tâcherai de ne pas trop faire le poisson dans le premier mouvement. Une dernière consigne, la plus importante : prendre son pied.

- Hier soir, j’ai terminé Les Piliers de la Terre. Après plusieurs mois d'immersion (1050 pages, quand même!), un mot me vient d’emblée à l’esprit : monumental. Bientôt, un petit compte-rendu illustré.

- Moon, de Duncan Jones

Sam Bell est employé par Lunar Industries pour exploiter les ressources minières de la Lune et les renvoyer sur Terre. Cohabitant seul avec une intelligence artificielle (un sympathique cousin de HAL 9000), son contrat de 3 ans touche à sa fin et il lui tarde de rentrer chez lui, retrouver sa femme et sa fille, née alors qu'il était déjà parti. Seulement, tout déraille lorsqu'il a un accident sur l'un des sites miniers et se réveille à l'infirmerie sans savoir comment. A ses côtés, un autre lui-même.
Si Duncan Jones a choisi rien de moins que la lune pour décorer de son premier film, c’est qu’il avait une bonne histoire à raconter. Sur un ton aigre-doux, le film adopte un rythme tranquille mais ne perd pas de temps : les nombreuses surprises du scénario se font peu attendre. Tandis qu’on s’attend à une énième lutte entre humains et intelligence artificielle, Moon dévoile petit à petit une réflexion intelligente et émouvante sur le clonage.
« Petit film », Moon n’est pas modeste qu’en apparence : il refuse toute prétention et assume son petit budget. Certes, une plus grosse production aurait donné plus d’ampleur ou de magnificence à ce joli conte, mais en l’état, les décors et effets spéciaux sont réussis. Le trop rare Sam Rockwell (qui a dû se sentir bien seul sur le plateau) est une fois de plus parfait. Duncan Jones et le fils de David Bowie, mais c’est à Clint Mansell qu’il a confié la BO. Le style prononcé de ce dernier (Requiem for a Dream, The Fountain) renforce l’ambiance mystérieuse du film. Une bien agréable surprise.

- Fish Tank, de Andrea Arnold

Mia, quinze ans, n’a pas d’amis, pas de père, ne va pas à l’école. A la maison (clapier à lapins miteux dans un ghetto, quelque part en Angleterre) les insultes fusent avec sa jeune sœur et sa mère irresponsable et alcoolique, qui la déteste. Puis un jour, elle se lie d'affection avec Connor, beau mec ramené par sa mère. Il est gentil et il sait l’apprivoiser. Il la pousse même à concourir pour un concours de danse (seule passion da la jeune fille). Un lien se crée, mais il est ambigu: figure paternelle ou amant ?
Par le sujet et l’ancrage social, on pense à Ken Loach. Par la sécheresse de ton et la vivacité de la mise en scène (la caméra qui colle au cœur et aux corps), on pense également aux Dardenne. D’honorables comparaisons qui n’occultent en rien la vraie personnalité de ce film prenant et touchant, admirablement mis en scène et éclairé, porté par une poignée d’acteurs remarquables : Michael Fassbender est une fois de plus impeccable, Katie Jarvis est épatante, et on y retrouve avec bonheur l’excellente Kierston Wareing, déjà découverte dans It’s a Free World de Loach. Andrea Arnold évite les clichés du film social et fuit tout misérabilisme : on vibre d’autant plus pour les personnages. La mise en scène, par son rapport au corps, se fait très sensorielle, et malgré son cachet « brut », elle s’échappe de temps à autre vers des moments de pure grâce, où la profondeur de champ se rétrécit, où les corps se portent et se frôlent, où l’on n’entend plus que les respirations, les cœurs qui battent. C’est peut-être un poil longuet, mais ce Fish Tank est un des plus beaux films de l’année. (Prix du Jury à Cannes, mérité)

mardi 15 décembre 2009

Ian


Idel Ianchelevici, dit « Ian » pour les intimes, est un artiste au cœur d’or et au talent immense. S’il n’est – malheureusement – pas très connu du grand public, quelques-unes de ses sculptures font ici et là partie intégrante du paysage, comme Le Plongeur à Liège, L’Appel à l’entrée de la ville de La Louvière (qui abrite également un musée qui lui est consacrée), ou encore la Petite cracheuse, à Bruxelles.
Né en Roumanie en 1909, Ianchelevici est arrivé en Belgique en 1928, où il s’est naturalisé belge en 1945. Peu après, il part s’installer à Maisons-Laffitte, en France, où il s’étendra en 1994.

Ian a sculpté sans cesse. Tous les jours de sa vie. Suivre l’évolution de son œuvre est assez passionnant, des assemblages en plâtres (rugueux, criards) aux œuvres taillées directement dans le marbre blanc (éthérées et poétiques) en passant par ses gigantesques édifices de ciment ou de bronze. De petite taille, le sculpteur avait un goût prononcé pour le monumental.

Le Plongeur

L'Appel


La petite cracheuse

Ianchelevici était également un remarquable dessinateur. Vu le nombre (des milliers…) et la qualité de ses dessins, on aurait presque pu croire que c’était son activité principale. De plus, son œuvre dessiné est totalement séparé de son œuvre sculpté – les dessins ne servaient aucunement de préparation à la sculpture. Partisan de la ligne claire et du geste juste, ses dessins sont des esquisses délicates et évanescentes, prises sur le vif. En quelques traits ininterrompus apparaissent une silhouette, un visage, une attitude, un paysage… Autant d’instantanés emplis de vie et de rêverie.




A l’occasion du 100ème anniversaire de la naissance de l’artiste, un magnifique ouvrage est paru aux éditions Bernard Gilson. Conçu par trois experts de l’artiste (Bernard Balteau, Luc Norin et Helmi Veldhuizen), Ianchelevici - le dessin ininterrompu offre une compilation minutieuse de dessins, regroupés par thème et agrémentés de témoignages éclairants.


2009 fut aussi l’année de production d’un nouveau documentaire sur lanchelivici, réalisé par Bernard Balteau. Ianchelevici – une vie à l’œuvre retrace à la fois le parcours artistique et biographique de l’artiste. Rigoureusement documenté, le film est un vibrant hommage à l’homme qu’il était et aux œuvres qu’il nous a laissées. Le réalisateur (épaulé par son caméraman/monteur) donne tant la parole aux experts et tous ceux qui l’ont connu qu’aux sublimes statues et dessins. L’équipe est également partie en Roumanie capter les atmosphères dans lesquelles Ian a vécu les vingt premières années de sa vie. Ce très beau documentaire a été projeté le 11 décembre au Musée Ianchelevici de La Louvière, et sera prochainement diffusé sur la RTBF, coproducteur du film. Le DVD est en vente au musée.

samedi 12 décembre 2009

Aimé de Dieu




- Salieri: Leave me alone.
- Father Vogler: I cannot leave alone a soul in pain.
- Salieri: Do you know who I am?
- Father Vogler: It makes no difference. All men are equal in God's eyes.
- Salieri: ...Are they...?

Il y a 30 ans, le 2 novembre 1979, Amadeus se jouait pour la première fois au Théâtre National de Londres. La pièce de Peter Shaffer fut un tel succès qu’elle fut adaptée cinq ans plus tard au cinéma, sous la direction du tchèque Milos Forman, réalisateur du Vol au dessus d’un nid de coucou. Shaffer et Forman ont passé des mois à adapter la pièce pour accoucher du scénario idéal. Le résultat est un réel chef-d’œuvre, un grand classique 8 fois oscarisé. Forman fera d’autres grands films (Man on the Moon, c’est lui), mais ne fera jamais aussi bien.
Ce film fait partie de ma vie, il fait partie de moi. Un matin – je devais avoir 10 ou 11 ans, je ne sais plus – je passe par la salle de bains de mes parents pour leur dire au revoir avant de partir à l’école. Ma mère me dit alors avec un sourire malicieux : « Hier nous avons enregistré un film pour toi. » Connaissant mon amour grandissant pour la musique classique et les films, ils avaient visé juste. Trop jeune évidemment pour saisir tous les ressorts dramatiques, la première vision fut néanmoins un choc. J’étais fasciné, captivé. La VHS a tourné énormément.

Des années plus tard, j’ai redécouvert le film lors d’un de mes cours, où l’on étudiait « l’unité filmique ». La seule branche de première candi où je n’ai manqué aucun cours. Cette analyse précise n’a fait que confirmer ce que je pensais depuis toujours : ce film est extraordinaire. Ajouté à cela le label « film de mon enfance », je me plais depuis lors à dire qu’Amadeus est « mon film préféré ». Mais ce n’est finalement que la réponse toute faite que je donne à ceux qui me poseraient encore la question.

Je le revois environ une fois par an. Comme tous les grands films, Amadeus défie le temps. Il ne prendra jamais une ride. Parce que l’œuvre est un immense accomplissement esthétique et artistique, et parce qu’elle touche à ces choses en l’homme qui sont universelles. Eternelles. L’amour du beau, la jalousie, le besoin de reconnaissance, l’égoïsme… Et une des plus terribles inventions de l’homme : la fatalité.
L’idée de Peter Shaffer, pour cette histoire, est aussi simple qu’intelligente. Comment raconter la vie d’un des plus grands génies de l’Histoire ? Par les yeux d’un autre. Cet autre, à la fois narrateur et antagoniste, c’est Antonio Salieri, celui dont la rumeur – infondée – racontait qu’il avait assassiné Mozart. Installé à Vienne, Salieri a réalisé son rêve : il est le compositeur de la cour. Tout allait bien, "jusqu’à ce qu’il arriva…" Salieri se verra très vite écartelé, jusqu’à la folie, entre l’admiration infinie pour la musique "miraculeuse" de Mozart et la jalousie noire de haine. Il ruinera sa carrière… mais ne pourra s’empêcher de suivre de près son travail. Il fera tout pour qu’il n’y ait que 5 représentations de Don Giovanni… mais assistera en cachette à chacune d’entre elles, terrassé par tant de beauté. Simple conflit porté par la jalousie ? Non. L’idée géniale, dans cette histoire, c’est que le conflit n’a pas lieu entre Salieri et Mozart, mais bien entre Salieri… et Dieu. Convaincu que Mozart écrit sous inspiration divine, Salieri deviendra fou de rage et de jalousie de voir cette "créature" obscène et vicieuse dotée du talent divin, et non pas lui, le grand Salieri, qui a toujours consacré sa vie au Tout-Puissant, lui offrant vertu et chasteté. En guerre contre le divin, Salieri s’est juré de détruire Mozart.

Pour ficeler cette idée passionnante, Shaffer s’est forcément permis quelques libertés, tant de fantasmes réjouissants, tous habilement liés aux éléments biographiques authentiques. Le plus beau de tous vient à la fin. Le Requiem, dont le commanditaire fut effectivement inconnu, est ici commandé par un Salieri masqué, qui a l’intention de s’approprier l’œuvre… après avoir assassiné Mozart. A lui la gloire, la reconnaissance, la postérité… ! Dieu et son petit chouchou en auraient fini de rire de lui. Salieri aurait gagné. Evidemment, rien ne se passe comme prévu. Mozart meurt d’épuisement, laissant son Requiem inachevé, ignorant qu’il vivra dans les cœurs des mélomanes, pour l’éternité. « M’aimez-vous ? M’aimez-vous vraiment ? » demandait-il sans cesse. Aujourd’hui, la question fait sourire. Salieri, dans l’histoire de Peter Shaffer, terminera dans un asile, rongé par la culpabilité, torturé de voir son œuvre tomber petit à petit dans l’oubli. Il s’autoproclamera Saint Patron des Médiocres.

Dieu merci, le film biographique « ultime » sur Mozart s’écarte donc des chemins classiques et offre une histoire d’une puissance dramatique incroyable. Au-delà de ce brillantissime scénario - et malgré lui - le film reste bien sûr extrêmement intéressant sur le plan historico-biographique. La reconstitution d’époque (y compris le contexte sociopolitique) est minutieuse, et l’essentiel de la vie de Mozart, malgré les libertés déjà susmentionnées, y est rendue avec justesse et amour.


Et puis, on y voit Mozart composer, encore et encore, diriger ses opéras (encore un fantasme)… Notons au passage : son rire irritant n’est que pure fiction et fut rajouté par souci de dramaturgie ("That was God laughing at me. Through that obscene giggle.").

Le film ne serait en aucun cas une réussite si la direction musicale n’avait pas été à la hauteur. Quiconque s’intéresse à la musique au cinéma se doit d’étudier de fond en comble la musique dans Amadeus. Qu’elle soit diégétique (dans l’action), extra-diégétique (hors du film, officiant comme « musique de film ») ou mentale (celle qui est dans la tête des personnages), la musique de Mozart est partout : elle constitue un personnage à part entière. La scène où Mozart dicte le Confutatis à Salieri est un pur moment d’anthologie. Cette scène-là, pur fantasme, c’est du cinéma à l’état brut, touché par la grâce. C’est la perfection.






Et maintenant je me tais.



- Concert de Noël J-5… Il reste des places ! Ah, j’ai hâte d’y être.

- Avatar, qui sort sur la planète Terre mercredi prochain, ce sera pour après. J’irai samedi prochain. Les premiers échos sont enthousiastes, et parlent d’une expérience visuelle jamais vécue auparavant. Ca va tuer.

- Deux bons blogs découverts :


Un blog photo spécial Noël! Flippant... (et ça me fait pleurer de rire)


Un blog BD culinaire à mettre illico dans ses favoris. C'est plein de bons conseils et puis c'est rigolo. Signé Guillaume Long, pour Le Monde.

dimanche 6 décembre 2009

Lumières








Jean dessinant, un tableau que j'adore.
Petit week-end en duo à Paris, à flâner sur les boulevards et dans les petites rues, à se raper les jambes parmi des foules de gens dans les grands magasins et les musées (Renoir au XXe siècle fut remarquable), à se moquer des kitscheries de Noël...
Ouhlà... Ne pas oublier de penser aux cadeaux de Noël. *C'est noté*