mercredi 16 décembre 2009

Aquarium

- Un bond en avant lors de la dernière répé Canto XX4. Il y a des choses qui se mettent en place dans La belle e(S)t la Bête. Le filage complet de l’œuvre, une première, a donné un semblant d’aperçu du résultat final. Désormais on va pouvoir commencer à bien s’amuser… Bonne nouvelle : nous chanterons la pièce également en France, à Vaison la Romaine, le 3 août prochain. A Bruxelles, ce sera au Conservatoire, le 29 mai. J’en reparlerai de toute façon !

- Ce soir et demain, nous donnons notre concert de Noël. Le Mendelssohn s'annonce mémorable. Le Vivaldi, c'est piece of cake. Pour le Haendel, par contre, je tâcherai de ne pas trop faire le poisson dans le premier mouvement. Une dernière consigne, la plus importante : prendre son pied.

- Hier soir, j’ai terminé Les Piliers de la Terre. Après plusieurs mois d'immersion (1050 pages, quand même!), un mot me vient d’emblée à l’esprit : monumental. Bientôt, un petit compte-rendu illustré.

- Moon, de Duncan Jones

Sam Bell est employé par Lunar Industries pour exploiter les ressources minières de la Lune et les renvoyer sur Terre. Cohabitant seul avec une intelligence artificielle (un sympathique cousin de HAL 9000), son contrat de 3 ans touche à sa fin et il lui tarde de rentrer chez lui, retrouver sa femme et sa fille, née alors qu'il était déjà parti. Seulement, tout déraille lorsqu'il a un accident sur l'un des sites miniers et se réveille à l'infirmerie sans savoir comment. A ses côtés, un autre lui-même.
Si Duncan Jones a choisi rien de moins que la lune pour décorer de son premier film, c’est qu’il avait une bonne histoire à raconter. Sur un ton aigre-doux, le film adopte un rythme tranquille mais ne perd pas de temps : les nombreuses surprises du scénario se font peu attendre. Tandis qu’on s’attend à une énième lutte entre humains et intelligence artificielle, Moon dévoile petit à petit une réflexion intelligente et émouvante sur le clonage.
« Petit film », Moon n’est pas modeste qu’en apparence : il refuse toute prétention et assume son petit budget. Certes, une plus grosse production aurait donné plus d’ampleur ou de magnificence à ce joli conte, mais en l’état, les décors et effets spéciaux sont réussis. Le trop rare Sam Rockwell (qui a dû se sentir bien seul sur le plateau) est une fois de plus parfait. Duncan Jones et le fils de David Bowie, mais c’est à Clint Mansell qu’il a confié la BO. Le style prononcé de ce dernier (Requiem for a Dream, The Fountain) renforce l’ambiance mystérieuse du film. Une bien agréable surprise.

- Fish Tank, de Andrea Arnold

Mia, quinze ans, n’a pas d’amis, pas de père, ne va pas à l’école. A la maison (clapier à lapins miteux dans un ghetto, quelque part en Angleterre) les insultes fusent avec sa jeune sœur et sa mère irresponsable et alcoolique, qui la déteste. Puis un jour, elle se lie d'affection avec Connor, beau mec ramené par sa mère. Il est gentil et il sait l’apprivoiser. Il la pousse même à concourir pour un concours de danse (seule passion da la jeune fille). Un lien se crée, mais il est ambigu: figure paternelle ou amant ?
Par le sujet et l’ancrage social, on pense à Ken Loach. Par la sécheresse de ton et la vivacité de la mise en scène (la caméra qui colle au cœur et aux corps), on pense également aux Dardenne. D’honorables comparaisons qui n’occultent en rien la vraie personnalité de ce film prenant et touchant, admirablement mis en scène et éclairé, porté par une poignée d’acteurs remarquables : Michael Fassbender est une fois de plus impeccable, Katie Jarvis est épatante, et on y retrouve avec bonheur l’excellente Kierston Wareing, déjà découverte dans It’s a Free World de Loach. Andrea Arnold évite les clichés du film social et fuit tout misérabilisme : on vibre d’autant plus pour les personnages. La mise en scène, par son rapport au corps, se fait très sensorielle, et malgré son cachet « brut », elle s’échappe de temps à autre vers des moments de pure grâce, où la profondeur de champ se rétrécit, où les corps se portent et se frôlent, où l’on n’entend plus que les respirations, les cœurs qui battent. C’est peut-être un poil longuet, mais ce Fish Tank est un des plus beaux films de l’année. (Prix du Jury à Cannes, mérité)

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