- J'ai lu: Le Liseur, de Bernhard Schlink. Quel superbe roman. L'écriture arrive a cerner parfaitement, et délicieusement d'ailleurs, les diverses interrogations du narrateur. J'adore quand un auteur se met dans la peau de son personnage qui entreprend l'écriture d'un livre. Le "je", ici, c'est Michael, qui se remémore les différentes étapes de son histoire avec Hanna, une ouvreuse de tramway, de 20 ans son aînée. Leur rencontre quand il en avait 15 et elle 35, leur liaison passionnelle, les lectures, le procès, le secret... Je ne peux en dire plus pour ne pas trop en dire. Ce récit de souvenirs propose à la fois un flot de sensations (l'histoire d'amour charnelle avec Hanna), un regard sur le passé (les camps), une mine de réflexions sur la justice, la trahison, la culpabilité... Schlink est juge de profession, et cela se voit. Son histoire est brillamment agencée, finement décrite, pleine de subtilité, de profondeur, de mystère. Et au final, d'émotion à te tordre la gorge. A mettre entre toutes les mains!
J'ai hâte de découvrir l'adaptation que Stephen Daldry (Billy Elliott, The Hours) a réalisée, et qui sortira d'ici quelques semaines dans les salles. Kate Winslet, qui joue Hanna, a décroché le Golden Globe (et même un deuxième pour Revolutionary Road). C'est son année! Le nombre affolant de nominations toujours pas converties faisait peine à voir. L'Oscar, c'est cette année. Je parie.
- Claude Berri et moi: c'est d'abord le réalisateur de deux films de mon enfance, dont j'ai usé, réusé et abusé les VHS: Jean de Florette et Manon des Sources, chef-d'oeuvres du cinéma français, un monument du drame familial. Réalisaeur aussi du jubilatoire Cinéma de Papa, du superbe Tchao Pantin et du délicieux Ensemble c'est tout, un de mes feel-good movies préférés. C'est aussi le respect pour ce producteur de talent qui avait un flair incroyable, des couilles, et les moyens de produire simultanément une comédie populaire multimillionnaire (Bienvenue chez les Ch'tis) et un film d'auteur multicésarisé (La Graine et le Mulet). Toujours avec ce goût du risque, il alternait ainsi les comédies (Gazon Maudit, Les Trois Frères, Didier, les deux premiers Astérix) et films plus "auteur" (L'Amant et L'Ours de Jean-Jaques Annaud, La Reine Margot de Chéreau, Tess de Polanski, Amen de Costa-Gavras.) Un grand, grand monsieur qui s'en va. RIP.
Le fiston, Thomas Langmann (producteur en 2008 du dyptique sur Mesrine), a intérêt à ne plus toucher une caméra (Astérix aux Jeux Olympiques), et à prendre exemple sur… le cinéma de papa.
- Rattrappage 2008: The Visitor: Le pitch: Professeur d'économie dans une université du Connecticut, Walter Vale, la soixantaine (et veuf), a perdu son goût pour l'enseignement et mène désormais une vie routinière. Il tente de combler le vide de son existence en apprenant le piano, mais sans grand succès... Lorsque l'Université l'envoie à Manhattan pour assister à une conférence, Walter constate qu'un jeune couple s'est installé dans l'appartement qu'il possède là-bas : victimes d'une escroquerie immobilière, Tarek, d'origine syrienne, et sa petite amie sénégalaise Zainab n'ont nulle part ailleurs où aller. D'abord un rien réticent, Walter accepte de laisser les deux jeunes gens habiter avec lui.
OK, il y a eu le petit bouche-à-oreille casse-bonbons, mais j'y suis surtout allé pour Richard Jenkins, excellent acteur que je connais par ses apparitions chez les frères Coen, mais surtout par son rôle de Nathaniel Fischer, inoubliable paternel de Six Feet Under.
Et il est plus que parfait, bien sûr. Le film l'est beaucoup moins, mais reste tout à fait honorable. Il y a un manque d'envergure flagrant dans la forme, et on peut tiquer sur l'une ou l'autre chose (les ressorts dramatiques éculés, le surlignane au fluo jaune *film post 9/11*, le gros miscast de la mère de Tarek...), mais le film trouve sa force dans sa simplicité, son efficacité dans sa sobriété *c'est beau ce que je dis*. Ce n'est ni un gros mélo larmoyant, ni un film de société engagé, ni un Yes Man pour sexagénaires... Mais un joli mix de tout ça. Le final, même si on le sent venir, offre son moment Kleenex auquel il est difficle de résister. Quelques très beaux moments.
- The Duchess. Film de costumes 100% british, qui évoque, à la fin du XVIIIème, la vie publique/vie privée de Giorgiana, qui a fait l'erreur de sa vie en épousant cet enculé de Duc de Devonshire, homme sans coeur qui ne pensait qu'à son intérêt personnel, et particulièrement au cachet qu'un héritier mâle lui rapporterait. Mais pauvre, pauvre, pauvre Duchesse! Déjà elle ne fait que des filles, mais les seuls échanges avec son monstre de mari ne sont que chantages épouvantables, et tout outrage aux bonnes moeurs serait compromettant pour image publique, et en particulier son soutien politique pour celui qu'elle aime en secret... sans parler de sa meilleure amie qui devient l'a maîtresse du Duc. Bref, toute une histoire, je vous raconte pas. On sent clairement l'intention d'établir des ponts entre la société d'antan avec celle d'aujourd'hui, notamment dans tout ce qui est star-system, politique, potins, ragots, coups-bas et scandales. De très belle facture formelle et assez intéressant par sa dimension purement historique, The Duchess échoue malheureusment à nous émouvoir de la tragique histoire de cette pauvre mais courageuse Duchesse. Je suis plutôt réceptif à ce genre drame de pleureuses, mais là, que dalle.
Et puis il y a Keira Knightley, qui porte le film. Mais je n'arrive toujours pas à la trouver bonne actrice. Je crois avoir du mal avec son faciès, qui ici offre un festival de canines retroussées, de mentons tremblotants, de narines frémissantes. J'ai du mal. De dos, par contre, elle est magnifique. Ralph Fiennes s'en sort très bien comme d'habitude. Il sait camper le pire des psychopathes ou le type le plus humain du monde. Ici, son air pincé de gros connard frôle la caricature, mais dans le genre c'est assez jubilatoire.
Je me réjouis de le retrouver dans d'adaptation du Liseur. *Hey la boucle est bouclée*
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