dimanche 18 janvier 2009

Records d'audience

- Premier coup de coeur ciné de cette année: Frost/Nixon. Ron Howard, réalisateur hollywoodien par excellence, après avoir commis le calamiteux Da Vinci Code, redore ici quelque peu son blason de bon faiseur en adaptant à l'écran l'excellente pièce de théâtre de Peter Morgan (également scénariste du mémorable The Queen). Comme son titre l'indique, Frost/Nixon retrace la production et la réalisation des authentiques entretiens télévisés entre David Frost et Richard Nixon. A ma gauche, un animateur vedette de télé en quète d'audimat mais aussi de crédibilité, à ma droite, ex-Président souhaitant faire forte impression lors de sa première apparition télé, trois ans après sa démission historique suite à l'affaire du Watergate. Le match est un long duel psychologique entre deux personalités publiques, l'une médiatique, l'autre politique. Deux égos. Chacun soutenu par ses sbires. Frost, sous sa casquette de journaliste de fortune, tentera tant bien que mal de déstabiliser l'ex-Président. Ce dernier aura bien souvent le dessus... Mais à l'issue des quatre séances de 2h, lors du chapitre "Watergate", Frost atteindra son but (caché): les excuses publiques de Nixon au peuple américain. La confession dont celui-ci avait été privé. Le succès phénoménal de l'émission a fait vite oublier l'horreur qu'avait été la production, le montage financier qui a frôlé le gouffre, malgré le prestige de l'invité.
Les travaux d'adaptation ciné (par Peter Morgan lui-même) portent leur fruits, avec l'intégration intéressante des interviews rétrospectifs des accolytes respectifs, devenus narrateurs. Ron Howard resserre ses cadres au fil de la tension, et capte le maximum de la performance, exceptionnelle, des deux comédiens principaux - les mêmes que sur scène. Michael Sheen (inoubliable Tony Blair dans The Queen) et Frank Langella sont fabuleux. Le film ne pouvait être réussi sans eux. Les seconds rôles (Sam Rockwell, Oliver Platt, Kevin Bacon...) sont tout aussi savoureux. Et puis il y a Rebecca Hall. Tous les plans sur elle sont trop courts.
Reconstitution historique captivante de bout en bout, Frost/Nixon n'est pas seulement une joute oratoire jubilatoire, c'est aussi un grand film sur la télévision, sa place dans la société et son rôle dans la communication politique. Chaudement recommandé.
Sur scène:

Dans le film:

*Eh, marrant*


- Slumdog Millionaire. Pas mal, mais par rapport au buzz qui l'annonce déjà comme le grand favori aux prochains Oscars (il a déjà remporté 4 Golden Globes), c'est évidemment une déception. A Bombay, un orphelin des bidonvilles remporte le pactole (20 millions de roupies) à Qui veut gagner des millions. Soupçonné de tricherie, il devra justifier sa victoire en expliquant à la police comment il connaissait toutes les réponses. Chacune offre donc en flash-back un morceau de son enfance. La mort de sa mère, sa (sur)vie de mandiant, les errances avec son frère... Bref, une foule d'aventures, de problèmes et de péripéties - y compris sa rencontre avec l'amour de sa vie, qu'il tentera de retrouver quelqu'en soit le prix. Quelqu'en soit le gain.
Le film la pose question dès le début: comment a-t-il pu gagner? A. Il a triché B. C'est un génie C. Il a eu de la chance D. C'était son destin. Poser la question, c'est déjà y répondre... Après la très bonne première heure qui nous plonge aux extrémités sociales (que le titre résume parfaitement) de cette Inde aux mille et une couleurs, le scénario se fait moins subtil et accumule les poncifs propres au conte de fée, genre dont le film semble se proclamer de plus en plus fort, jusqu'à la fin que tu vois venir avec des gros sabots. Honnêtement, le film est trop long, et les 20 dernières minutes, j'ai attendu que ça se termine. Difficile d'être ému dans ces conditions. C'est d'autant plus dommage que Danny Boyle (Trainspotting, 28 Days Later, Sunshine, etc.) s'en sort bien avec une mise en scène vive, énergique, volatile, pleine de mouvement, entre réalisme cru et images esthétisantes. Et comme d'habitude avec le cinéaste, la bande son est terrible.
Slumdog Millionaire est donc un divertissement sympathique mais franchement surestimé - a mille lieues de la promesse grotesque placardé sur l'affiche ("THE FEEL-GOOD MOVIE OF THE DECADE"), mais qui jouit/jouira d'une cote d'amour évidente en ces temps de crise. Ca va cartonner. C'est bien connu: le peuple veut s'évader et rêver.


- Hier soir, quelques instants de rêve et d'évasion lors de la soirée "Contes" organisée au kot des drôles de dames. La conteuse a su captiver son audience. Pour ma part je fus davantage passionné par la forme (les multiples intonations de voix, la richesse du vocabulaire, la gestion des silences) que par le fond (contes obscurs aux accents de mille et une nuits). Ph et AC ont ravi nos palais, et MC a tenu ses promesses d'organisatrice bricoleuse. Ah c'était bien.


- Premier deuil de l'année: mon Nokia 3310. Boitier branlant, pixels capricieux, boutons paresseux, vibreur cassé... Il avait fait son temps. Huit ans de bons et loyaux services! Chapeau bas. Son successeur a fière allure mais doit encore se faire adopter, se faire comprendre. Il se la pète un peu, là. Mais je m'y ferai vite. En tout cas ça fait déjà drôle d'avoir des sons polyphoniques et un écran en couleur. *Waow*

- On a réattaqué le Carmina Burana. Progrès significatifs, notamment sur le In Taberna, le morceau fou.

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