mardi 31 mars 2009

La roue de la fortune

Il est temps de poster, ici... La semaine fut chargée.

- Quelques moments Carminesques:





Chanter cette oeuvre folle sur scène, c'est simplement jouissif. Gros moments d'adrénaline lors du "O Fortuna", bien sûr, du "Tempus est iocundum", "Si Puer cum puellula" et, surtout l'incroyable "In Taberna". Ca décoiffe. Un très beau concert, une belle réussite.

- Mercredi: ACMJ se porte très bien, et cela fait bigrement plaisir. Longue vie à eux et bravo à toute l'équipe. AC, tu gères.


- Jeudi: une belle et longue soirée. My losing streak is done. Rude, le lever du lendemain.

- Vendredi: viriles et chaleureuses retrouvailles entre anciens chefs de notre Meute adorée. Les principaux sujets du magma de souvenirs furent: les loups qui se sont chiés dessus, les culs des mamans (gros ou stringués), les chouilles les plus énormes, LA CHAISE, les loups qui n'ont pas eu leur loup blanc, les intendants (excellents ou boulets)... et une foule d'anecdotes croustillantes et inclassables. Ah, c'était le bon temps.

- Samedi: Depuis quatre ans, La Troupe des Kouglofs joue au profit de Malte Assistance, qui organise des camps pour enfanst et adolescents placés par le juge. L'an dernier, ils avaient mis la barre très haut avec l'exceptionnel Silence en coulisses de Michael Frayn. Inoubliable tranche de rire. Cette année, le ton fut plus grave, avec 12 Hommes en colère de Reginald Rose, excellente pièce rendue célèbre grâce à l'adaptation cinématographique de Sidney Lumet, devenue un classique.
12 jurés doivent débattre prononcer leur verdict: décider, à l'unanimité, si oui ou non, l'accusé est coupable (un gamin qui aurait tué son père). Au début, tous sont convaincus: coupable. Tous, sauf un. Un homme qui doute. Il ne sait pas, dit-il, il n'est pas sûr. Il y a trop de zones d'ombres dans cette affaire. Et petit à petit, au fil des affrontements psychologiques, ils vont changer de camp... Ainsi, parralèlement à l'intrigue du procès en tant que tel, une deuxième ligne dramatique se construit, bien plus passionnante encore: l'évolution psychologique des personnages. A travers les 12 jurés, tous prototypes d'une certaine amérique, de nombreux thèmes sont évoqués.La mise en scène était un défi: les 12 personnages sont non-stop en scène, et autour d'une table qui plus est! Guillaume de Westerholt, qui met en scène les Kouglofs depuis leurs débuts, a su parfaitement gérer la situation. L'idée de la caméra avec retransmission sur écran était brillante: la mise en scène théâtrale était ainsi mise en relief par quelques plans cinéma.Comme dans toute troupe amateur, le talent des comédiens est varié, mais il y avait là quelques solides performances. Les meilleurs éléments de l'an dernier se sont une fois de plus brillamment illustrés.
Au menu de l'after-show: des rencontres inattendues, des croques-monsieur, des frites, des commérages. Excellente soirée.

- Dimanche: dans le cadre d'un petit orchetsre monté pour la messe de mariage d'un vieux pote, j'ai ressorti ma flûte, qui avait une bien mauvaise mine. Mais c'était comme retrouver une vieille amie: au son de son chant joli, je me suis rendu compte que rien n'avait changé. Les doigts ont vite retrouvé leurs marques aussi, mais le manque de pratique est évident. Il va falloir bosser *satané concerto de Bach* mais à vrai dire, je m'en réjouis. Epaulés par le piano virtuose de Matti, ça risque de donner quelque chose d'assez sympa.

Et quelques films:

- Der Untergang, de Oliver Hirschbiegel. Déception. Je me suis surpris à légèrement m'ennuyer devant ce morceau d'histoire pourtant jamais vu au cinéma. Il y a quelque chose d'oppressant dans ce huis-clos, mais malheureusement aucun enjeu dramatique - autrement dit on sait d'avance tout ce qui va se passer. Le point de vue de la secrétaire n'est pas assez développé. Reste la présence de Alexandra Maria Lara, lumineuse, et l'interprétation hallucinante de Bruno Ganz, qui crève l'écran, et qui arrive à faire passer son surjeu.

- Ma vie en l'air, de Rémi Bezançon. Surprise. Voilà une comédie sur la trentaine qui sort du lot. Je trouve le film très réussi de par sa manière à se jouer des clichés du genre. Le ton est original, raffraichissant. Il y a un vrai talent d'écriture. Sans prise de tête ni lourdeurs. Aussi, pour un premier film c'est plus que correct visuellement. Le capital sympathie du film doit bien sûr beaucoup aux acteurs: Vincent Elbaz, acteur que j'adore, est très bon, et Gilles Lellouche est une vraie révélation. Cotillard est bien mais le blond lui va bof. Bezace est excellent, ce mec est trop rare. Bref, très chouette film que j'ai vu avec plaisir. Et c'est bien bien fendard, aussi. Plusieurs petits rires et deux fois des crises de rire bien franc.

- Welcome, de Philippe Lioret: Bien aimé l'Equipier, pas aimé Je vais bien ne t'en fais pas... J'y suis allé parce que j'aime Vincent Lindon, parce que la BA était pas mal, et parce qu'il n'y avait pas grand chose d'autre à se mettre sous la dent. A Calais, un prof de natation divorcé se prend d'affection pour un jeune irakien qui rêve de traverser la Manche à la nage, pour rejoindre une fille qu'il aime à Londres. Et bien sûr, rien n'est simple, et tout le monde est dans le pétrin. Le sujet est assez intéressant, Lindon assure, la mise en image est correcte, il y a quelques beaux moments, et une certaine dignité d'ensemble qui fonctionne bien. Après, le problème selon moi c'est que le scénario soit trop "construit", et ce manque de naturel dénote un peu avec la vérité et le naturel des personnages. Le refus systématique du pathos entrave aussi un petit peu l'émotion, et c'est dommage. Mais en l'état, c'est un petit film, correct, attachant et plutôt réussi. Par contre j'ai été irrité par les notes de piano très insistantes de Nicola "J'ai fait une bonne BO" Piovani.

lundi 23 mars 2009

Rideau!


*Click to enlarge*










Un rideau se ferme...



...une page se tourne.
L'aventure prend fin.

J'aurais voulu être un artiste.

mercredi 18 mars 2009

Silence en coulisses

Oui, c'est mort par ici... Manque de temps. Je ne vous apprendrai rien: je suis en pleine dernière ligne droite pour Frédérick. J-2! Hier soir répé jusqu'à 1h du mat, en costumes. Le filage technique, c'est ce soir. Et il faudra s'enfiler la générale à la suite, car demain soir la salle est prise. Ce sera l'occasion de dormir un bon coup.
A l'heure actuelle, c'est la semi-panique dans la troupe. Nous jouons dans deux jours, et les décors ne sont pas terminés, certains balais pas encore retirés du cul, et certaines répliques font encore la nique à la mémoire de certains. Encore trop d'imperfections, trop peu de concentration, trop peu de rigueur. On ignore encore la longueur réelle de la pièce. Je me demande comment G. ne pète pas un câble. La patience de ce garçon est incroyable. Reste l'enthousiasme de cette joyeuse bande. Haha, on va bien sa marrer. Touchons du bois. Des planches.
Parallèlement, je lutte contre ces satanées crasses qui squattent mes sinus et mes bronches. Je m'inquiète pour ma voix. Et particulièrement pour le Carmina Burana.

Allez, ça ira. On va déchirer.


Vendredi et samedi on joue à guichets fermés.

Débriefing bientôt.

lundi 9 mars 2009

Samedi


2h35 - Je termine un magnifique roman.


Pour la troisième fois, après Expiation et Sur la plage de Chesil, Ian McEwan me laisse sans voix. L'écrivain anglais, au sommet de son talent, nous invite à partager 24h de la vie de Henry Perowne, neurochirurgien, heureux mari d'une avocate, heureux père de famille d'un fils guitariste et d'une fille poétesse. Le 15 février 2003. Ce jour-là, malgré la gigantesque manifestation à Londres contre la guerre en Irak, rien ne devait perturber cette vie paisible. Pourtant, un accrochage aura des conséquences inattendues et la violence s'insérera dans son quotidien.

Ce que j'adore avec Ian McEwan, et ce Samedi me le confirme plus que jamais, c'est l'extrême précision de ses descriptions. Tant pour les sentiments et les états d'esprits de Henry que pour ses interventions chirurgicales - comme si on y était. Son amour pour le sensoriel (les sens sont constamment solicités) permet de nous raprocher au plus près du quoditien. Le récit mèle avec une grande fluidité les souvenirs d'Henry, ses associations d'idées, ses réflexions, ce qu'il vit lors de cette journée qui le marquera à jamais. Les liens que McEwan tisse sans cesse entre (notre regard sur) notre vie intime et (notre regard sur) l'actualité agrandit la portée du roman, qui gagne en profondeur et qui l'ancre profondément dans son époque. Je m'étais toujours dit que je n'avais pas encore lu de bon roman post-11 septembre. Voilà qui chose faite. Un chef-d'oeuvre.



11h05 - Séance de Watchmen, de Zack Snyder.
Je dois être un des rares à ne pas avoir lu la BD avant... Mais j'étais trop curieux. Trop émoustillé par le buzz, et par cette excellente bande-annonce. Un peu inquiet aussi (Snyder responsable de 300, de réputation plutôt bourrine). Un peu pris au piège par cette impossibilité de comparer avec l'oeuvre originale, un film qui ne vaut, du moins pour l'instant (20 ans que la BD est réputée "inadaptable"), que par son processus d'adaptation. A l'issue de la projection, je suis à la fois satisfait (car le film m'a plu) et bouffé par l'envie de lire la BD - qui au passage est considérée comme un des plus grands comics de l'histoire. Curieusement, malgré un contexte passionnant, des personnages fascinants et des flash-backs parfaitement amenés, j'ai moins été pris par l'intrigue (qui m'a vaguement lassée dans la dernière heure) que par l'esthétique mi-grandiose mi-vulgaire de ce curieux objet filmique. La mise en scène, soutenue par des effets spéciaux incroyables et une photo superbe, montre une caméra virevoltante, des cadrages iconiques (nombreux sont directement des cases de BD), des ralentis plus graphiques que tape à l'oeil (miracle!), des personnages marquants (Doc Manhattan et Rorschach crèvent l'écran, aussi grâce aux prestations de Billy Crudup et Jackie Earle Haley)... La bande son est tout aussi étonnante. Si on peut regretter certains effets sonores grossiers, on ne peut que se délecter des choix musicaux qui accentuent à la fois le décalage de l'oeuvre et son rapport à l'Histoire. Simon & Garfunkel, Jimi Hendrix, Leonard Cohen, Philip Glass etc. Le générique d'ouverture, sur The Times They Are A-Changin' de Bob Dylan, est un chef-d'oeuvre en soi.
J'ai hâte, maintenant, de découvrir la BD de Alan Moore (V for Vendetta) et Dave Gibbons, afin de mieux explorer en profondeur les tréfonds de cette sombre histoire.


14h51 - Je serre la main de Benoît Peeters à la Foire du Livre.

François Schuiten faisait un petit dessin. Je rappelle à Benoît que c'était moi, le gentil étudiant qui avait écrit l'adaptation cinématographique de Dolorès, qu'il avait fort appréciée d'ailleurs. Je décèle une légère indifférence dans ces hommages trop polis, mais je mais ça sur le compte de la hâte - il quitait son stand pour un autre. Tant pis.


A la foire, il y a des pipeules:



Non ce n'est pas Didier Van Cauwelaert.

Des livres pour enfants.

The Times They Are A-Changin'...

Des souvenirs qui surgissent violemment.


Astrapi est maintenant orange fluo.

Des nuls.


Des livres sur Dieu.


Des dédicaces.

Lui il fait des livres avec des Playmobil.



Des BD.

Ah tiens quand on parle du loup.

Des effets de mode.

Bientôt "365 pensées sur Photoshop CS4", "365 citations de Michel Daerden", "365 dictons lettons".


19h03 - J'arrive à l'heure.


01h18 - On termine La Meglio Gioventu. Quel bonheur d'enfin revoir ce film unique, ce film magique. 6h au compteur et pas une seconde d'ennui, grâce à la beauté du scénario, la grâce de la mise en scène, le talent des comédiens. 45 ans d'une famille italienne, 45 ans de l'Histoire italienne, ce film fleuve de Marco Tullio Giordana est à voir au moins une fois dans sa vie. Sortir de ce film donne l'impression de dire adieux à des amis. Regardez-le une seconde fois quelques années plus tard: les retrouvailles n'en seront que plus émouvantes.


Entre 3h25 et 8h29, morceau de nuit sur un canapé. Sommeil agité. Parmi les rêves esquissés, quelques fins alternatives à la belle soirée, une fois de plus en charmante compagnie.



Dimanche fut un jour de planches éreintant mais fructueux.
Plus que deux semaines.