mardi 16 juin 2009

Cantona que l'amour

- Actus musicales:

Samedi dernier, pour l'ouverture du Festival de Wallonie consacré aux compositeurs fêtés cette année (Händel, Mendelssohn, Haydn et Prucell), représentation du Messie de Händel au Studio 4 de Flagey. C'était fabuleux. Le Choeur de Chambre Namur, à peine 20 sur scène (5 par voix), m'a fortement impressionné. Superbe soirée. Le chemin est encore long pour nous...

... car Le Messie par Carpe Cantorem, ce sera pas avant le printemps... 2011. En décembre est prévu un concert de fin d'année avec au programme le Psaume 42 de Mendelssohn (né il y a 200 ans).

Pour Clo & Antoine, le petit orchestre arrive presque au bout de ses efforts. Un triste désistement (le pianiste) nous a forcé à revoir le programme de A à Z. Mais on est confiant. Lors de notre dernière répé, le futur marié a versé une larme lors de notre Gabriel's Oboe. Ca promet! Bon, je vais bosser mes Bach, mon Pärt et mon Billy Joel.

Canto XX4: David nous a envoyé les nouvelles pages de sa composition. J'ai hâte de travailler tout ça. Work in progress.

- Au théâtre vendredi soir: Le Canard à l'Orange, de William Douglas Home, un classique du vaudeville anglais, mis en scène par Guillaume de Westerholt, ce talentueux garçon qui m'a dirigé dans Le Voyage de Perrichon, et Frédérick ou le Boulevard du Crime. Certes, c'est un simple vaudeville en 4 actes, avec 1 décor et 5 personnages, et donc c'est moins ambitieux que ses précédentes mises en scène (Silence en Coulisses, 12 Hommes en colère), mais la pièce est hilarante, et les comédiens épatants. Surtout le rôle principal. C'était vif, truculent, drôle et sans temps mort. Un excellent moment. Bravo à tous.

- Vous ai-je déjà parlé du blog de JuLILO? Passionnée de danse et de cinéma, elle dédie un blog très complet sur les films et autres événements audiovisuels qui parlent de danse. De temps en temps, elle demande à un pote son avis sur la question. Cette fois-ci, c'est mon tour. SI ça vous intéresse, c'est par ici.

- Et comme d'hab, terminons avec quelques films, par ordre de préférence:

Still Walking, de Hirokazu Kore-Eda.

C'est parfois dans les petits cinémas hors du circuit unlimited que l'on trouve sans doute les plus beaux films. Celui-ci est pour l'instant sur le podium de l'année. C'est absolument magnifique. (pitch: 24h dans la vie d'une famille japonaise, qui se retrouve pour commémorer la mort d'un des leurs.) L'écriture arrive à mélanger subtilement délicatesse et douleur, humour et émotion avec un tact et une justesse prodigieuse. C'est beaucoup plus lumineux que le terrible Nobody Knows, mais comme ce dernier on évite le pathos kleenexien, tactique pour te percuter en plein coeur, quand on ne s'y attend pas. La mise en scène est une pure merveille. Kore-Eda est le meilleur filmeur (et directeur) d'enfants du monde. La toute fin est peut-être dispensable (s'il faut vraiment trouver un bémol), mais énormément de scènes restent en tête. C'est triste de quitter ces personnages. Ce film pourrait durer 6h, on ne s'en lasserait toujours pas. Un film extrêmement touchant, parfaitement interprété et mis en images. On frôle le chef-d'oeuvre, en fait. Chaudement recommandé.


Coraline, de Henry Selick.

Bizarrement, je le sentais moyen. Mais c'était oublier le talent visionnaire de Henry Selick, réalisateur de L'Etrange Noël de Monsieur Jack, ce chef-d'oeuvre de l'animation issu de l'imagination de Tim Burton. A l'heure où les images de synthèse ont pris le pouvoir dans l'animation, Selick persiste avec sa technique d'animation image par image, et le résultat est un véritable enchantement. On sent ici et là les retouches CGI (ce n’était pas le cas pour Mr Jack), mais ça reste un régal constant pour les yeux. Pour les oreilles aussi: la musique de Bruno Coulais, sous haute influence elfmanienne, est géniale. Assurément une des BO de l’année. Le casting VO est très convaincant aussi (Dakota Fanning et Teri Hatcher). Et puis... L’histoire est bonne. Il y a malheureusement quelques couacs de rythme ou de patinage, la première partie plus prenante que la deuxième et c’est un chouïa trop long, mais jamais je ne me suis ennuyé. Le personnage de Coraline est très réussi, les parents sont bien tapés, et les personnages secondaires sont suffisamment weird pour ne pas les oublier, particulièrement le gymnaste russe, hilarant. C’est bourré d’idées, c’est jamais gnangnan, et le film possède une noirceur étonnante, voire parfois flippante. Certaines images pourront perturber les jeunes enfants. Ca fait plaisir. Bref, malgré les réserves j’ai trouvé ça assez superbe. J’en suis sorti heureux.

Sunshine Cleaning, de Christine Jeffs.

Par les producteurs de Little Miss Sunshine. *on va garder le mot pour attirer un peu plus de public* Et donc on s'attend un nouveau délire où l'on s'esclaffe bien fort... On est d'autant plus surpris par le ton nettement moins joyeux que prévu. Certes, on se marre bien (quelques gags bien frappés), mais il y a chez les personnages une douleur intérieure qui revient toujours à la charge. Sans pathos. Sans guimauve. Amy Adams confirme et Emily Blunt déchire, une vraie découverte pour moi. Le gamin est parfait, aussi. Joli petit film, drôle et touchant, bien écrit, bien troussé, bien dosé.

Looking for Eric, de Ken Loach.

C'est pas nouveau: Eric Cantona est fan de cinéma, Ken Loach est fan de foot: ils devaient bien faire un jour un film ensemble! Paul Laverty, scénariste fétiche du cinéaste, leur a concocté une petite intrigue sur Eric, un facteur au bout du rouleau qui tente de recoller les morceaux avec son amour de jeunesse qu'il a jadis abandonnée, et qui tente de tirer d'affaire son beau-fils de ses mauvaises fréquentations. Ses amis, fans de Man United, tentent de lui remonter le moral. Le mot fuck est prononcé un nombre incalculable de fois. Ah oui, et puis il y a aussi Eric Cantona, qui apparaît de temps en temps, tel un bon génie, pour épauler le pauvre Eric à coups de proverbes philosophiques. A sa recette bien éculée de la comédie socialo-dramatique, Loach ajoute donc un zeste de fantastique, et... la sauce ne prend plus. Pour la première fois chez Loach, je me suis ennuyé. Restent des images d'archives du King Eric, quelques sourires (dont la plupart sont dans la bande-annonce)... Trop peu pour effacer la méchante déception.

Terminator Salvation, de McG.
J'y allais très très tiède. Le générique, d'un amateurisme inquiétant, annonce la couleur... C'est pas bon. Ce qui me désole le plus avec ce genre de ratage, c'est d'imaginer à quel point le film aurait pû être bon... Et rien qu'à cause d'un scénario exécrable, ils t'accouchent d'un film raté, inutile de surcroît. C'est écrit avec les pieds, ça pullule littéralement de grossièretés, de dialogues risibles, de trous scénaristiques béants, de raccourcis honteux, d'invraisemblances à la limite de la parodie, de personnages inexistants, de fausses bonnes idées... Au milieu de ce script foutraque surgissent quelques références toutes aussi nases les unes que les autres (la pire est l'apparition du Schwarzie digital) qui tentent désespérément de raccrocher le film au culte des films de James Cameron. Le seul élément intéressant, l'ambiguité du personnage de Marcus, s'avère vite obsolète dans une histoire qui ne sait pas quoi raconter et qui semble nous dire qu'avec Terminator, on a fait le tour. On tourne en rond. Chrisian Bale, qui décidément touche à beaucoup de mythes cinématographiques, se prend trop au sérieux et ne convainc pas dans la peau de John Connor. C'est bien la première fois que je le trouve mauvais, c'est dire! Grosse déception donc, d'autant plus dommage que visuellement c'est plutôt réussi. McG remplit le contrat avec quelques scènes d'action bien senties; la poursuite motos - camion sur le pont vaut son pesant de spectacle. D'autres sont malheureusement illisibles. L'ambiance post-apocaliptyco-cendrée est réussie et l'insertion des SFX à cette imagerie "réaliste" se fait sans (trop) de heurts.

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