vendredi 16 avril 2010

One night at the BIFFF



Bien que j’aime voir des films à toutes les sauces, le genre fantastique n’a jamais été mon genre de prédilection. Toutefois, passer une soirée au BIFFF (Brussels International Fantastic Film Festival) était une lacune à combler d’urgence – le festival existe depuis 28 ans. Voilà qui est chose faite.

Le BIFFF, c’est quoi ? C’est tout d’abord un festival : une douzaine de jours de films en avant-première (belge ou internationale), de copies inédites, de "stars", de festivités (Bal des Vampires, concours de body-painting, stand de maquillages, expos… et j’en passe). Le superbe cadre de Tour & Taxis s’y prête très bien. Les films sont donc tous du genre fantastique, mais au sens large : horreur, science fiction, gore, zombies, comédies horrifiques, séries B ou Z… Au plus il y a de sang, au mieux c’est. Dans le programme, les films indiqués du petit logo -16 sont autorisés au moins de 16 ans. Donc pas de jeunes ados dans la salle, mais une foule d’aficionados du genre, de vétérans du festival, de vieux habitués et de jeunes néophytes, dont je faisais partie. Et le plus réjouissant pour les nouveaux, c’est de découvrir la véritable ambiance du festival : celle dans la salle. La coutume, puisque c’en est devenue une, c’est de commenter le film, comme le ferait une bande de potes affalés dans le canapé une chope à la main. Tout au long du film, des vannes, de préférence drôles, sortent des quatre coins de la salle obscure. Le résultat de cette pratique, c’est de passer assurément, quelque soit la qualité du film, une bonne soirée de poilade…

Petit lexique (non exhaustif) à l’usage du BIFFF-idus actif :

- Quand le présentateur du film dit que le jury est dans la salle : "BOUJOUR JURY !"
- Les bandes-annonces sont vivement applaudies, surtout quand elles sont sanglantes.
- Quand s’affiche le carton demandant d’éteindre son portable : "ON S’EN FOUT !!" (dans les trois langues : "DE POT OP !", "WE DON’T CARE !")
- Quand quelqu’un se lève ou arrive en retard : "ASSIS ! ASSIS !!"
- Quand un personnage "oublie" de fermer une porte : "LA PORTE !!"
- Après une effusion de sang ; exprimer son enthousiasme. Plus c’est gore, plus les cris et applaudissements seront nourris.
- Quand un personnage vient d’effectuer "un numéro", ou un exploit de très faible importance (par exemple quelques notes au piano) : tout le monde applaudit.
- Quand un personnage est particulièrement méchant : quelqu’un lance "MAIS POURQUOI EST-IL/ELLE SI MECHANT(E) ???" Réponse de la salle : "PARCE QUE !!"
- S’il y a des baisers ou des scènes d’amour : cris et sifflements, proportionnels à la chaleur des étreintes. Manifester son mécontentement si la scène est écourtée. Si la scène est réussie : "C’EST VRAIMENT UN TRES BON FILM !"
- Quand on voit un personnage de dos, qu'il y ait un danger ou non : "DERRIERE-TOI !!"
- Quand un personnage s’aventure vers le danger : "VAS-Y !" (ou bien, selon l’affection portée au personnage : "N’Y VA PAS !")

Bref, on se marre énormément. J’en oublie certainement beaucoup, mais le principe est de fonctionner à l’improvisation. De nouvelles vannes sont inventées à chaque film.

On pourrait craindre que cette ambiance ne gâche un film, surtout s’il est bon. Ce n’est pas le cas! D’ailleurs, plus le film est bon et prenant, moins le public chahutera. De plus, cette ambiance bon enfant peut calmer les angoisses de ceux qui sont sensibles aux films effrayants (ils sont, il est vrai, assez rares dans la salle).

Quelques mots sur les films vus, deux inédits en Belgique :

Valhalla Rising ° (Le Guerrier Silencieux, en VF), de Nicolas Winding Refn
Bon, j’ai rien compris. Mads Mikkelsen (ici dans un rôle muet) joue un guerrier de combat borgne qui s’échappe de son geolier et s’embarque avec des vikings vers une terre inconnue… Sans l’ambiance dans la salle, je me serais sans doute endormi. On sent la volonté du réalisateur de créer un trip sensoriel, de créer une ambiance fantastique à la Aguirre, avec de la brume, des gros plans mystérieux, des effets sonores, de la musique rugueuse… Mais rien n’y fait, c’est grotesque à souhait et chiant comme la mort. En plus d’être prétentieux, Valhalla Rising est creux, ronflant, cheap. Sans intérêt.
Le film fut donc très chahuté et on s’est bien marrés, grâce notamment aux dialogues du film, rares mais risibles.

Orphan ** (Esther en VF) de Jaume Collet-Serra
"There’s something wrong with Esther", nous dit l’affiche. Effectivement, il y a vraiment quelque chose qui ne va pas chez cette fille de 10 ans. Dans la famille qui vient de l’adopter, elle crée le mal. Elle se fait manipulatrice, elle monte le papa contre la maman… Et au fur à mesure des incidents (homicides compris), elle représente une vraie menace pour toute la petite famille. Survient alors cette saisissante révélation finale, un brin too much mais qui fait réellement froid dans le dos. Le dernier quart d’heure, climax de la tension et de l’affrontement, vaut son pesant de frissons et de spectacle. Si Jaume Collet-Serra assume le côté grand-guignol, il a plus de mal avec le second degré et le rapport au genre. Souvent, le film se fait effectivement souvent crispant à se montrer effrayant gratuitement. Faire sursauter le spectateur avec des coups d’archets stridents sur l'oiseau qui s’envole (ou d’autres clichés du même genre qui n’ont absolument aucun rôle narratif), c’est d’un ringard… Ces maladresses mises à part, on passe un très bon moment. L’histoire est bonne, et elle réussit parfaitement à nous faire haïr ce personnage hautement maléfique. Un personnage qui marque vraiment, grâce notamment à l’interprétation stupéfiante de la jeune Isabelle Furhman. Le casting est d’ailleurs fort plaisant, car c’est l’excellente Vera Farmiga (The Departed, Up in the air) qui tient le rôle de la mère persécutée.
Dans la salle, une ambiance du tonnerre. Le Prince Laurent et la Princesse Claire, présents, ont apparemment beaucoup aimé. *je dis ça j’en sais rien en fait*

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