L'image du jour, bonjour. Cela devait arriver un jour... Pour la première fois, Nadal a perdu un match à Roland-Garros. Et ce n'est pas en finale, mais au troisième tour, contre un jeune suédois, Robin Soderling. C'est la première fois qu'il atteint les huitièmes d'un Grand Chelem, et quelque chose me dit qu'il ne s'arrêtera pas ici...
Un qui doit avoir la pression DE OUF, c'est l'ami Roger. C'est cette année ou jamais!
Petit souvenir d'enfance. Chaque année, le deux- ou troisième dimanche de septembre, c'était la réunion d'unité pour commencer la nouvelle année. Après le grand rassemblement et ses interminables cris de sizaines et patrouilles, et avant les activités « de passage », toute l’unité passait obligatoirement par la case « messe », donnée par le Père Devos et le Père Jacques, l’inoubliable Pélican Impérial. Chaque année, cela se passait au même endroit. Pour la messe, les centaines de scouts, louveteaux et baladins étaient bravement assis dans l’herbe ou sur ses graviers rouges. Chaque année, on chantait toujours ces mêmes chants, avec un entrain forcé. Puis, pendant quelques années – je devais être aîné louveteau ou jeune scout – un petit bonhomme est venu casser la triste monotonie de cette messe. Haut comme trois pommes, 5-6 ans à tout casser, il jouait des petits airs de violon, à l’Offertoire ou pendant la Communion. Son frère l’accompagnait parfois à la flûte traversière. Sensible à la musique classique depuis toujours, je tendais l’oreille vers ce petit musicien en herbe, ignorant les petits graviers lancés par mes petits camarades qui ne trouvaient rien d’autre à faire pour faire passer le temps. Ce petit garçon s’appelait Lorenzo Gatto. Quinze ans plus tard, Lorenzo gagne le deuxième prix du Concours Reine Elisabeth. Quelle joie de le voir atteindre une si haute place dans ce prestigieux concours – l’un des plus importants du monde. Le public a hurlé sa joie. Mon père, assoupi dans le canapé, s’est réveillé juste à temps. Lorenzo Gatto, le seul finaliste belge, était un des chouchous de la session, moins par élan patriotique (voire mondain) que par admiration pour son prodigieux talent de musicien. Sa prestation, mardi soir, était vraiment sublime. Lors de son concerto de Paganini, un choix pas évident, il a su étaler toute sa virtuosité technique, époustouflante et irréprochable. Avec verve, panache et élégance. Mais c’est lors de sa sonate d’Enescu que je fus le plus impressionné. Les critiques musicaux en parlent mieux que moi – difficile de mettre des mots sur un tel envoûtement. Même s’il a encore beaucoup de choses à apprendre, la maturité musicale dont il a fait preuve n’a trompé personne. Ce beau moment sera certainement sur le coffret CD souvenir du concours – qui coûte toujours la peau des fesses, cela dit en passant. Cela fait maintenant quelques années que j’affectionne tout particulièrement le Reine Elisabeth. Ma préférence reste les années piano, mais c’est tout aussi passionnant en violon ou en chant. Comme tout concours musical, c’est une compétition, mais on y parle d’art. Il va de soi que le Premier Prix est celui que tout le monde attend, surtout quand un compatriote est en finale, mais l’intérêt majeur reste et restera toujours la musique. Combien d’œuvres magnifiques n’ai-je pas découvertes grâce à ce concours ! Et puis c’est toujours fascinant de voir ce pot-pourri de jeunes musiciens venus des quatre coins du monde (enfin, surtout d’Asie…) pour démontrer leur virtuosité. Ray Chen, passé en dernier mais Premier Prix (tiens, ça arrive souvent, ça) de ce Violon 2009, a fait l’unanimité. Son récital fut extraordinaire, à coupe le souffle. Ce qu’il a réussi à transmettre lors de son concerto de Tchaïkovski, avec une aisance presque insolente, c’est cette joie de la musique, cette lumière qui illumine nos âmes. Musicalité, virtuosité, luminosité, maturité, spontanéité. Autant de qualités pour un petit bonhomme de… 20 ans à peine. Comme je le disais, c’est difficile de parler de musique. Nous (moi), spectateur plus ou moins lambda, je kiffe plus ou moins telle ou telle œuvre, et j’essaie de retrouver mes perceptions dans les analyses des journalistes, qui sot d’ailleurs souvent très différentes. J’envie ces experts mélomanes, qui arrivent non seulement à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent, mais aussi à aiguiser leur oreille critique. Certes, quand j’écoute deux fois de suite le Tchaïkovski, comme c’était le cas hier soir, j’arrive de justesse à donner ma préférence à l’un ou à l’autre, mais ça s’arrête là. Et puis, il faut bien connaître les œuvres. Lundi, quand on y est allé, je découvrais le Schostakovich – terriiiible – et jamais je n’aurais pu remarquer que la jeune coréenne c’était trompée d’aiguillage. Vif comme l’éclair, le chef tend pendant trois secondes quatre doigts en l’air, ce qui veut dire « on reprend le 4ème mouvement ! » Et hop, en deux temps trois mouvements, c’est reparti… Assez pour trembler encore plus pour le soliste, qui se dit que c’est sans doute que c’est cuit pour lui. Quelle épreuve… Après un mois d’éliminatoires et de demi-finales, le programme de finale doit peser bien lourd : la sonate, puis l’imposé (cette année, il était particulièrement difficile et… long !), puis encore un concerto, censé être l’apothéose. Malgré les litres de sueur parfois déversés, il est difficile d’imaginer à quel point les finalistes doivent être exténués après ça. C’est la première chose que Lorenzo, interviewé après sa prestation, évoquait : sa fatigue. Le lendemain, il partait avec des amis se reposer en Bretagne. Sans violon.
Bon, on va voir un peu ce qui se passe à Roland Garros ici… *ah, on me dit que Christophe Rochus n’a rien pu faire conre Tsonga*
Pour teminer, quelques films:
- Tokyo Sonata, de Kiyoshi Kurosawa. L'histoire d'une famille ordinaire où chacun perd ses repères. Le père perd son emploi et le cache par honte, le fils prend des leçons de piano en cachette car le père le lui interdit, le grand frère veut s'engager dans l'armée américaine, la mère fait ce qu'elle peut pour garder unie la cellule familiale. La première heure témoigne d'une vrai talent de mise en scène et de tact. Mais dans les trois derniers quarts d'heure, les trajectoires des personnages semblent sont peu convaincantes et larguent le spectateur devant la simple beauté des cadrages et de la lumière. Hors du film. On se retrouve alors à flanquer au film le label "BMC" (beau mais chiant), que la scène de fin, faussement belle, n'arrivera pas à enlever. Dommage.
- Los abrazos rotos (Etreintes Brisées), de Pedro Almodovar. Une déception. Je garde toujours une certaine admiration pour la manière dont Pedro construit ses scénarios, ainsi que pour sa mise en scène très "graphique" et colorée. Il nous offre ainsi quelques très beau moments où le plaisir de cinéma tient de l'affect visuel ou de la réplique qui fait mouche. Les acteurs s’en sortent très bien. Pénélope est une fois de plus magnifique. Cela fait maintenant un petit temps que j’ai vraiment de l’admiration pour son talent et son électrisante cinégénie. Le problème, et c’est con à dire, c’est l’histoire. Elle est certes bien racontée, mais je n'ai simplement pas réussi à la trouver initéressante. Je ne me suis pas ennuyé, mais je n'ai pas été ému une seule seconde. A ce titre, on est loin, très loin de Parle avec elle, son dernier chef-d'oeuvre.
- Angels & Demons, de Ron Howard. Sans les échos que ce n'était pas aussi pourri que le nullissime Da Vinci Code (et ce n'est effectivement pas le cas), je n'y serais pas allé. Ron Howard a dû bien comprendre que ce dernier était mou du zizi, et du coup il a tout fait pour redynamiser le bazar. Un peu trop, d’ailleurs. Le rythme est trépidant, mais la mise en scène est légèrement ampoulée par sa caméra trop mobile (les tourniquets autour des personnages qui parlent, ça va 5 minutes), et le compositeur Hans Zimmer est tombé dans la lourdingue caricature de lui-même. Mais il y a quelque chose d’assez mignon de voir tout ce petit monde essayer de nous passionner pour cette histoire pas franchement passionnante. Et étrangement, on se laisse prendre au jeu – car c’en est un: un jeu de pistes avec énigmes et symboles, et Tom Hanks qui trouve réponse à tout mais qui n'arrive pas toujours à temps. J’ai bien aimé le côté bombe à retardement du scénario. Il y a quelques scènes sympa (dans les archives, le crime du « feu », la scène de la fontaine), et le climax avec l’hélicoptère est assez spectaculaire. Les 20 minutes qui suivent en pâtissent un peu, et j’ai moyennement cru à l’ultime rebondissement *c’était luiiiii*. Mais bon. Les effets spéciaux ont fait du gros travail. Hormis quelques effets trop visibles, c'est impressionnant de voir le Vatican reconstitué. Tom Hanks est moins moche et moins mauvais que dans Da Vinci Code, Ewan McGregor est tout bon (de toute façon je l’aime), le méchant est un bon choix, mais Stellan Skarsgard s’enferme une nouvelle fois dans le MÊME RÔLE. Quant à la Langdon Girl, elle fait effectivement moins godichon qu'Audrey Tautou, mais elle passe trop inaperçu. On ne la voit pas. Bref, cet Anges et Démons est franchement dispensable ("le livre est super bien", me dit-on), mais en l’état c’est un honnête divertissement, complètement invraisemblable mais bien mené, lourdingue mais plutôt attachant. Sympa.
Au programme de ce week-end de l'Ascension? Soleil, vignes, bubulles, repos, rires et sourires. Merci à Anto, Clairette et Baud.
Et pour la première fois de ma vie, la Cathédrale Notre Dame de Reims. Epoustouflant.
- De retour au pays, j'assiste à la victoire du Standard, qui réussit l'exploit de ne pas faire moins bien que l'an dernier. C'est un peu cruel pour Anderlecht (ça s'est joué à un pénalty près, en somme...), mais le doublé des Rouches est un exploit qui m'a fait plutôt plaisir. A moins qu'il ne s'agisse de ce plaisir bizarrement rétro d'écouter un match de foot à la radio? A entendre cette avalanche de cartes jaunes et ces débordements de testostérone, c'était pas joli à voir. Ce qui était grisant à entendre, c'est cette explosion de joie inouïe au coup de sifflet final. Avec ce séisme de décibels, le stade de Sclessin peut rivaliser avec tout le Brésil lorsqu'il gagne la Coupe du Monde. Difficile de ne pas être heureux pour eux. Ah, ces bons liégeois...
- Champagne aussi pour Michael Haneke, qui décroche finalement la Palme d'Or avec Le Ruban Blanc. Haneke, l'un des cinéastes européens contemporains les plus importants, avait déjà été primé pour La Pianiste (double prix d'interprétation pour Isabelle Huppert et Benoît Magimel) et pour Caché (Prix de la mise en scène). Je suis personnallement très content pour le barbu autrichien. Dans la presse, les réactions sont diverses: avec Huppert à la présidence du jury, les réfractaires du cinéaste (de même que ces cons de journalistes qui n'ont même pas vu le film) vont bon train avec leurs accusations de copinage. Certains évoquent, et c'est effectivement souvent le cas, une Palme du compromis (qui met d'accord les défenseurs du Von Trier et ceux de l'Audiard), quand d'autres parlent simplement d'une récompense incontestable pour le film le plus important de la sélection. En attendant la sortie de ce Ruban Blanc, je me réjouis de m'attaquer enfin au coffret DVD Haneke Collection, qui depuis Noël prend doucement la poussière sur mon étagère.
- Star Trek, de J.J. Abrams. Je n'ai jamais vu un seul épisode de la série télé ou un seul des 10 films. Star Trek, pour moi, c'était un truc pour geeks, des rivaux ridicules des fans de Star Wars, avec des gens en pyjama dans des décors gris. Genre ça: Je connais, comme tout le monde, la gueule de Spock, ses oreilles pointues, son signe Vulcain. La forme du vaisseau Enterprise, et encore. Aujourd'hui, la franchise connaît un reboot complet avec, comme cela a déjà été le cas avec e.a. James Bond et Batman, un retour aux sources. Et je dois dire que mon dépucelage trekkien s'est fait sans trop de heurts. J.J. Abrams, créateur des séries Lost et Alias, réalisateur de M:I-3 et producteur de Cloverfield, a le sens indéniable du blockbuster divertissant et de qualité. Et pour tout dire, ce Star Trek nouvelle génération accumule les bons points. Premièrement, un casting irréprochable: l'acteur qui joue Kirk, une espère de racine carrée de Matt Damon, a une bonne présence. Spock a une bonne voix et la gueule de l'emploi. Le clone de Jada Pinkett est pas mal aussi. Deuxièmement, si du moins on se laisse un minimum prendre au jeu, on n'a pas le temps de s'ennuyer. La mise en scène est énergique et virevoltante, ça pullule de mouvements de caméra latéraux. A l'image, les effets spéciaux assurent et j'aime beaucoup le traitement d'image, avec les flous, les reflets, les éclats, les couleurs vives... L'action assure, mais il manque peut-être LA grosse scène qui t'arrache la machoire. Mon pote Michael Giacchino signe une partition solide; il est décidément très à l'aise avec le cinéma d'action et son main theme reste en thème toute la soirée - ce sont les meilleurs. Ma réserve majeure s'adresse surtout au scénario: dès qu'on s'est mis à voyager dans le temps j'ai été largué, et j'ai eu beaucoup de mal avec les méchants. Pitié pour Eric Bana et son rôle de merde. Mais passons: le fun était au rendez-vous. Cela dit en passant, l'humour est d'ailleurs assez efficace, Dieu merci. S'il manque quand même une certaine profondeur (émotionnelle) à l'entreprise, j'adresse quand même mes respects au réalisateur qui grâce à sa vision du blockbuster moderne, a su redépoussiérer, voire ressusciter un univers, lui redonner une cohérence, une nouvelle chair, un nouvel horizon. La suite est déjà prévue.
- Je l'aimais, de Zabou Breitman. Adaptation du roman d'Anna Gavalda - que je n'ai pas lu. L'histoire d'un homme qui n'a pas osé vivre l'amour de sa vie. Je découvre Zabou cinéaste, et j'ignorais son goût pour les audaces formelles: son montage son/image tente pas mal de choses. Toutes n'ont pas l'effet escompté, mais ces mini "expérimentations" ont apporté une certaine fraîcheur à ce film au sujet pas forcément très comique. Le scénario, c'est dommage, est "sur des rails": on sait parfaitement où l'on va. Heureusement, les dialogues sont soignés et offrent quelques très belles scènes. Daniel Auteuil, pour qui je suis allé voir le film, ne déçoit pas et confirme mon idée qu'il est le meilleur acteur français vivant. Longue vie à lui. Déçu, par contre, par Marie-Josée Croze, belle certes, mais pas complètement convaincante. Surtout dans les scènes "fortes". L'alchimie du duo aurait sans doute mieux fonctionné avec une autre actrice, meilleure et peut-être moins jeune. Florence Loiret-Caille, que je découvre, m'a paru convaincante, avec un rôle pourtant difficile. Donc voilà, sans être génial, je trouve le film réussi car il touche. Apparemment Gavalda ça fonctionne sur moi... Pour mémoire, mes rôles préférés de ce bon Daniel... Ugolin de Jean de Florette et Manon des Sources, Romuald de Romuald et Juliette, le diablotin de Ma Vie est un enfer, mon copain Harry dans Le Huitième Jour, le lanceur de couteaux de La Fille sur le pont, le sommelier amoureux d'Après Vous, le présentateur télé persécuté dans Caché, l'échangiste hédoniste dans Peindre ou faire l'amour.
- Le 62ème Festival de Cannes bat son plein. Selon les divers échos que je lis ça et là (la presse, mais aussi mes compagnons de FilmDeCulte, que je jalouse désespérément), c'est une bonne année. à mi-chemin du Festival, je peux déjà dire que j'attends de pied ferme les sorties de: Up, bien sûr, le nouveau Pixar. Ca ne doit pas être simple de passer après WALL-E; la majorité des critiques est enthousiaste, mais certains parlent d'un Pixar "mineur". Je demande à voir! UnProphète, le nouveau Jacques Audiard, adoré de tous. S'il n'a pas la Palme, il sera au palmarès. Il y a aussi Taking Woodstock, le nouvel Ang Lee, et, surtout, Antichrist, trash-trip "thérapeutique" signé Lars Von Trier suite à sa dépression. Certains parlent de prix d'interprétation pour Charlotte Gainsbourg.
- Grand succès pour l'exposition Arts Against AIDS, organisée au Cercle des Voyageurs. Six artistes en herbe ont exposé (et parfois vendu) le best-of de leurs oeuvres, au profit de la lutte contre la maladie. 95% de la bibine a été vendue le premier jour. J'ai beaucoup aimé les photos de l'ami Fix, très à l'aise avec le noir et blanc, ainsi que les toiles colorées de Madeleine. Je les encourage de tout coeur dans leur expression artistique.
- J'encourage également Lorenzo Gatto, finaliste belge du CMIREB. J'ai hâte d'entendre son Concerto de Paganini. Ce sera mardi prochain, sur Musique 3 (je n'ai toujours pas la télé, non).
- Mariages 2009, #2: Soph & Martin. Longue vie à eux. Je retiens la belle direction musicale de la messe (chorale d'enfants et soprano à te flanquer la chair de poule), le discours des patriarches, la chansonette de la famille aux cinq gosses, le soleil rasant lors de la réception, la queue-leu-leu lors de la soirée. Et ce morceau de jazz enflammé... Merci DJ Oscar. Beaucoup de rires et de sourires. Beauuuucoup de Champagne. Le lendemain fut difficile.
J'ai lu: L'Ombre du vent, de Carlos Ruiz Zafon. Ce n'est qu'en septembre dernier que j'ai entendu parler de ce roman, dernier coup de (au) coeur de Sophie, mangeuse et vendeuse de livres. Cette dernière a fini par me l'offrir. Ayant tourné la dernière page ce matin-même, je ne peux que m'empresser de la remercier de tout coeur: ce roman est extraordinaire. J'ai vite compris l'enthousiasme de mon amie pour cette histoire envahie de passions. Celles, dévorantes, qui enflamment nos sens et nos sentiments, mais aussi celle des livres, des histoires. Ces histoires que les livres racontent, ces histoires que l'on raconte sur les livres... Zafon, de sa plume pleine de verve et de truculence, nous embarque dans un foisonnant récit plein de rebondissements trépidants, qui mèle la vie des multiples personnages à la littérature. La Barcelone de l'après-guerre sert de décor à un véritable labyrinthe de mystères obscurs, de secrets terribles, de mémoires enfouies, de destins entremèlés... Roman historico-romanesque, L'Ombre du vent oscille entre franche comédie et sombre drame, et flirte délicieusement avec le thriller, aux frontières du réel. Le coeur palpite de bout en bout. Une histoire inoubliable qui se dévore, à mettre entre toutes les mains. *Quel beau film ça fera.*
J'ai vu: Coco avant Chanel, d'Anne Fontaine. L'exercice de la "semi-bio" (le titre dit bien de quoi il s'agit) s'avère réussi grâce à un scénario très correct, sans gras ou autres pleurnicheuseries, qui évoque les années de cette femme "qui incarna la femme moderne avant de l'inventer". Dieu merci, tout le travail des costumes est solide, et c'est plaisant de voir comment le costume prend de plus en plus d'importance dans le récit, mais aussi à l'image. Anne Fontaine a vraiment bien su faire passer ça. Si l'évolution du personnage est réussie, c'est aussi grâce, bien sûr, à Audrey Tautou, simplement idéale pour ce rôle. Elle est parfaite, et ça fait vraiment plaisir de la voir atteindre cette maturité de jeu, que j'avais déjà pu apprécier dans Ensemble, c'est tout. Les seconds rôles s'en sortent bien, surtout Poelvoorde, très crédible et même touchant. De plus, le film ne manque pas de classe (jolie photo, belle musique d'Alexandre Desplat en mode "B-side Button"). Je ne me suis pas enroulé les bras autour du cou (il y a quelques coups de mou), mais voilà, c'est pour moi une réussite qui mérite le détour.
Soeur Sourire, de Stijn Coninx. Du destin tragique de Jeaninne Deckers, je me suis toujours dit qu'on en ferait un excellent film, même bien avant qu'on ne parle du projet d'adaptation cinématographique, il y a environ 8 ans. Puisque le résultat n'est pas à la hauteur de l'attente, je dois bien avouer ma déception. Aujourd’hui le film existe, mais à défaut d’être excellent, il est juste honnête. Le problème, c’est que le drame (et donc particulièrement la deuxième partie) ne fonctionne pas très bien. Coninx y va avec des pincettes et préfère l'évocation à la confrontation. Il semble parfois s'être concentré davantage sur les décors que sur son scénario, peu nuancé et bizarrement équilibré. L'histoire se suit pourtant avec un intérêt constant car le personnage reste fort, et il y a vraiment de beaux moments ici et là, des moments justes, émouvants. Quant à Cécile de France, elle s’en sort vraiment bien avec un jeu mature, maîtrisé. Chapeau... D’autant plus que le reste du cast est pour le moins inégal. Au couvent, ça va (mention à cette drôle d’actrice qui fait aussi coucou dans le dernier OSS 117), mais en famille, on y voit Jan Decleir qui monolithise, Sandrine Blancke qui déçoit et il y a *horreur* Marie Kremer, que je pourrais bien noyer dans de l’acier en fusion. Je ne supporte pas son visage, son jeu effroyablement mauvais, sa capacité incroyable à gâcher toutes les scènes où elle apparaît. Dans Saint-Jacques, La Mecque, le film était de toute façon mauvais, dans Le Couperet, Quand j'étais chanteur et Caché, elle n'avait que de tous petits rôles, mais ici, on la voit beaucoup, avec des scènes de larmes et tout et tout... Rude. Je ne comprends PAS comment cette fille a percé, qu'est-ce qui fait que son destin l'ait menée à être engagée dans des films. Bref. Pour en revenir au film, j’ai ma foi bien aimé, mais quand je pense au splendide "Rise & Fall" que nous aurions pu avoir, je trouve ça fort dommage.
The Boat That Rocked, de Richard Curtis. Blâmons tout d'abord le titre VF, qui nous prend pour des débiles: Good Morning England. J'ai déjà évoqué la tristesse des titres VF traduits ici, je vous épargnerai un nouvel élan de mépris pour ces gens qui sont payés pour ça. Bref. A l'époque de Love Actually, une indigestion de Noël, je m'étais déjà inquiété des nouvelles créations de Richard Curtis, scénariste de l'excellent Quatre Mariages et un enterrement et de l'excellentissime Notting Hill. Cette fois, l'Anglais a délaissé sa veine romantique pour s'intéresser à un sujet plus funky: durant l'explosion du rock 'n roll des sixties, la lutte des radios pirates contre la BBC qui se bornait à ne diffuser que max. 45 min. de musique pop par jour. La radio du film est un gros bateau de pêche ancré en Mer du Nord, où une douzaine de DJ's déjantés diffusent du rock 24h/24. Alors oui, c'est rempli à ras-bord de bonne musique (la BO doit pas être triste), mais l'ennui (car c'en est un, et un gros!), c'est qu'il n'y a pas d'histoire... Si l’intention du film était de redonner au spectateur l’envie d’aller cambrioler tous les vinyles de son père, c’est réussi. Mais pour le reste, c'est raté. C'est pas drôle (je crois avoir (vraiment) ri une seule fois sur les 2h15), poussif, mal rythmé, mal monté, mal filmé et, par dessus tout, iiiiiinterminaaaaaable... Pas vraiment de quoi se rattraper côté casting: la bande de joyeux lurons est inégale. Philip Seymour Hoffmann est comme d'hab' impeccable, le gros Nick Frost c’est toujours un plaisir, mais Rhys Ifans est décevant, le jeunot est un affreux miscast (et un personnage désastreusement nul), Kenneth Branagh fait pitié et j’ai été horripilé par la distanciation teeeeellement coooool de Bill Nighy, que d’habitude j’aime bien. Non, vraiment, c’était une séance pénible. Pour un film "rock ‘n roll", je trouve ça limite scandaleux. *Hmmm, j'aurais dû aller à la Fête de l'Iris.*
J'ai vu: Ma tête dans le miroir, 5 cm de cheveux en moins. Le premier jour, il faut encaisser le choc. Mais c'est toujours un plaisir de revoir ce bon vieux Léon, mon gentil coiffeur-motard-à-domicile. Il y a toujours un morceau de sa vie - étonnante - qu'il ne m'a pas encore raconté. Et ça y est, on est maintenant friends sur Facebook.
J'ai bu: A la santé de Barth et Auri, mariés devant l'Etat. Le 22 août ça sera devant Dieu, et ça va chier!! Longue vie à eux.
Pour les retrouvailles avec les compagnons du périple québécois, rien de tel qu'un concert des Cowboys Fringants. C'était le dernier soir de leur tournée européenne. Une setlist généreuse, un bon son (merci l'AB), un ambiance du tonnerre, un public en furie, une pêche d'enfer sur scène. J'ai rarement autant frappé dans mes mains à un concert... En faisant des petits bonds, un grand sourire aux lèvres. Avec, bien sûr, l'impression de sortir de ta douche, tout habillé, à l'issue du concert. Leur dernier album, L'Expédition, tourne en boucle. *Ce qui me permet de comprendre de quoi parlent les chansons.*