vendredi 30 novembre 2007

Mon copain Harry

Par le slip de Merlin! Voilà déjà quelques semaines que j’ai terminé Harry Potter et les Reliques de la Mort (la fin, the end, finito, le septième et tout dernier pavé), et même pas un petit mot par ici... Pourtant je lui dois bien ça! Maintenant que l’histoire est ter-mi-née (un bon 4000 pages au total), impossible de ne pas avoir une pensée nostalgique pour ces arrêts de tram loupés, ces cours brossés, ces nuits blanches de fin de livre (et les innombrables nuits trop courtes), ces litres d’adrénaline déchargée jusqu’au tympans... Harry Potter, ça ne se lit pas, ça se dévore tout cru. La recette n’est pas sorcière: univers archi crédible bien que totalement imaginaire, une histoire en béton armé, des personnages extrêmement attachants, un goût pour le détail qui croustille, une imagination à n’en plus finir, une réelle profondeur psychologique et une étonnante richesse thématique, une vicieuse maîtrise du suspense, le tout enrobé d’un style vif et mordant. La lecture de chaque tome est un petit événement, une (grosse) partie du quotidien remplie de suspense limite insoutenable, d’éclats de rire sonores, de larmes au balcon, de passion... Je ne vais pas répéter ce qui se sait déjà, mais c’est bien cette PASSION partagée par des millions de lecteurs à travers le monde entier qui a permis à J. K. Rowling d’être plus riche que la Reine d’Angleterre. Harry Potter est bien plus qu’un phénomène littéraire (voire phénomène de société lors des sorties), c’est un mythe. A l’instar de la trilogie du Seigneur des Anneaux, la saga du magicien binoclard et orphelin défiera le temps et se lira encore des décennies durant.
Et donc, ce septième tome? “HAHA IL EST MORT”, s’amusaient à entonner ces Moldus qui espéraient spoiler la fin que tout le monde attend depuis 15 ans. Ce fut effectivement une des grandes questions, mais
ce n’était qu’un seul des multiples noeuds à résoudre dans cette intrigue, parfois franchement complexe. Rowling a en tout cas tenu ses promesses en donnant les réponses à toutes les questions posées dès le premier livre.
Et quoi, c’est bien? Oh que oui! Je suis peut-être un gros vendu, mais j’ai évidemment adoré. Ce n'est sans doute pas le meilleur ni le plus abouti (mes préférés restent le 4 et le 6), mais on peut dire que Rowling a fini l'oeuvre de sa vie en beauté. OK, on peut pinailler: certains personnages ne sont pas assez présents (*BLEEP*, *BLEEP* ou encore *BLEEP*), les fameuses explications à la fin sont un brin longuettes (de même que certains flash-back révélateurs), le chapitre *BLEEP* m'est passé au-dessus, je m’interroge encore sur la réelle utilité de toute l’histoire du *BLEEP* et des fameuses *BLEEP*, qui apparaissent comme une intrigue rajoutée en supplément, comme si la résolution de la véritable histoire d’Harry Potter n’était suffisante à digérer... Mais voilà, ce dernier tome reste qualitativement dans la parfaite lignée des précédents et procure un plaisir de lecture intact. D’autant plus que c’est la fin, alors on essaie d’en profiter un maximum...! Outre son caractère récapitulatif (tous les personnages refont leur petit coucou, toutes les intrigues précédentes sont évoquées), j'adore la noirceur du livre: on est véritablement plongé dans un état de guerre totale, de chaos. J'adore toute la partie où ils *BLEEP*, toute la bataille à *BLEEP* (phénoménale), la rencontre avec
*BLEEP* et tout ce qu’on apprend sur le passé de *BLEEP*, le grrros bisou entre *BLEEP* et *BLEEP* et tous ces passages qui m'ont flanqué les larmes au balcon (la visite de la *BLEEP*, le retour de *BLEEP*, la mort de *BLEEP*)... Et, contrairement à d’autres, le dernier chapitre m’a beaucoup plu. Quant à la toute dernière phrase, on ne pouvait pas trouver mieux. Bref, du premier au dernier tome, de la première à la dernière phrase, Harry Potter est un pur moment de bonheur, à mettre entre toutes les mains.

Ce message a été soumis au sortilège de la censure afin d'éviter de gâcher le plaisir des futurs lecteurs.

jeudi 29 novembre 2007

Dans un vieux tiroir

Les rêves sont de vieux papiers rangés, jetés ou cachés dans un vieux tiroir. On le ferme à clé, comme pour les protéger, mais on garde la clé en poche, tel un pense-bête qui nous dit “ne les oublie pas”. Rouvrir le tiroir, de temps à autre, permet de faire le tri, de relire quelques vieux papiers (que ce soit avec honte, excitation ou désespoir), de les dépoussiérer... Un de ceux-là, depuis hier soir, n’est plus dans le tiroir mais sur la table. A côté, un bic, un crayon et deux Duvel. Si un jour le film naîtra, le premier plan ressemblera à ça. Merci Antoine!

mardi 27 novembre 2007

Papy fait de la résistance

On n'y croyait plus. Après 18 ans de doutes, de négociations, de projets morts et ressuscités, de rebondissements à n'en plus finir, d'attente, d'interminable attente... Le film est tourné. Signé Steven Spielberg, of course. Certes, la culture du recyclage à Hollywood m'exaspère, me désespère d'année en année. Nombre d'épisodes 4 se sont avérés superflus, inutiles, en trop. Sauf exception(s), me direz vous. A qui le dites-vous... Comment ne pas se réjouir? Harrisson Ford (65 ans - plus âgé que Sean Connery lorsque celui-ci jouait son père dans le dernier opus) a retrouvé son chapeau et son fouet. Sa chemise le boudine un peu, mais les fans ne feront pas la fine bouche. Au contraire. La date est déjà marquée au fer rouge dans leur agenda. Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull (ça ne s'invente pas) sortira sur la planète Terre le 21 mai 2008. En attendant le teaser (cadeau de Noël?), voici une photo officielle. D'autres sont trouvables sur la toile...

J'aime les chansons tristes

jeudi 22 novembre 2007

3D, vu et approuvé

Ah tiens, j'en parlais justement dans mon message sur Tintin: Beowulf, le nouveau film de Robert Zemeckis tourné en "performance capture", est visible depuis mercredi en 3D. Ca vient de sortir, et c'est le groupe Kinepolis (déjà adepte des projections numériques) qui s'en charge en Belgique. En gros c'est pareil qu'avant (les lunettes sont juste un peu plus high tech - fini le carton à plastique rouge et vert), mais cette fois la projection est digitale, et c'est un vrai long-métrage de fiction.

La soirée m'a coûté cher (la place au Kinepolis dons hors-abonnement UGC + le taxi du retour car j'ai raté le dernier métro, supeeer), mais elle en valait la peine. Le film sort évidemment dans les salles classiques en 2D, mais si vous voulez vraiment le voir, optez pour la 3D. Beowulf a été pensé en 3D et il FAUT le voir tel quel pour l'apprécier à sa juste valeur. La "mise en scène" virtuelle s'amuse avec les profondeurs, les champs, les mouvements de "caméra" impossibles, les objets pointus... Le spectacle, dans le sens le plus forain du terme, est un vrai plaisir. Quant à la "performance capture", même si j'étais conquis par Monster House ou par l'usage qu'en a fait Peter Jackson, j'avais peur... Mais ça va. Ces images de synthèse atteingent par moments une qualité inouïe... Je pense à certains rendus des visages (Hopkins!), à certains effets de lumière, au génial démon Grendel (absolument répugnant), aux reflets dans l'eau ou dans les boucliers, au corps d'Angelina Jolie (ne manque que les tétons...). C'est assez stupéfiant. Reste néanmoins les limites de cette technologie: des traitements inégaux (certains personnages font effectivement Shrek 3, et d'autres approximations dans les mouvements...), et un "manque de vie" (et par conséquent d'émotion) généralisé: il y a plus de vie dans du Pixar, comme il y a plus de vie dans un Gaston que dans les Tendres Banlieues de Tito. Mais l'objet, par définition hybride, monstrueux et "en transition", fonctionne quand même. Si bien, en fait, que je me dis que la 3D devrait être réservée au performance capture, ou du moins à l'image de synthèse (Ratatouille en 3D doit être jouissif). L'avenir nous dira comment tout ça va évoluer.

Quant au film lui-même, outre ses qualités spectaculaires, il est plutôt pas mal. La simplicité de l'histoire est un atout, et les liens établis avec la création d'un mythe, d'une légende, d'une chanson, donnent une profondeur bienvenue. Le scénario est donc correct, le rythme itou, la musique sympa... Bon, je suis moins friand de la testostérone sine qua non du héros (les rugissements de Ray Winstone, ça va cinq minutes) et d'autres passages moins emballants - certes déjà oubliés. Le quota action est rempli (le combat contre le dragon est à se décrocher la mâchoire) et la fin est très bonne.* Bref, du pur entertainment. (Chanson pourrave au générique de fin incluse.)

*Décidément j'adore les fins "à regards" et 2007 fait plaisir à ce niveau-là (Zodiac, 4 mois 3 jours et 2 jours, L'Assassinat de Jesse James...).

mercredi 21 novembre 2007

De l'autre côté, il y a...

D'ici la fin de l'année, une floppée de "bons films" (autrement dit des films attendus, qui ont fait parler d'eux) vont sortir - même moi j'ai du mal à suivre... Depuis une semaine, un film Allemand intitulé Auf der anderen Seite est à l'affiche, et si certains me voient en guide des salles obscures, je me dois de le recommander chaleureusement.

Durant les trois parties de De l'autre côté, nous accompagnons 6 personnages, entre l'Allemagne et la Turquie, dont les destins se croiseront, se frôleront, s'influencerons, parfois inconsciemment. Evénements tragiques et rencontres les confronterons à une crise identitaire. Deuil, remords, entraide, fuite, révolte, rédemption, paternité... Tant de thèmes qui font battre les coeurs des personnages et du spectateur. En toile de fond, les différences politiques et socio-culturelles des deux peuples viennent renforcer tout ça et inscrivent le film dans une actualité, une universalité.

L'excellent scénario, en mettant en avant l'humain, évite ainsi l'apparente complexité des intrigues qui s'emboîtent. La sobriété de la mise en scène donne un caractère tour à tour apaisant, tour à tour glaçant. Fatih Akin, metteur en scène Allemand d'origine Turque, est également un remarquable directeur d'acteurs: aidés par les dialogues en béton, les comédiens donnent chair à des personnages forts, marquants et attachants, qu'on ne veut plus quitter à la fin.

Bouleversant d'humanité, De l'autre côté est un des plus beaux films de l'année. Courez-y.

dimanche 18 novembre 2007

Bande de cons!


"Bande de cons !
Pas vous, cher public !
Les autres, les formateurs, informateurs, explorateurs, chef de groupe, président de partis flamands, présidents de partis francophones, second couteau, troisième couteau, de gauche, de droite, les cathos, les écolos, les franc-maçons, les libéraux…
Bande de cons de Flandre
Bande de cons de Bruxelles
Bande de cons de Wallonie.
D’abord à tous ceux qui croient avoir gagné les élections d’il y a 5 mois.
A tous ceux qui avaient un grand sourire.
A tous ceux qui avaient les bras en l’air.
Le temps est venu de vous avouer quelque chose : Les gens n’ont pas voté pour vous parce qu’ils vous aimaient. Les gens ont voté pour vous parce qu’ils étaient obligés.
A la veille du onze juin : dans les rues, les maisons, les bureaux, les gens hochaient la tête et se demandaient vraiment qui ils allaient pouvoir choisir parmi ce catalogue de nuls, de klets, de nouilles,
d’opportunistes agressifs, de carriéristes sans charisme, de mal fringués, de gros type à l’élocution problématique, de petit nerveux en pleine tendinite de l’égo, de semi-hystériques, de semi-mafieux,
de cyniques, de je-m’en-foutistes, de ratés de tout le reste, de fils à papa, d’experts comptables en décrochage professionel, d’entrepreneurs en faillite frauduleuse, de sinistres, de pas lavés, de faux gentil, de vrais méchants…
Les Leterme, De Krem, Reynders, Milquet, Michel, De Weaver, Maingain, Watelet, Bacquelaine…
Cette morbide collection de névrosés qui nous gouvernent avec leur troubles anxieux, leur troubles dissociatifs, leurs troubles psychosexuels, leur troubles obsessionels compulsifs.
Et en plus, ils sont tous… Si moches…
Cette élection, à tout le monde, ça a un peu fait l’impression d’un de ces mariages forcés que l’on organise dans des pays très loin d’ici. C’est comme si on avait été une jeune fille devant choisir entre le vieux marchand qui pète au lit où l’arrière cousin qui ne se brosse pas les dents.


Bande de cons.
Vous n’avez rien gagné du tout.
Si c’était possible, on reprendrait nos voix et on ne les donnerait qu’après les négociations, à ceux qui auraient su être un peu intelligent, un peu sobre, un peu humain.
Mais non, donner c’est donner, reprendre c’est voler.
Vous aviez un chouette petit pays, pas très grand mais bien équipé, de voisins plutôt sympas,
bien situé, avec la mer, avec la forêt, avec pas trop de charges.
Vous aviez une chouette petite population, pas parfaite parfaite.
Mais en gros, ce n’était pas des talibans non plus, c’était pas des Contras, c’était pas des Tigres Tamouls.
Une petite population de fabricant de pralines, des marchands de kayak, des chanteurs à texte
des comiques parfois drôles, des stylistes un peu punk, des postiers plutôt polis, des sportifs en minijupe, de flics à moustaches, des tas de gens prêt à travailler plus à gagner toujours moins et à ne pas dire grand chose.
Une petite population qui mélange le goût des mandarines à celui des spéculoos.
Une petite population qui n’a rien contre l’Eurovision ni les horodateurs.
Une petite population qui rend visite à ses grands parents le dimanche pour boire un café après le chicon gratin.
Une petite population de buveur de bière et de joueur de kiker.
Une petite population qui emmène ses enfants à Plakendael au printemps et à Paradisio en hiver….
Comme ça, sans ennuyer le monde, en VW Touran.
Une petite population prévoyante qui a quelques euros sur un compte épargne et une concession au cimetière.
Une petite population qui est plutôt toujours d’accord
et en gros une petite population qui ne veut pas d’histoire.


Et vous,
bande de cons,
tout ce que vous trouvez à faire,
ce sont ces petites réunions où l’on tourne encore plus en rond que sur un circuit Marklin,
ce sont ces petits comités aussi stérile qu’un champs de patates à Tchernobyl,
ce sont ces petites réactions à chaud qui me rappelent les crises de mon chat quand il n’aime pas la marque de ses croquettes,
ce sont ces airs de petits tribuns en solde,
ce sont ces grands chevaux sur lesquels vous montez et qui seront toujours comme ces petit poneys tristes de la foire du midi.
Tout ce que vous trouvez à faire, c’est de vous tirer dans les pattes pour gagner une floche qui vous donnera droit à un tour gratuit sur ce manège sinistre que vous appelez “politique”.

Bande de nuls.


Alors moi, j’ai eu une idée.
Une grève, une vraie grève, une bonne grève, une grève de tout le monde tant que la politique belge ressemblera à une conserve de rollmops:
Les enfants n’iront plus à l’école, les femmes enceintes n’accoucheront pas, les déménageurs ne déménageront pas, naveteurs ne navetez plus, alcooliques n’alcoolisez plus, chauffeurs ne chauffez plus.
Pilote, mécanicien, traiteur, boucher, pêcheur, éboueur, esthéticienne, taxidermiste, stripteaseuse, scaphandrier, géomêtre expert, fleuriste, traiteur, opticien, huissier, substitut, gourou, préfet, trésorier, banquier, infographiste, ajusteur, analyste programmeur, technicien hotline, proxénète, dealer, animateur, orthodontiste, urologue, animateur socioculturel, fossoyeur…
Et tous les autres….
Total Stand By
On arrête tout…
Et vous verrez que dans trois jours, il feront moins les malins."

Thomas Gunzig

mardi 13 novembre 2007

Blue Planet


Un documentaire animalier au cinéma...? Pourquoi pas! Voyage extraordinaire à travers les saisons, les continents, les espèces de la terre, du ciel et de la mer, Un jour sur Terre (Earth en VO) nous offre, grâce aux toutes dernières technologies en matière de prise de vue en haute définition, des images proprement exceptionnelles. Chaque plan, ou presque, est d'une beauté à couper le souffle. Certains passages, orchestrés par de gracieux ralentis ou accélérés, dégagent une poésie folle ou une majesté enivrante. *Le making-of doit être passionnant*
Une voix off (Anggun en VF - ça passe) nous explique donc (un peu scolairement il est vrai) une multitude de ces moments de vie sur notre planète. La fameuse dynamique du chasseur - chassé (à noter des ralentis inoubliables sur un requin blanc, ainsi que sur un jaguar qui se chope une antilope), mais aussi plusieurs histoires évoquant épreuves, menaces et catastrophes liées aux réchauffement climatique. Ainsi, on assiste à l'errance d'un troupeau d'éléphant en quète d'eau, au désespoir d'un ours polaire rongé par la faim. D'autres moments sont franchement hilarants, comme la parade amoureuse d'un paradisier, les babouins frileux, les bébés canards faisant leur premier vol, ou cet éléphanteau qui se prend un arbre. Et puis ya des nounours, des morses qui puent, des zozios... C'est trop mimiiii.
Derrière tout ça c'est bien sûr le message écologique qui est proclamé: il est temps d'agir pour sauver notre belle planète. Beau, simple et archi-spectaculaire, Un Jour sur Terre vaut le détour. Ca nous change en tout cas des séries sur France 3 ou Pierre Arditi nous raconte comment Patrick le lion séduit Germaine la lionne. Et si vous avez un(e) petit(e) filleul(e) à divertir un dimanche après-midi, c'est l'idéal.

dimanche 4 novembre 2007

Feu de Forest



ARCADE FIRE est un des groupes les plus passionnants de ces dernières années, et personnellement ma découverte musicale la plus importante au rayon rock depuis 2005. En deux albums, le groupe québecquois a rassemblé une masse de fans de par le monde. Epique ou intimiste, toujours mélodieuse, leur musique sidère par son pouvoir émotionnel. Chaque chanson est frappée d'un label "tube" ou "hymne". Difficile de rester insensible à ces mélodies imparables, à ce mix incroyables de guitares en furie, de percussions imprévisibles, de rythmes entêtants, d'archets de violon déchaînés, de voix désarmantes... Sans oublier la force de leurs textes. Le lyrisme enivrant des chansons de Arcade Fire m'a comblé dès le début, et je rêvais de les voir sur scène.

C'est chose faite depuis vendredi soir. Les journées qui réalisent un rêve sont toujours bonnes. Dans un Forest National quasi-complet, les québecquois se sont enfin produits devant les bruxellois, très impatients depuis la date annulée en avril dernier aux Halles de Shaerbeek. Après une première partie sans intérêt (Clinic, aussitôt vu aussitôt oublié), la tension était palpable... Les néons rouges s'allument, le sigle du Neon Bible apparaît, et les 10 (!) musiciens entrent sur scène et commencent par deux singles du deuxième album, Keep the car running et le fantastique No Cars Go ("Let's go!!"). Les Arcade sont en forme - et se sont donnés pour la scénographie (notamment une série de petits écrans ronds retransmettant des gouttes de sueur en direct...). A dix mètres de la scène, je hurle ma joyeuse approbation. Le public, chaud patate, est fort réceptif à Haïti, ainsi qu'à Laïka, deux chansons parmi tant d'autres qui permettent aux fans d'entonner des "ouh-uh-ouuuh" ou autres "wooohooo-hooo". Win, le chanteur, était déja en nage quand ils s'est énervé sur l'ingénieur du son qui apparemment ne lui donnait pas assez de retour pour sa guitare... Dommage pour Black Mirror, moyennement réussi à cause de ce petit malaise. Malaise vite oublié par le SU-BLIME In the Backseat, superbement interprété par Régine. Jolis frissons... Les chansons s'enchaînent vite, on sent déjà que ce sera trop court. Le groupe assure leur Ocean of Noise, ainsi qu'une (excellente) chanson absente des albums, permettant à Win de faire péter l'orgue à tubes une première fois. Tunnels fut pour moi le déclic sur le pogomètre: je rejoins deux mètres devant moi un groupe de motivés sauteurs. A partir de là je suis entré en état de TRANSE intense, dans les deux sens du terme. L'enchainement Antechrist Television Blues - Power Out - Rebellion (voir vidéo) était extraordinaire. Déluge d'applaudissements. J'ai à peine le temps de reprendre mon souffle qu'ils revienent en rappel pour Intervention et le tant attendu Wake Up. Tonnerre d'applaudissements... qui ne sera malheureusement pas récompensé par un second rappel. Le groupe a joué 90 minutes et ne reviendra pas: les lumières sont rallumées. Une toute dernière chanson n'aurait pas été un luxe, du calibre de My Body is a Cage, Crown of Love ou même Neon Bible, trois chansons étrangement absentes de la setlist... Un petit goût de trop peu, donc, mais qui n'entache pas évidemment l'énorme souvenir de ce spectacle grandiose.

L'énergie déployée par le groupe sur scène est phénoménale, et leurs chansons prennent toute l'ampleur espérée. Ils donnent tous énormément, mais semblent bizarrement peu réceptifs à l'ambiance du public: très peu de communication, très peu de mots échangés, si l'on peut dire. Ils sont "dans leur trip" et donnent tout ce qu'ils peuvent, quitte à ne pas atteindre certaines notes à cause de l'essoufflement. Cette attitude renforce leur côté mystique, et fait partie du caractère "joyeux bordel" de Arcade Fire. En cela, il m'était difficile de juger la qualité acoustique de la salle (généralement décevante), tant je fus emporté par l'excellence des chansons, les hurlements des voisins (ou les refrains repris en choeur), le déluge de décibels provenant des guitares, des tambours ou des claviers de toute sorte, des vilons, de la contrebasse, du xylophone...

J'en suis sorti trempé jusqu'aux os, les oreilles sifflantes, les mollets en compote, le sourire aux lèvres. Bilan positif.