dimanche 4 novembre 2007

Feu de Forest



ARCADE FIRE est un des groupes les plus passionnants de ces dernières années, et personnellement ma découverte musicale la plus importante au rayon rock depuis 2005. En deux albums, le groupe québecquois a rassemblé une masse de fans de par le monde. Epique ou intimiste, toujours mélodieuse, leur musique sidère par son pouvoir émotionnel. Chaque chanson est frappée d'un label "tube" ou "hymne". Difficile de rester insensible à ces mélodies imparables, à ce mix incroyables de guitares en furie, de percussions imprévisibles, de rythmes entêtants, d'archets de violon déchaînés, de voix désarmantes... Sans oublier la force de leurs textes. Le lyrisme enivrant des chansons de Arcade Fire m'a comblé dès le début, et je rêvais de les voir sur scène.

C'est chose faite depuis vendredi soir. Les journées qui réalisent un rêve sont toujours bonnes. Dans un Forest National quasi-complet, les québecquois se sont enfin produits devant les bruxellois, très impatients depuis la date annulée en avril dernier aux Halles de Shaerbeek. Après une première partie sans intérêt (Clinic, aussitôt vu aussitôt oublié), la tension était palpable... Les néons rouges s'allument, le sigle du Neon Bible apparaît, et les 10 (!) musiciens entrent sur scène et commencent par deux singles du deuxième album, Keep the car running et le fantastique No Cars Go ("Let's go!!"). Les Arcade sont en forme - et se sont donnés pour la scénographie (notamment une série de petits écrans ronds retransmettant des gouttes de sueur en direct...). A dix mètres de la scène, je hurle ma joyeuse approbation. Le public, chaud patate, est fort réceptif à Haïti, ainsi qu'à Laïka, deux chansons parmi tant d'autres qui permettent aux fans d'entonner des "ouh-uh-ouuuh" ou autres "wooohooo-hooo". Win, le chanteur, était déja en nage quand ils s'est énervé sur l'ingénieur du son qui apparemment ne lui donnait pas assez de retour pour sa guitare... Dommage pour Black Mirror, moyennement réussi à cause de ce petit malaise. Malaise vite oublié par le SU-BLIME In the Backseat, superbement interprété par Régine. Jolis frissons... Les chansons s'enchaînent vite, on sent déjà que ce sera trop court. Le groupe assure leur Ocean of Noise, ainsi qu'une (excellente) chanson absente des albums, permettant à Win de faire péter l'orgue à tubes une première fois. Tunnels fut pour moi le déclic sur le pogomètre: je rejoins deux mètres devant moi un groupe de motivés sauteurs. A partir de là je suis entré en état de TRANSE intense, dans les deux sens du terme. L'enchainement Antechrist Television Blues - Power Out - Rebellion (voir vidéo) était extraordinaire. Déluge d'applaudissements. J'ai à peine le temps de reprendre mon souffle qu'ils revienent en rappel pour Intervention et le tant attendu Wake Up. Tonnerre d'applaudissements... qui ne sera malheureusement pas récompensé par un second rappel. Le groupe a joué 90 minutes et ne reviendra pas: les lumières sont rallumées. Une toute dernière chanson n'aurait pas été un luxe, du calibre de My Body is a Cage, Crown of Love ou même Neon Bible, trois chansons étrangement absentes de la setlist... Un petit goût de trop peu, donc, mais qui n'entache pas évidemment l'énorme souvenir de ce spectacle grandiose.

L'énergie déployée par le groupe sur scène est phénoménale, et leurs chansons prennent toute l'ampleur espérée. Ils donnent tous énormément, mais semblent bizarrement peu réceptifs à l'ambiance du public: très peu de communication, très peu de mots échangés, si l'on peut dire. Ils sont "dans leur trip" et donnent tout ce qu'ils peuvent, quitte à ne pas atteindre certaines notes à cause de l'essoufflement. Cette attitude renforce leur côté mystique, et fait partie du caractère "joyeux bordel" de Arcade Fire. En cela, il m'était difficile de juger la qualité acoustique de la salle (généralement décevante), tant je fus emporté par l'excellence des chansons, les hurlements des voisins (ou les refrains repris en choeur), le déluge de décibels provenant des guitares, des tambours ou des claviers de toute sorte, des vilons, de la contrebasse, du xylophone...

J'en suis sorti trempé jusqu'aux os, les oreilles sifflantes, les mollets en compote, le sourire aux lèvres. Bilan positif.

1 commentaire:

enfin bref... a dit…

Tout le week-end j'ai attendu LA critique de Mr Nootjes... Pas déçu et impressionné que je reste.
Merci pour ce splendide papier l'ami, car mon esprit était quelques peu... ailleurs.

Malgré tout je confirme l'état de transe du joyeux bambin que t’était...Je ne donnerai qu'une grosse gommette rouge; à cette bonne vieille "cuvette" qu'est notre Forest National... Mais bon, je n’allait pas trop en demander... Surtout que j’étais suffisamment honoré d’une douce présence... ;-)