dimanche 27 janvier 2008

You can't stop what's coming


Décidément, l’année ciné 2008 commence vraiment bien. Nous ne sommes qu’en janvier, et on tient là un des meilleurs films de l'année.
« Les frères Coen sont de retour »... C’est ce qu’affirme assez unanimement la critique, mais aussi le public… De retour à quoi ? Après les légèretés peu mémorables de Intolerable Cruelty et Ladykillers, ont peu dire qu’ils sont de retour à la noirceur, à leur humour sanglant... Et à leur immense talent. No Country For Old Men, adapté du roman de Cormac McCarthy, est une leçon de maîtrise proprement époustouflante. La force du scénario n'est pas dans l'intrigue (au Texas, un type ordinaire, qui trouve une valise pleine d’argent, se fait pourchasser par une tueur diabolique… Un shérif mène parallèlement l’enquête), mais dans la manière dont les trois protagonistes s'inscrivent dans cette spirale de la violence. Et si l’histoire est bonne, c’est aussi et surtout la façon dont le récit est mené. La linéarité est pimentée par des dialogues plus que parfaits, par une sens de tempo jouissif, des ellipses saisissantes, une utilisation brillante du silence (et donc du son), et une distillation savante d’un humour qui sort de nulle part, absurde, macabre, qui fonctionne à merveille. Les cadrages, superbement éclairés par le fidèle Roger Deakins (L’Assassinat de Jesse James…), sont millimétrés. Grâce à leur mise en scène, aussi subtile qu’efficace et d’une précision chirurgicale, les frères Coen nous offrent une série de scènes d’anthologie qui laissent bouche bée, notamment quelques face-à-face (dialogués ou ensanglantés) d’une tension inouïe.
J’avais presque oubliés à quel point les frères sont des monstres de la mise en scène… et de la direction d’acteurs ! Javier Bardem (photo) est simplement i-nou-bli-a-ble dans la peau de ce tueur psychopathe, cet ange exterminateur à la coiffure ridicule. Mais il ne fait pas d’ombre au talent de Josh Brolin, parfait. Tommy Lee Jones, lui aussi, est au sommet. Son personnage porte en lui toute la noirceur du film, mais aussi toute sa mélancolie. Le cut au noir final finit de clouer le spectateur dans son fauteuil, accablé par l’amertume de cette sombre histoire. Et par la puissance du film, monumental. No Country For Old Men est un classique instantané… qui vieillira bien. Un des meilleurs films des frères Coen, juste derrière Fargo (leur chef-d’œuvre au rayon sanglant), et The Big Lebowski (leur chef-d’œuvre au rayon comédie…).

Tiens, à propos de Fargo, je ne résiste pas à l'envie de poster cette petite vidéo qui fait honneur au fameux « Yah ! », qui ponctue le délicieux accent du Minnesota...

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