vendredi 1 février 2008

Astérix chez les People

Le voici le voilà. Après le premier opus signé Zidi (effroyable navet) et la désopilante Mission Cléopâtre signée Chabat, voici le troisième live action movie de l’irréductible Gaulois. Le projet d’adaptation de Gérard Jugnot ayant capoté (Astérix en Hispanie), c’est le jeune producteur Thomas Langmann qui a repris l’affaire, et il n’y est pas allé de main morte. S’il a aussi touché la caméra, aidé par Frédéric Forestier (Le Boulet), il a surtout monté un business monstrueux. Son objectif : le carton plein. Il ne compte pas égaler le succès historique de Mission Cléopâtre en France (imbattable avec ses 14 millions d’entrées), mais simplement conquérir toute l’Europe. Il aime jouer gros (avec 78 millions d’euros de budget, c’est un des films les plus chers de l’histoire du cinéma français), et veut rapporter gros. Il ne s’en cache pas. Le choix d’adapter Astérix aux Jeux Olympiques, loin d’être la meilleure des histoires de René Goscinny, répond d’ailleurs à cet logique commerciale, car le contexte « international » de l’histoire lui permettait de faire appel à une foule de stars européennes, notre Poelvoorde national pour représenter la Belgique. Après Roberto Benigni et Jamel Debbouze, c’est donc sur le potentiel « bankable » de notre Benoît-bien-aimé qu’on mise pour remplir les caisses. Lui, ainsi qu’une foule de gens, que dis-je, une armée de pipoles. Nous avons donc la poignée de comiques issus de la télé (Franck Dubosc qui fait du Dubosc, Elie Semoun qui fait du Semoun, José Garcia qui se ridiculise, Alexandre Astier qui remake son Kaamelott), une star québécoise (Stéphane Rousseau), des comiques célèbres d’Allemagne et d’Espagne (inconnus ici), la Laetitia Belucci de service (le top model italien Vanessa Hessler), et dans le rôle de César, un invité surprise : Alain Delon. Il est évidemment parfait pour le rôle, et se donne à cœur joie dans l’autodérision, assez amusante (« Avé moi ! »). Ce qui ne va pour autant pas l’empêcher d’étaler son ego : son nom est le seul à être encadré sur l’affiche, et les deux génériques affichent dans un encadré la mention « AVEC LA PARTICIPATION EXCEPTIONNELLE D'ALAIN DELON DANS LE RÔLE DE JULES CESAR. » Il a aussi exigé que le film se termine sur lui - et c’est le cas. De plus, Thomas Langmann a réuni une série de caméos aussi grotesques qu’inefficaces : Francis Lalanne, Adriana Karembeu, Dany Brillant, mais également – l’excuse « Jeux Olympiques » qui clignote – un défilé de sportifs de haut niveau. Ainsi, lors de la (peu spectaculaire) course de chars, un des participants n’est autre que Michael Schumacher, doublé en Français dans un char rouge écarlate – coach inclus. La cerise moisie sur le gâteau, c’est lors du « banquet final », *quand on croit que c’est fini mais en fait ya encore 10 minutes de bonus* : coucou qui voilà, Zidane, Tony Parker et Amélix Mauresmo. Consternant.
Et donc au milieu de ce boat people surnagent Astérix et Obélix (ah oui, eux !) qui n’ont pas grand-chose à faire là. Depardieu est parfait, comme toujours. Lui seul peut jouer Obélix. Quant à Astérix, c’est Clovis Cornillac qui remplace Christian Clavier, démissionnaire. Et c’est lui la bonne surprise du film. Plus jeune, plus espiègle, plus cartoon… Il est irréprochable. Exit aussi Claude Rich, LE Panoramix idéal, qui a laissé sa place à feu Jean-Pierre Cassel, flanqué de répliques molles et d’un maquillage hideux.

Tout ce petit monde cachetonne et s’excite tant qu’il peut à faire rire la galerie dans une succession de sketches très inégaux (globalement pas drôles, en fait), qui finissent d’annihiler une intrigue d’une inanité presque méprisante. Et l’acteur a beau faire ce qu’il peut, quand le gag est nul, le gag est nul. Exit l’humour Canal + du film précédent, place à l’humour TF1 et ses Enfants de la Télé, l’humour que l’on peut comprendre jusqu’en Grèce. Ce brave Poelvoorde, dont je suis client même quand il en fait des tonnes comme ici, arrache à peine quelques (sou)rires malgré son énorme présence à l’écran - et je fiche mon billet que les seuls moments vraiment rigolos sont dus à ses propres improvisations. Même problème d’écriture lors des nombreuses références à la culture ciné… Pour évoquer un exemple criant : Quand Alain Chabat faisait référence à l'Empire Contre-attaque, c'était drôle et bien amené, c’était c'est « subtil ». Ici, un centurion trouve un sabre-laser de Jedi et fait joujou avec pendant quelques secondes. La référence se suffit à elle-même : c'est plat, gratuit et pas drôle.

Blockbuster navrant de lourdeur et de vacuité, Astérix aux Jeux Olympiques est un incontestable ratage, facile et paresseux, qui se regarde avec ennui et douleur (vous ai-je dit que les effets spéciaux sont très moches ?). Un peu le même sentiment que quand je feuilletais le dernier album Astérix (avec Superman et Goldorak, là..) : une vraie honte. L’argent n’a pas d’odeur ? Celui qu’on voit s’étaler sur l’écran et qu’on imagine déjà dans les poches des producteurs, il sent fort la charogne.
Je pense à René Goscinny, et ça m’attriste.

L'ami Khan en parle aussi à sa manière ici.

Non, vraiment, n'y allez pas.

Mais fais pas cette tête de chien qui chie, on t'aime quand même...

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