Dernier petit post avant de partir se geler les miches sur les pistes.
- Dernier jour au job #2. Remettre sa clé et sa carte, ranger son ordi et son bureau, dire au revoir à ces chers collègues qu'on ne sait si on les reverra un jour. Inch Allah.
- Mon cinquième week-end Carpe Cantorem fut un bon cru. Ca nous a fait du bien de commencer l'année par un "mini-blocus" et de réattaquer le Messie. Le syllabus est un pavé de plus de 300 pages. Déchiffrage du "Surely" et du "All We Like Sheep", de bien beaux morceaux.
La version de William Christie, dans le coffret Sacred Music d'Harmonia Mundi, est assez superbe. L’ensemble est d’une grande grâce, mais c’est la voix d'Andreas Scholl, extraterrestre, qui vole la vedette.
Bientôt des infos sur mes concerts avec Canto XX4!
- Hier soir, concert intimiste de Frédéric Rouel (piano) et Elisabeth Wybou (violon). Très talentueux, ils ont comblé l'assistance avec des sonates, signées Mozart, Beethoven, Schubert. Trois très beaux moments, avec une préférence, une fois de plus, pour mon chouchou Schubert (Sonatine n° 2 en la mineur D385). L'andante de la Sonatine n°1, en bis, a mis tout le monde d'accord.
- Quelques films, par ordre de préférence:
A Serious Man ***, de Joen & Ethan Coen
Après des No Country for Old Men et Burn After Reading d'excellente mémoire, les Coen poursuivent sur leur lancée de folle créativité avec A Serious Man, "petit film" en apparence (casting d’inconnus, souvenirs d’enfance) mais grand film en vérité. Ce qui frappe d’emblée et qui m’a totalement emballé, c’est la musicalité (je me comprends) de ce film, tant dans la mise en scène que dans le scénario. Un Coen pur jus, A Serious Man fait quand même figure de cas à part tant on frôle le conceptuel. "Accueille avec simplicité les choses qui t’arrivent", nous dit le carton initial – et tout repose là-dessus. Autour d’un héros qui semble maudit (accusant une série de malheurs, il s’interroge sur le sens de sa vie), les Coen ont développé l’idée simple qu’il n’y a pas de réponses aux grandes questions que l’on se pose. On comprend vite qu’aucune solution ne tombera, ni du ciel, ni des légendes que racontent les rabbins, ni de toute cette galerie de personnages tous aussi tordants les uns que les autres. "Accept mystery", rétorque l’un d’entre eux. La réplique, par ailleurs hilarante, vaut tant pour Larry que pour le spectateur - cette fin abrupte mais superbe nous le confirme. Visuellement, c’est d’une classe folle, et tous les acteurs, parfaitement castés, sont géniaux. C’est drôle, tordu, mordant, intelligent. Brillant. Mon premier vrai coup de cœur de l'an 10 !
Up in the air ***, de Jason Reitman (In the air en VF)
En VF, ils ont enlevé le “Up”: il est vrai que ce vocable est bien trop compliqué à comprendre pour nous, public franco-belge. In the air, ça va, on comprend. Mais "Up"? *Wo woo woooo kesako, je comprends pluuuus!*
Bref. Jason Reitman confirme le bien qu’on pensait de lui après les sympathiques Thank you for smoking et Juno. C’est assez finement écrit. J’ai beaucoup aimé la manière dont le récit évoque à la fois le parcours intime du héros, ce "salaud" qui "change" et qui "remet sa vie en question" et la dureté du contexte social (la crise économique et ses restructurations drastiques), rappelé régulièrement par ses vignettes de bonnes gens qui se font virer. C’est donc drôle et grinçant, mais aussi grave et parfois émouvant. Tout n’est pas génial, mais Up in the air est une comédie socialo-romantico-dramatique subtile et succulente, qui aborde des sujets suffisamment interpellants pour montrer une vraie profondeur. Et puis c’est joliment emballé avec un montage clinquant et une BO pop-folk ad hoc. Clooney (choix parfait) est forcément impeccable, Vera Fermiga crèèèèève l’écran et Anna Kendrick est une vraie découverte, parfaitement castée – Dieu merci, on n’a pas donné ce rôle à Ellen Page.
Coco Chanel & Igor Stravinsky *, de Jan Kounen
Ca commence bien. La reconstitution de la première du Sacre du Printemps, réussie, a l'air de fort coller à la réalité. La choré flippante, la musique littéralement inouïe (c'est la version de Simon Rattle!), la marmite qui bout petit à petit, le stress du chorégraphe... C'est joliment exécuté et bien tendu comme il faut. Et le meilleur du film est passé. Mis à part donc ce prologue pour lequel, à vrai dire, je me suis déplacé, j'ai trouvé ce film assez inintéressant et finalement fort creux. On évoque donc la relation passionnée entre Coco et Igor, mais fort peu passionnante. On attend que ça se termine en s'ennuyant poliment. La femme d'Igor, malade, sait tout mais ne dit rien, elle souffre doublement. C'est le seul personnage intéressant. Mads Mikkelsen, fort de son charisme et de sa guele de slave, est assez crédible, mais j'ai malheureusement eu un gros blocage avec Anna Mouglalis. Déjà, sa voix, j'ai du mal, mais je ne la trouve vraiment pas très bonne actrice. Elle ne transmet pratiquement rien. Et Kounen de tenter de nous enivrer avec cette histoire plate à coups de tournoiements de caméra en-veux-tu-en-voilà… Il y a de jolies choses, mais qui, à la longue, finissent par lasser. Heureusement, il y a la bande son. A côté de la musique de Stravinsky, forcément fabuleuse, Gabriel Yared s'est montré fort inspiré. Et pour jouer au petit jeu de la comparaison facile, j'ai trouvé le film d'Anne Fontaine (Coco avant Chanel) bien plus intéressant et bien plus convaincant, tant dans son scénario que dans l'incarnation de Chanel: Tautou 1 – Mouglalis 0.
Invictus *, de Clint Eastwood
Quand une légende vivante du cinéma tourne au rythme d’un film par an, il ne faudrait pas s’étonner d’un faux pas. Pendant tout le film, j'ai eu l'impression de l'avoir déjà vu (alors que je n'avais vu que la bande annonce). Dépourvu de scène mémorable (un comble chez Clint), il n’y a dans Invictus absolument rien de surprenant. C'est pantouflard, c'est papy, on a toujours une scène d'avance. Le sujet est intéressant mais le scénario ne l’est pas. Tout est surligné au stabilo, chaque intention est répétée deux fois pour être sûr que ceux qui roupillent au fond ont bien compris. Morgan Freeman imite bien Mandela mais n’arrive pas à s’effacer derrière son personnage (comme Phoenix en Johnny Cash, par exemple), Matt Damon est simplement INEXISTANT, je pensais vraiment pas, à voir l'affiche, qu'il aurait un si petit rôle. La musique m'a gavé: en plus des sempiternelles trois petites notes au piano, il y a le fils Kyle qui chante sa SOUPE. *Johnny Clegg ya que ça de vrai.* Et le rugby, alors ? C’est mal filmé. Alors, j'avoue que mon cœur a battu plus rapidement durant la finale (qui ne fut en soi pas un grand match). Je riais des ralentis et des effets sonores grotesques (!), mais la victoire finale rappelle bien ces événements sportifs pour lesquels on a tremblé, vibré, pleuré. Agassi à Roland en 1999, Roger à Roland en 2009, etc. Aussi lourdingue soit-elle, cette fin a rouvert le tiroir de ces souvenirs intenses. C'est bien peu de choses pour un film qui manque vraiment d'intérêt, de loin le moins bon des Clint Eastwood que j'aie vus. Ses films ont toujours cette fluidité qui fait que tout ça passe assez vite, Dieu merci, mais en sortant de la salle je n'ai pas pu cacher ma grosse déception.
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