lundi 3 décembre 2007

Voyage au bout de la nuit

Quand je vous disais que des bons films arriveraient en cette fin d'année...

Chaque année cinéma qui se respecte envoie quelques claques. Celles qui te laissent un peu groggy, voire carrément KO. Celles où tu restes encore vissé quelques minutes dans ton fauteuil après le générique de fin. Le dernier uppercut de 2007 est signé James Gray, cinéaste rare dont les deux premiers films (Little Odessa et The Yards) avaient laissé pantois de nombreux cinéphiles. Pour ma part, je découvre enfin son cinéma avec We Own The Night, son troisième film en 13 ans.

New York, 1988. Bobby a le cul entre deux chaises: d’un côté il mène une vie de fêtard "classe" qui gagne le respect dans une boîte de nuit réputée mais pas toujours bien fréquentée, de l’autre il se fait lorgner d'un oeil dépité par son père et son frère, tous deux dans la police. Quand la lutte anti-drogue se mue en guerre totale (les flics tombent comme des mouches), Bobby doit donner un coup de main. Et choisir choisir son camp. Ce sera pas simple. Et pas drôle.
Ca ressemble a priori à un énième film "flics & truands", mais c'est beaucoup plus que cela. Transcendé par une mise en scène pétrifiante de maîtrise et un script tout simplement parfait, le récit prend des allures de tragédie grecque: lyrique, opératique, tragique. Ces conflits familiaux douloureux, ces dilemmes étouffants, ces regards intenses... Il y a là une maturité incroyable dans l'exploration psychologique d'un récit somme toute assez classique.
Les talents regroupés sont indéniables: les acteurs méritent tous un prix d'interprétation (Joaquin Phoenix en tête), la musique est magnifique, la photo à tomber... Mais avant toute chose il y a le talent de James Gray, qui fait régner la justesse de ton, l'efficacité, la fluidité, la clarté, la profondeur. Il est arrivé à donner à son film une aura quasi miraculeuse, une beauté simplement prodigieuse, qui te prend et ne te lâche plus jusqu'au dernier plan. Un peu comme quand Clint Eastwood est en grande foforme. Tant de splendeur, moi ça me scie en deux.
A noter, aussi, que le film regorge de scènes d'anthologies, notamment une extraordinaire scène de poursuite en voiture sous la pluie, ou encore une scène d'infiltration à se pisser dessus d'angoisse.
Avec La Nuit Nous Appartient, James Gray a signé un film à la beauté terrible, d'une incroyable force... Un futur classique, sans doute. Un très grand film, incontestablement.

2 commentaires:

Guillaume, Tristan et Florence a dit…

Et dire que nous ne pourront pas voir tous ces films qui m'ont l'air vraiment sympa avant un bon bout de temps. Il y a un cinéma par ici mais je doute qu'il y ai ce genre de film à l'affiche !
Bravo pour ton blog en tout cas, il est vraiment sympa.

Gros bisous à 30°C pour mettre un peu de chaleur en Belgique !

Flo

Benj a dit…

Film qui déboîte !

Voilà c'est tout.