lundi 31 mai 2010

De battre notre cœur s'est arrêté













From Here to There

Un week-end qui a conjugué les émotions les plus opposées.


- Le concert fut une victoire à plus d'un titre. Avant tout, une victoire pour l'œuvre de David. Notre interprétation de La Belle e(S)t la Bête s'est déroulée sans accroc. De légères pertes d'équilibres - le public, entre fascination et grattage de menton, n'y a vu que du feu - mais une vraie qualité d'ensemble. David est fier de nous. Nous sommes très fiers de lui. Et voilà comment une page se tourne. Plus d'un an de travail pour une douzaine de minutes de musique, ça peut paraître surréaliste, mais cela en valait la peine. Vivement Vaison-la-Romaine pour remettre ça! Pour les curieux, une captation vidéo de l'œuvre, prévue fin août, sera mise en ligne en septembre sur YouTube.
Ce fut également une victoire pour la reconnaissance de
Canto XX4. Aux yeux du public et du "milieu", le bond est de taille.
Enfin, une victoire aussi pour l'organisation du concert, qui fut maintes fois saluée - du moins par les gentils choristes d'ACJ participants. Aux yeux du public, certains détails d'organisation ou d'interprétation faisaient parfois penser à une répé générale, mais globalement on était à mille lieues du concert poussiéreux de Namur, qui vieillit bien mal dans mon esprit.
J'ai personnellement pris un réel plaisir à chanter le Joseph Jongen et les deux César Franck.


- A la fin de la soirée, une bien belle nouvelle que je ne peux malheureusement pas (encore) divulguer ici mais qui nous a fait littéralement bondir de joie.


- De retour à la maison, on se branche sur Musiq'3 pour la proclamation des résultats du Concours Reine Elisabeth Piano 2010... Et ce qui devait arriver arriva: c'est le dernier des douze finalistes (le Russe Dennis Kozhukhin) qui remporte le premier prix! (Pas de bol, le seul soir où je n'écoute pas...) J'aimerais un jour avoir accès aux statistiques du concours pour vérifier combien de fois c'est déjà arrivé, mais cela me semble TRES fréquent. J'aimerais comprendre, aussi. Autre statistique étrange: pour la cinquième fois, et pour la troisième fois d'affilée (!), le vainqueur a joué le 2ème concerto de Prokofiev en finale... Ce concerto extraordinaire est d'autant plus marquant quand il est divinement joué, ne nous en plaignons pas. Hâte d'entendre ce que Dennis Kozhukhin en a fait, après les inoubliables Severin von Eckhardstein en 2003 et Anna Vinnitskaya en 2007... *Achat du coffret 3 CD obligé*
Je suis très heureux du deuxième prix pour le Bulgare Evgueni Bozhanov. Son 2ème concerto de Rachmaninov, transcendé, m'a ébloui de bout en bout. Heureux aussi pour le coréen Kim Tae-Jung, qui avait su rendre justice au 1er concerto de Brahms, un des grands moments de cette semaine. Le reste du Palmarès est plus surprenant, mais n'oublions pas que le jury des finales est le même que celui des demi-finales (que je n'ai pas suivies). Leurs jugements en tiennent forcément compte.
Allez, rendez-vous l'an prochain pour le chant!


- Le lendemain matin, une bonne vieille grasse mat' comme on les aime.


- Puis le coup de fil de Julien. Et la mauvaise nouvelle, qui suspend la journée dans un état surréaliste. Un pote qui s'en va sans rien dire. Entre colère, douleur et tristesse, toutes les pensées, sans interruption, s'en vont chercher tous ces souvenirs, s'en vont vers les amis, la famille. Vers Philot. On a du mal à y croire, à réaliser.
Il s'agira d'être fort. Il s'agira d'être là.

mardi 25 mai 2010

Week-end prolongé

Quelques mots sur un bien joli week-end prolongé de mai.

- Vendredi soir à Flagey, deuxième vision de Nobody Knows ****, chef-d’oeuvre qui a consacré internationalement Hirokazu Kore-Eda comme auteur majeur du cinéma contemporain. Basé sur un fait divers authentique, Nobody Knows retrace la tranche de vie, dans un quartier populaire de Tokyo, de quatre jeunes enfants. Abandonnés par leur mère, ils vivent cachés. Le fils aîné, 12 ans, fera ce qu’il peut pour s’occuper de ses jeunes frères et sœurs. On ne les quittera pas pendant les 2h20 que dure le film (qui s’étend sur une période de six mois) pour assister, petit à petit, à cette lente mais inéluctable dégradation de leur quotidien et de leurs conditions de vie.
La tentation du misérabilisme se fait grande, mais Hirokazu Kore-Eda refuse le pathos, tout autant qu’il refuse la dénonciation sociale. Relayé à l’arrière-fond, le drame restera en filigranes pour faire place à une proposition esthétique inattendue. Sa mise en scène, miraculeuse, est emplie de tendresse, de justesse et d’énorme pudeur. Un réalisme poétique d’où jaillit une force quasi documentaire qui ne peut que bouleverser. A noter, l’interprétation subjuguante des jeunes enfants… (le jury cannois de l’époque ne s’était d’ailleurs pas privé en attribuant le prix d’interprétation au jeune Yuya Yagira, 14 ans). La force de ce film est donc dans le contraste qu’il y a entre la noirceur du drame (des enfants livrés à eux-mêmes) et la luminosité avec laquelle il est raconté (toujours à hauteur d’enfant). Si Nobody Knows (titre magnifique) évite les larmes, c’est aussi pour mieux nous hanter, après la vision, dans la partie la plus déprimante de notre inconscient : la perte de notre enfance.

- Samedi, du shopping fructueux d’abord pour elle, chez Mmmmh ! (cours de Pierre Marcolini himself en prime), puis pour moi, à la nouvelle Fnac de la Toison d’Or. Une bonne petite razzia de DVD bas-prix, plus tard complétée encore au Pèle-Mèle, coin idéal de bonnes affaires quand on est ami avec le personnel… *un merci spécial à ceux qui se reconnaîtront*

- Le soir, pour fêter les Taureaux, quelques bonnes retrouvailles dans un des meilleurs cafés de Bruxelles (au rayon "pils au comptoir") : L’Ambiance. Elle était bonne, merci.

- Dimanche matin, dernière répétition de La Belle e(S)t la Bête avant le jour J (-4 !). Ca reste périlleux. Mais ça ira.


- Puis vint le bonheur dans la petite maison de campagne. Au progamme : jardinage, lecture, grande balade à vélo, premier plongeon dans la piscine, bonne bouffe saine et variée.

Un air de vacances au puissant pouvoir de déconnexion.


- Si le palmarès de Cannes m’a globalement plu, c’est surtout parce qu'il correspond assez bien aux échos, du moins ceux de mes amis de FilmDeCulte. Petites conclusions :
Il faut absolument que je découvre les films d’Apichatpong Weerasethakul.

La sélection (officielle) avait beau être un peu molle, j’attends maintenant avec impatience Des Hommes et des Dieux de Xavier Beauvois, Another Year de Mike Leigh (oublié du Palmarès, mais Leigh a déjà eu la Palme en 1996), Biutiful d’Inarritu (très content pour Bardem, c'est un grand acteur), Poetry de Chang-dong Lee…
Le prix pour Binoche est étrange. Je suis convaincu qu'elle est phénoménale dans le Kiarostami, mais je m'attendais vraiment à quelqu'un d'autre.
Surpris mais très content pour mon pote Mathieu Amalric. La cote d’amour de ce mec est hallucinante. Non seulement il est applaudi de partout pour son immense talent d'acteur, et le voilà qu'il gagne le prix de la mise en scène...! Respect. Je suis très curieux de voir son film, Tournée.

- J’écris ces lignes en écoutant le Concours Reine Elisabeth (Piano 2010), épreuve dont je suis devenu fan incurable depuis 2003. Ca tombe bien, je n’ai pas prévu grand-chose cette semaine. A noter, la présence en masse des coréens (un finaliste sur deux), et de Prokoviev (six fois au programme des concertos). Allez, après ça j’irai voir un peu ce qui se passe à Roland-Garros…

mercredi 19 mai 2010

And they lived happily ever after

- Dans son essai Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus, l'américain John Gray décortique les différences fondamentales entre hommes et femmes et dégage des pistes pour mieux comprendre la relation avec le sexe opposé et ainsi mieux vivre son couple. Un best-seller phénoménal que j’ai pourtant abandonné après une cinquantaine de pages. Non pas que c’est inintéressant, mais la leçon se fait carrément indigeste à force d’être répétitive. Paul Dewandre a eu la bonne idée d’en faire une synthèse sous forme de one-man show.
Le message de John Gray passe en effet beaucoup mieux en spectacle, vu l’autre jour en DVD (mais toujours en tournée en France). La scène permet non seulement d’interagir avec le public et de lancer quelques vannes, mais aussi de résumer en 1h30 les différents messages de la théorie. En plus d’être fort instructif (il y a beaucoup de choses vraies), c’est plutôt rigolo. A voir en couple, évidemment.


- A propos de couple, deux amis se sont mariés l’autre jour à New York. Comme ça, loin de tout, rien qu’à deux, sans prévenir personne… C’est sûr, ça surprend ! Mais ça leur correspond à 100%. On a tous bondi de joie. Quoi de plus réjouissant de voir deux âmes sœurs se trouver… et s’engager pour la vie. Longue vie à eux. *bon, faudra arroser tout ça maintenant hein*



- Robin Hood ***, de Ridley Scott

Ridley Scott a certes réalisé une poignée de films cultes (Alien, Blade Runner, Thelma & Louise…), mais sait aussi commettre des films nettement moins réussis ou intéressants. D’ailleurs, depuis Gladiator, splendide résurrection du péplum adorée de tous et consacrée aux Oscars, papa Scott peinait à convaincre vraiment. Seul American Gangster était sorti du lot. C’est le cas aussi avec ce Robin Hood, film d’aventures moyenâgeuses qui raconte, sur fond de conflit Franco-Anglais, comment Robin des Bois est devenu le célèbre hors-la-loi. Formellement, que ce soit pour la photo ou le travail de reconstitution, la même équipe que Gladiator a fait du beau boulot. Scott a su se montrer inspiré lors des scènes de batailles, à voir sur grand écran. Le script de Brian Helgeland a su trouver le bon équilibre entre les récits intimistes (le Robin "begins", ainsi que sa romance avec Marianne) et le contexte politique de la tyrannie menée par l’infâme Jean sans Terre. Cet équilibre est également appréciable dans le ton du film, entre premier degré sérieux et aventure costumée sur le ton d’ « il était une fois »… Si on peut débusquer quelques réserves mineures ici et là (la musique plate, quelques petits coups de mous), on se laisse toutefois facilement embarquer dans cette histoire bien menée et servie par une belle brochette de comédiens convaincants : le toujours parfait Russel Crowe (que Scott retrouve ici pour la cinquième fois), Cate Blanchett, Mark Strong, John Hurt, le Belge Jonathan Zaccaï (dans le rôle du Roi Philippe), et j’en passe. Certes, il peut manquer à ce Robin Hood le souffle et la puissance de Gladiator, mais en l’état c’est une réussite fort plaisante. Et il y a un très joli générique de fin.

Quelques rattrapages DVD, aussi. Rien de très folichon.

- Paranormal activity * (Oren Peli, 2009) : On pense inévitablement The Blair Witch Project de par son dispositif (faux docu filmé par les acteurs eux-mêmes) et par son budget riquiqui (tourné à la maison pour 15.000 dollars). L'idée de départ est bonne (un couple dont la femme est poursuivie par un démon décide de filmer ce qui se passe la nuit dans leur chambre), et elle offre certes quelques beaux moments d’effroi, mais le film se trouve malheureusement handicapé par des acteurs peu convaincants et un script faiblard. Le manque d’idées finit par nuire à la crédibilité de l’ensemble.
- A Beautiful Mind * (Ron Howard, 2002) : Rattrapage du seul "best picture winner" que je n'avais pas vu de ces vingt dernières années. Sa réputation d'usurpateur d'oscar (face à The Lord of the Rings : The Fellowship of the Ring) est fondée: c'est un biopic propret mais lisse, mielleux et hollywoodien, qui ne vaut le détour que pour les performances de son casting (Russel Crowe, possédé, et Jennifer Connelly, superbe). Ron Howard a déjà fait bien pire, mais il a déjà fait nettement mieux aussi.
- Les Jolies choses * (Gilles Paquet-Brenner, 2001) : D’après le livre de Virginie Despentes, une histoire d’usurpation d’identité dans le milieu musical. La mise en scène tape-à-l’œil n’aide pas au fonctionnement du drame. Malgré les bons acteurs (Cotillard, Bruel, Stomy Bugsy) et quelques jolies choses, on s’ennuie rapidement.
- L’Enfer ° (Danis Tanovic, 2005) : Mais que s’est-il passé ? No Man’s Land n'était-il qu'un accident ? Tiré d’un ancien scénario signé Kieslowski (Heaven, de Tom Tykwer, était déjà de lui), cet Enfer porte bien son nom: c'est une bouse inimaginable, un ratage nanardesque proprement insupportable. Par moments, on se croirait dans une parodie de films d’auteurs par Les Inconnus.

lundi 17 mai 2010

Pas-de-Calais

Week-end prolongé dans le Pas-de-Calais, en famille. Découverte d'une très belle région, bien plus verte que je ne l'avais imaginée. Quatre jours de paix, de joie, de soleil et de plaisirs simples, pour fêter les 35 ans d’épousailles des parents.
Notre gîte était superbe. Accueil princier (ah, ce petit déjeuner!), cadre campagnard, volatiles à gogo... Quelques vues:


A Touquet-Paris-Plage, châteaux de sable et balades de circonstances.

La ville, c’est comme Knokke-le-Zoute, mais avec des Parisiens. Ca sent l'argent un peu partout. Nous avons fui la foule inimaginable du marché de samedi pour s’aventurer plus calmement dans les ruelles résidentielles, à l’affut de villas à l’architecture souvent étonnante *que des baraques de malade hein*.

La région est un paradis pour les cyclistes.

Au rayon visites, nous avons vu:

La citadelle et quelques ruelles de Montreuil-sur-mer,

les beaux Jardins de Valloires,
puis, au retour, le centre-ville de Lille, où il n’y a pratiquement que des magasins de nippes. Mais c’est joli.

Notre mascotte.

Tout cela fut fort agréable, ma foi. Maintenant, retour à la grisaille.

mercredi 12 mai 2010

Du holde Kunst, ich danke dir

- Tous les lundis, je regarde le Zapping de la semaine de Canal+. Un condensé, en 15 minutes, de l’actualité vue à la télé. Ou comment te plomber le moral de bon matin ! Je repense à ce que le philosophe Clément Rosset disait dans le dernier Psychologies Magazine : « De toute façon, rassurez-vous : tout va mal. Soyons forts. »


- Le week-end Canto XX4 s’est bien passé. Deux jours de travail ensemble, ça resserre les liens : ceux du groupe et ceux de La Belle
e(S)t la Bête, oeuvre folle parsemée d'accords complexes et de rythmes alambiqués. Le bond qualitatif effectué par le groupe est remarquable. Une dernière petite répé dimanche en huit et nous serons fin prêts pour le concert. Le stress commence doucement à monter… Cette œuvre (12 minutes et des poussières) est tellement complexe qu’un seul petit grain de sable peut enrayer toute la machine. Une seule fausse note, et l’accord se brise, ça devient moche. Un seul faux pas peut déstabiliser le chef, et les autres, comme des dominos, seront perdus. Mais ça, c’est le worst case scenario… Quand chaque élément est parfaitement à sa place, on atteint sans peine le sublime. C’est ça qui fascine dans cette œuvre : sa beauté est fragile et cachée. Ceux qui seront là le 29 mai s’en souviendront ! Les autres pourront se rattraper avec la captation vidéo prévue cet été.



- José Van Dam fait ses adieux à la scène, dans Don Quichotte de Massenet, à La Monnaie. C'est évidemment complet de bout en bout. Je ne l’aurai jamais vu sur scène. Mais écouter sa magnifique voix reste un plaisir. Je l’écoute depuis Le Maître de Musique, film de mon enfance qui, à l’instar d’Amadeus, a été un déclencheur de ma passion pour la musique classique... et pour le cinéma!



- Cannes 2010 commence aujourd’hui. La sélection officielle est une des moins sexy depuis longtemps. En compétition, je suis intrigué par les films de Mathieu Amalric, Bertrand Tavernier, Alejandro G. Inarritu bien sûr (Amores Perros, Babel), le Doug Liman et le Ken Loach. Pour le reste, attendons d’entendre les premiers potins cannois… Hors compète, il y a la suite de Wall Street d’Oliver Stone, le chouchou Woody Allen, le dernier Stephen Frears. Pour suivre le tout, le blog tenu par les amis de FilmDeCulte.


- Découverte d’une belle série de photo signée Jan von Holleben.

Visitez la galerie ici. Merci au blog des Lapins !).


- Instant green: découverte d’un blog qui aide à voir la vie en vert. A consulter régulièrement !


- Demain, long week-end en famille dans le Nord-Pas-de-Calais ! Une bouffée d’air frais ne pourra que faire du bien.

vendredi 7 mai 2010

Meet the puppets

- Hier soir, par la Compagnie Tadam, une petite partie de Bingo.
Le principe est simple. Chaque spectateur a une grille de Bingo. Au fil de la soirée, des numéros sont tirés, et les comédiens viennent puiser leurs idées de départ chez ceux qui ont pu cocher un bon numéro. Une douzaine de sketches sont ainsi joués, complètement improvisés. A la fin de la soirée, celui qui a pu cocher cinq numéros alignés gagne un cadeau (un resto pour deux). Voilà une façon originale de redécouvrir les joies du théâtre improvisé – c’est autre chose que l’arène de hockey sur glace et des pantoufles. Les comédiens étaient bons et on s’est bien marrés. De quoi bien raviver mon envie de remonter sur scène, en tout cas.


- Mariages 2010 #4 : A&L. Comme prévu, les petits plats ont été mis dans les grands. Ce fut un mariage princier, organisé de main de maître, à la fois simple et grandiose, comme toutes ces noces où les mariés s’offrent le luxe de fêter ça à la maison. La fête en fut d'autant plus personnalisée, comme le fut la belle messe où l’on vit les mariés très impliqués (jusqu’à donner l’homélie !). L’assemblée a retenu son souffle durant les échanges de consentement, très intenses. La chorale d’amis, par définition modeste, s’en est bien tirée. Les quelques inévitables fausses notes ont été balayées par un Oh Happy Day final (décidément un tube des mariages) qui a pas mal cassé la baraque. Le jour fut heureux oui, car ce fut une réelle joie de revoir cette maison qui a bercé 25 ans de ma vie, remise à neuf par d’impressionnantes transformations. Une joie de revoir tous ces gens plus revus depuis longtemps (cousins proches ou éloignés, voisins, etc.). Puis, l’ambiance, comme le temps, était au beau fixe. On se souviendra encore longtemps de cette incroyable soirée, enflammée par un DJ en béton armé. J'avais rarement vu autant de gens déchaînés à une simple soirée de mariage. Et quand la musique est bonne, je danse. J’ai dansé non-stop. Paie tes trois jours de courbatures... Bref, "on en a bien profité".
Seule ombre au tableau : celle qui était prévue, à savoir l’absence totale du moindre effort de réconciliation de la part de certaines personnes qui n'ont rien changé à leur attitude de rejet. Attitude disproportionnée et ridicule. Triste constat pour une histoire de famille aussi désolante qu’incompréhensible, que je me garderai bien de développer ici. Des larmes ont coulé et couleront sans doute encore. Maigre consolation : on finit toujours par en rire.

- Il est de ces films, parce qu’on les connaît par cœur, que l’on pense pouvoir laisser reposer tranquillement quelques années, mais ils reviennent toujours refaire un petit coucou à l’occasion. Quand, par exemple, on le fait découvrir à quelqu’un qui nous est cher. Ainsi, avec ma douce, j’ai revu un des films qui a marqué ma cinéphilie et mon adolescence, et qui me faisait proclamer que Tim Burton était mon réalisateur préféré : Edward Scissorhands.
Qu’il résistait aux visions multiples, je le savais déjà, mais il m’a paru plus évident, cette fois (ma neuvième, je pense), qu’Edward résiste(ra) au temps, comme tous ces grands classiques indémodables et immortels. Tant sur le fond (conte universel sur la différence) que sur la forme (direction artistique ouvertement sur l’imaginaire). J’avais presque oublié aussi, à quel point la performance de Depp était exceptionnelle. Sa présence est magnétique. Evoquons aussi la partition sublimissime de Danny Elfman, qui signe une BO simplement miraculeuse. Qu’elle ait été oubliée par les Oscars reste pour moi une des grandes injustices de ce monde. *Bon, trêve de blabla.*
- En salles:

Air Doll *** de Hirokazu Kore-Eda

Adapté d’un manga, Air Doll
raconte l’histoire d’une poupée gonflable (oui oui, le sex toy) qui prend vie. Durant l’absence de son propriétaire, en journée, elle déambule dans Tokyo et découvre ce que c’est d’avoir un cœur. Les joies et les peines, les rencontres et les sentiments. Mais Nozomi (c’est son nom) n’en reste pas moins une poupée en plastique qui doit compter sur les autres pour la regonfler en cas d’accrochage.
Au risque d’en déconcerter certains, Hirokazu Kore-Eda s’écarte de ses deux précédents chefs-d’œuvre (Nobody Knows et Still Walking) pour retrouver la veine d’After Life (1999). Air Doll est une fable fantastique qui, malgré son pitch léger et osé, propose un vrai fond : celui du récit (qu’est-ce être en vie ? pourquoi mon cœur bats-tu ?) et celui qui transparaît en filigrane (la misère sociale et sexuelle, la solitude urbaine). Malgré quelques longueurs, Air Doll captive et émeut grâce à la poésie de la mise en scène et l’interprétation courageuse de l’actrice, épatante. Un joli brin de film, tendre et dur à la fois.

Iron Man 2 * de Jon Favreau

Décidément, après Adèle Blanc-Sec, Kick-Ass et Air Doll, voici une fois de plus un film tiré d’une BD. Mais il s’agit surtout de la suite du premier volet, qui avait surcartonné il y a deux ans. On y voyait la naissance d’Iron Man, alias Tony Stark, un richissime vendeur d’armes reconverti dans la lutte contre le crime, ou carrément la paix mondiale, qu’il rétablit à l’aide de son armure de fer de haute technologique, lui conférant des pouvoirs très puissants.
Grâce à la gouaille de Robert Downey Jr (offrant tout le charme et le cynisme nécessaire au personnage) et la qualité des effets visuels, le premier Iron Man laissait un bon souvenir, petits défauts oubliés. C’est malheureusement les défauts que l’on retient pour ce deuxième opus. Que Downey Jr soit excellent et les effets spéciaux soignés, c’était la moindre des choses. Mais le bond qualitatif (tant au niveau du spectacle qu’au niveau de la profondeur), que l’on avait pu connaître avec Spider-Man 2, X-Men 2 ou The Dark Knight, n’a pas eu lieu.
L’ennui a pointé le bout de son nez a plusieurs reprises. La faute sans doute au scénario, qui ne comporte pas assez d’action, trop de blabla, trop peu de vannes drôles, trop de références que les non-geeks ne peuvent pas (encore) comprendre, pas assez de développement dans les enjeux exposés. Iron Man 2 n’est pas assez fun ou pas assez grave (j'hésite encore). Une belle déception en tout cas.

Par contre, la projection était en numérique. Fini les crachotements lors des changements de bobines, fini les brûlures de cigarettes, fini les sous-titres qui grésillent, place aux sous-titres propres, au bord de cadre bien défini, à une image ultra nette… La différence est notable. Tous les films (du moins de ce calibre) devraient être projetés comme ça.

- Deux très beaux films en DVD :

The Adventures of Priscilla, Queen of the Desert *** de Stephan Elliott (1994)
Un film tourné avec trois fois rien qui raconte le périple tragico-comique d’un trio de drag queens (dont un transsexuel) à travers le désert australien. Ils/elles vivront des aventures où ils/elles apprendront beaucoup sur eux/elles-mêmes. C’est drôlissime mais aussi très touchant. C’est plein de justesse, de tendresse, de folie bien sûr, d’humanité. Le trio d’acteurs, tous épatants, fonctionne à merveille : Terence Stamp, qui a rarement été aussi bon, et deux australiens d'avant leur carrière américaine : Hugo Weaving (la trilogie Matrix, la trilogie Lord of the Rings, V for Vendetta...) et Guy Pearce (Memento, L.A. Confidential, The Hurt Locker, Ravenous...)

La Petite Lili *** de Claude Miller (2003)
Le premier film de Claude Miller que je vois, et je ne suis pas déçu. La Petite Lili est une (libre) adaptation de La Mouette de Tchekov, transposée aujourd’hui. Superbes dialogues, ellipses habiles, personnages entiers : on comprend vite que le scénario est riche, magnifique. Histoire de famille, histoire d’émancipation, réflexion sur notre rapport au cinéma… On en oublierait presque la belle mise en images, voire le casting cinq étoiles : Giraudeau, Nicole Garcia, Marielle, Julie Depardieu, Ludivine Sagnier, Robinson Stévenin, et j’en passe. Tous sont parfaits. Vraiment, un très beau film, qui m’a rappelé que je n’avais toujours pas vu Un secret !