vendredi 7 mai 2010

Meet the puppets

- Hier soir, par la Compagnie Tadam, une petite partie de Bingo.
Le principe est simple. Chaque spectateur a une grille de Bingo. Au fil de la soirée, des numéros sont tirés, et les comédiens viennent puiser leurs idées de départ chez ceux qui ont pu cocher un bon numéro. Une douzaine de sketches sont ainsi joués, complètement improvisés. A la fin de la soirée, celui qui a pu cocher cinq numéros alignés gagne un cadeau (un resto pour deux). Voilà une façon originale de redécouvrir les joies du théâtre improvisé – c’est autre chose que l’arène de hockey sur glace et des pantoufles. Les comédiens étaient bons et on s’est bien marrés. De quoi bien raviver mon envie de remonter sur scène, en tout cas.


- Mariages 2010 #4 : A&L. Comme prévu, les petits plats ont été mis dans les grands. Ce fut un mariage princier, organisé de main de maître, à la fois simple et grandiose, comme toutes ces noces où les mariés s’offrent le luxe de fêter ça à la maison. La fête en fut d'autant plus personnalisée, comme le fut la belle messe où l’on vit les mariés très impliqués (jusqu’à donner l’homélie !). L’assemblée a retenu son souffle durant les échanges de consentement, très intenses. La chorale d’amis, par définition modeste, s’en est bien tirée. Les quelques inévitables fausses notes ont été balayées par un Oh Happy Day final (décidément un tube des mariages) qui a pas mal cassé la baraque. Le jour fut heureux oui, car ce fut une réelle joie de revoir cette maison qui a bercé 25 ans de ma vie, remise à neuf par d’impressionnantes transformations. Une joie de revoir tous ces gens plus revus depuis longtemps (cousins proches ou éloignés, voisins, etc.). Puis, l’ambiance, comme le temps, était au beau fixe. On se souviendra encore longtemps de cette incroyable soirée, enflammée par un DJ en béton armé. J'avais rarement vu autant de gens déchaînés à une simple soirée de mariage. Et quand la musique est bonne, je danse. J’ai dansé non-stop. Paie tes trois jours de courbatures... Bref, "on en a bien profité".
Seule ombre au tableau : celle qui était prévue, à savoir l’absence totale du moindre effort de réconciliation de la part de certaines personnes qui n'ont rien changé à leur attitude de rejet. Attitude disproportionnée et ridicule. Triste constat pour une histoire de famille aussi désolante qu’incompréhensible, que je me garderai bien de développer ici. Des larmes ont coulé et couleront sans doute encore. Maigre consolation : on finit toujours par en rire.

- Il est de ces films, parce qu’on les connaît par cœur, que l’on pense pouvoir laisser reposer tranquillement quelques années, mais ils reviennent toujours refaire un petit coucou à l’occasion. Quand, par exemple, on le fait découvrir à quelqu’un qui nous est cher. Ainsi, avec ma douce, j’ai revu un des films qui a marqué ma cinéphilie et mon adolescence, et qui me faisait proclamer que Tim Burton était mon réalisateur préféré : Edward Scissorhands.
Qu’il résistait aux visions multiples, je le savais déjà, mais il m’a paru plus évident, cette fois (ma neuvième, je pense), qu’Edward résiste(ra) au temps, comme tous ces grands classiques indémodables et immortels. Tant sur le fond (conte universel sur la différence) que sur la forme (direction artistique ouvertement sur l’imaginaire). J’avais presque oublié aussi, à quel point la performance de Depp était exceptionnelle. Sa présence est magnétique. Evoquons aussi la partition sublimissime de Danny Elfman, qui signe une BO simplement miraculeuse. Qu’elle ait été oubliée par les Oscars reste pour moi une des grandes injustices de ce monde. *Bon, trêve de blabla.*
- En salles:

Air Doll *** de Hirokazu Kore-Eda

Adapté d’un manga, Air Doll
raconte l’histoire d’une poupée gonflable (oui oui, le sex toy) qui prend vie. Durant l’absence de son propriétaire, en journée, elle déambule dans Tokyo et découvre ce que c’est d’avoir un cœur. Les joies et les peines, les rencontres et les sentiments. Mais Nozomi (c’est son nom) n’en reste pas moins une poupée en plastique qui doit compter sur les autres pour la regonfler en cas d’accrochage.
Au risque d’en déconcerter certains, Hirokazu Kore-Eda s’écarte de ses deux précédents chefs-d’œuvre (Nobody Knows et Still Walking) pour retrouver la veine d’After Life (1999). Air Doll est une fable fantastique qui, malgré son pitch léger et osé, propose un vrai fond : celui du récit (qu’est-ce être en vie ? pourquoi mon cœur bats-tu ?) et celui qui transparaît en filigrane (la misère sociale et sexuelle, la solitude urbaine). Malgré quelques longueurs, Air Doll captive et émeut grâce à la poésie de la mise en scène et l’interprétation courageuse de l’actrice, épatante. Un joli brin de film, tendre et dur à la fois.

Iron Man 2 * de Jon Favreau

Décidément, après Adèle Blanc-Sec, Kick-Ass et Air Doll, voici une fois de plus un film tiré d’une BD. Mais il s’agit surtout de la suite du premier volet, qui avait surcartonné il y a deux ans. On y voyait la naissance d’Iron Man, alias Tony Stark, un richissime vendeur d’armes reconverti dans la lutte contre le crime, ou carrément la paix mondiale, qu’il rétablit à l’aide de son armure de fer de haute technologique, lui conférant des pouvoirs très puissants.
Grâce à la gouaille de Robert Downey Jr (offrant tout le charme et le cynisme nécessaire au personnage) et la qualité des effets visuels, le premier Iron Man laissait un bon souvenir, petits défauts oubliés. C’est malheureusement les défauts que l’on retient pour ce deuxième opus. Que Downey Jr soit excellent et les effets spéciaux soignés, c’était la moindre des choses. Mais le bond qualitatif (tant au niveau du spectacle qu’au niveau de la profondeur), que l’on avait pu connaître avec Spider-Man 2, X-Men 2 ou The Dark Knight, n’a pas eu lieu.
L’ennui a pointé le bout de son nez a plusieurs reprises. La faute sans doute au scénario, qui ne comporte pas assez d’action, trop de blabla, trop peu de vannes drôles, trop de références que les non-geeks ne peuvent pas (encore) comprendre, pas assez de développement dans les enjeux exposés. Iron Man 2 n’est pas assez fun ou pas assez grave (j'hésite encore). Une belle déception en tout cas.

Par contre, la projection était en numérique. Fini les crachotements lors des changements de bobines, fini les brûlures de cigarettes, fini les sous-titres qui grésillent, place aux sous-titres propres, au bord de cadre bien défini, à une image ultra nette… La différence est notable. Tous les films (du moins de ce calibre) devraient être projetés comme ça.

- Deux très beaux films en DVD :

The Adventures of Priscilla, Queen of the Desert *** de Stephan Elliott (1994)
Un film tourné avec trois fois rien qui raconte le périple tragico-comique d’un trio de drag queens (dont un transsexuel) à travers le désert australien. Ils/elles vivront des aventures où ils/elles apprendront beaucoup sur eux/elles-mêmes. C’est drôlissime mais aussi très touchant. C’est plein de justesse, de tendresse, de folie bien sûr, d’humanité. Le trio d’acteurs, tous épatants, fonctionne à merveille : Terence Stamp, qui a rarement été aussi bon, et deux australiens d'avant leur carrière américaine : Hugo Weaving (la trilogie Matrix, la trilogie Lord of the Rings, V for Vendetta...) et Guy Pearce (Memento, L.A. Confidential, The Hurt Locker, Ravenous...)

La Petite Lili *** de Claude Miller (2003)
Le premier film de Claude Miller que je vois, et je ne suis pas déçu. La Petite Lili est une (libre) adaptation de La Mouette de Tchekov, transposée aujourd’hui. Superbes dialogues, ellipses habiles, personnages entiers : on comprend vite que le scénario est riche, magnifique. Histoire de famille, histoire d’émancipation, réflexion sur notre rapport au cinéma… On en oublierait presque la belle mise en images, voire le casting cinq étoiles : Giraudeau, Nicole Garcia, Marielle, Julie Depardieu, Ludivine Sagnier, Robinson Stévenin, et j’en passe. Tous sont parfaits. Vraiment, un très beau film, qui m’a rappelé que je n’avais toujours pas vu Un secret !

Aucun commentaire: