Il fallait bien que quelqu'un tourne un jour un film sur cet événement traumatisant de ce déut de sciècle: la mort de la VHS.
Michel Gondry est le Mr. Bricolage du cinéma contemporain, un artiste à l’imagination débordante qui privilégiera toujours l’artisanat à l’industriel, le fait-maison à l’imagerie électronique. Après l’inoubliable Eternal Sunshine of the Spotless Mind (succès critique et public + Oscar + statut « culte »), le réalisateur français aurait pu se remplir les poches sans souci en acceptant de réaliser un quelconque blockbuster à Hollywood, mais il a eu les couilles et l’intelligence de prendre le chemin exactement inverse: son film suivant, La Science des rêves, est à ce jour son film le plus personnel.
Son dernier-né, enfin sur les écrans (six mois après la France, merci !), était très attendu de par son pitch cinglé: Be Kind Rewind (de grâce ignorez la traduction VF, ignoble) raconte l’histoire d’une vidéothèque victime d’un accident pas banal : un fidèle client (Jack Black, en grande foforme) dont le cerveau s’est magnétisé lors d’un sabotage foiré à la centrale électrique (si si), efface toutes les vidéos du magasin de son ami (Mos Def, touchant). Pour répondre à la demande, les deux comparses vont retourner, avec les moyens du bord, des remakes raccourcis des films effacés. Et donc *surprise* ces versions « suédées », louées plus cher, connaissent rapidement un succès fou dans tout le quartier. Mais est-ce que ce sera suffisant pour sauver l’établissement, menacé de démolition?
Les scénarios de Michel Gondry sont loin d’être en béton armé, et dit comme ça, l’histoire semble être une succession de sketches, liés entre eux par une intrigue prétexte. D’ailleurs, les séquences « retournées » sont bien sûr parmi les moments les plus drôles du film, les plus mémorables. Ghostbusters, Robocop, Driving Miss Daisy, Rush Hour 2, King Kong, 2001, Le Roi Lion et j'en passe… Heureusement, on est loin de la fataisie qui tourne à vide. Même si Gondry s’éclate avec ces loufoqueries, il ne s’y attarde pas, et nous raconte en fin de compte une jolie fable sociale, teinté de poésie, de nostalgie et de naïveté. Oui, on déballe quelques bons sentiments, mais c’est avant tout pour faire primer, au cœur de ce joyeux délire, l'aspect humain.
Notre esprit de solidarité, notre attachement aux autres et aux choses, mais surtout notre plaisir de créer quelque chose de nos mains. Le résultat des films retournés par ces deux allumés sont objectivement nazes, mais l’essentiel est dans cette joie de créer quelque chose et de le partager.
Léger et franchement hilarant, touchant et moins dépressif que ces prédécesseurs, Be Kind Rewind est un hommage follement original au septième art, une déclaration d’amour au cinéma, à tous ces films que nous avons aimé avant. On en ressort enchanté.
samedi 30 août 2008
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