lundi 23 février 2009

Ernest et Alceste

- Che Guevara vu par Steven Soderbergh et Benicio del Toro. Walter Salles avait évoqué la jeunesse du futur révolutionnaire dans des Diarios de Motocicleta d’heureuse mémoire. Ici on se penche sur la révolution en tant que telle. La « Part One » de ce biopic de 4h17 est plutôt une bonne surprise, précisément parce que le film… surprend.

Il surprend par le ton qu’il adopte. Anti-fun, anti-spectaculaire, anti-rythme obligatoirement tendu. Il y a peut-être parfois un peu de mou (une révolution ça se prépare patiemment), mais jamais de gras. Pas de bons mots pour le plaisir de la réplique qui punche. Le scénario est brillamment écrit et intéressant à suivre. J’avais peur des flash-forward en noir et blanc (interviews et interventions à l’ONU), qui m’avaient rebuté dans la bande-annonce, mais finalement je les trouve parfaitement gérés, dosés, dirigés. Parfois la transition se fait avec la voix du Che interviewé, sur les images couleur devenues muettes. Très beau. La mise en scène de Soderbergh est d’ailleurs assez envoûtante, très inspirée avec plusieurs cadrages superbes, marquants. Les faits et gestes, les chuchotements, les regards, les réflexions, les dérapages… Ces petits instants gagnent vite en intensité rien que par les cadrages. Si Benicio del Toro est franchement ma-gni-fique, j'ai aussi été très amusé par Fidel Castro, plus vrai que nature. Bon point aussi à la musique, davantage pour son utilisation que pour la partition d’Alberto Iglesias. Vivement la suite (la chute), dans deux mois dans les salles.

- Excellente soirée samedi. Au théâtre ce soir : Le Misanthrope, repris au Théâtre National durant une semaine. Trois choses à évoquer. Le texte, d’abord. Et quel texte ! Sa richesse n’a d’égale que sa troublante actualité. Drôle, cruel, émouvant. Il y a quelque chose d’enivrant aussi dans ce vocabulaire foisonnant, ces cascades d'alexandrins, ces rimes magnifiques – encore faut-il bien s’accrocher pour ne pas en rater un mot. Deuxièmement, l’audace de la mise en scène. Philippe Sireuil, dont j’avais pu découvrir les affres de son imagination dans Shakespeare is dead, get over it !, offre ici un cadre contemporain et épuré, entre dandysme et rock gothique. Et enfin la qualité de l’interprétation. Philippe Jeusette est imposant en Alceste, et je suis définitivement tombé sous le charme de Marie Lecomte, époustouflante en Célimène. Comédienne épatante découverte dans Shakespeare is dead…, justement. Et pouce en l’air aussi à Simon Wauters qui malgré son petit rôle a su capter l’attention, et même voler une scène (très drôle) à l’ogre Alceste. Merci à lui, d’ailleurs, pour les places. :-)

La soirée s’est terminée à 2h, heure à laquelle nous remarquons en toute insouciance que toutes les chaises sont déjà retournées sur les tables, et que l’addition traîne sur un coin de table, ignorée. Il suffit de quelques verres et d’une discussion en charmante compagnie pour ne pas voir le temps passer.


- J’ai (presque) lu : Microfictions de Régis Jauffret. Comme son nom l’indique, ce livre est une brique qui enchaîne de minuscules histoires. Elles commencent au recto, de terminent au verso. Il y en a 500... 1000 pages. Le compte est bon. En quelques lignes, Jauffret esquisse des petites fictions épurées de tout dialogue, de toute description. Un style peu imagé donc, mais qui offre parfois des instants saisissants, des tableaux qui n'apparaissent à l'esprit qu'au dernier moment, ou dévoilé au fil des phrases, au fil des infos distillées ou des ellipses à grandeur variable. Le ton est acerbe et cynique, les histoires sont cruelles, horribles, pessimistes, tristes, macabres, fantastiques, vaguement drôles, sales, désespérées. Tout ça rend la lecture des ces Microfictions assez ardue. Après une soixantaine d’histoires, le pavé a finalement atterri aux toilettes, sans doute le meilleur endroit pour assimiler cette défécation sur la nature humaine. Je me demande si je le terminerai un jour.
J’accroche mille fois plus à Samedi, de Ian McEwan. Auteur dont je me proclame officiellement fan.

- Je suis heureux de pouvoir partir au Québec. Cela fait quelques années maintenant que je caresse ce rêve, régulièrement nourri par mes amis et autres connaissances qui s’y sont aventurés. Impatient aussi de retrouver la belle Hélène là-bas, de revoir mes cousins
Cha et Greg, de rencontrer leur petite fille. Très enthousiaste de partir avec cette bande de stars, des nanas au cœur d’or. De nombreux guides nous annoncent que le mois d’avril est un mois « mort » et peu propice aux expéditions en pleine nature, mais il en faut plus pour entraver notre enthousiasme. Plus que six semaines !

- Plus que quatre semaines et ce sera le fameux week-end où il sera défendu de tomber malade. Trois représentations de Frédérick, deux concerts du Carmina Burana (sans compter la générale, la veille), une chorale de mariage le samedi matin (solos compris – merci bibi). J’ai déjà pris la précaution de prendre congé le vendredi et le lundi. Le point sur tout ça bientôt.

2 commentaires:

Chris a dit…

En ce jour d'oscar, je m'attendais à une réaction sur le palmarès ! ;-)

Arnotte a dit…

Bientôt, bientôt...
(j'avais d'autres choses à raconter d'abord) :-)