dimanche 28 décembre 2008

Showmen

- Je disais donc: Australia c'est très mauvais, n'y allez pas. Moi aussi je pensais "allez, pour les fêêêtes, un beau et grand film d'aventures à l'ancienne, sur grand écran...". C'est ça, paie ta PURGE. Une caricature sur pattes, une montagne de clichés. Et c'est même pas beau à regarder. 2h40 qui paraissent durer le double. Dans mon bilan 2008, actuellement en chantier, il se dispute le prix du navet de l'année.

- Pour rester dans les spectacles médiocres, je ne vous ai pas encore parlé de Mozart vs Mozart, spectacle musico-comique qui se joue actuellement au BOZAR. Le principe est simple: faire rire avec Mozart. Deux comédiens/musiciens (Léopold, qui est aussi narrateur, et Wolfgang), accompagnés par un petit ensemble de cordes, assurent le show. Dieu que c'est décevant... C'est pas honteux, hein, juste très très moyen. Cela commence pourtant bien: tandis que Léopold trime sur une commande, le petit Wolfie tripote à ses jouets... La Symphonie des Jouets, son oeuvre la plus connue, est née. Malheureusement, le meilleur sketch est passé. Bon, je retiens quand même un sympathique duel où les deux comédiens se disputent, sur un medley d'airs d'opéra, les honneurs de la pizza ou de la pasta. Quelques revisitations (un Requiem jazzy au sax, du Mozart à l'irlandaise) étaient plaisantes aussi. Pour le reste, ce n'est simplement pas très drôle, pas très fin, voire complètement lourd, ou même dépassé! Des sketches sur la Star Ac' ou sur le Prince Laurent, c'est d'un ringaaaaard... D'accord, c'est un spectacle familial, "pour les fêtes", tout ça, mais l'humour facile, je dis non. La Framboise Frivole, dans le même genre, est largement plus exquis que ce pavé d'humour populaire. Et je veux bien accepter le principe qu'il ne faut pas prendre la musique classique au sérieux, mais je n'y ai pas vu beaucoup d'amour pour Mozart. On riait souvent de et pas avec Mozart. De plus, musicalement c'était assez limite. OK, les deux compères alternent avec facilité piano, violon, trompette, flûte, saxophone... Mais je n'y ai vu aucune virtuosité. Même l'ensemble ne m'a pas impressionné. Il faut dire, le son dégueulasse n'a pas aidé. Bref, j'en suis sorti l'envie de ressortir mon coffret de 170 CD (dont ils se sont tant moqués) et de m'affoner du vrai Mozart, n'importe lequel. Ce fut Don Giovanni, et j'ai pris mon pied.

- Pour rester au rayon des rencontres populaires: la messe de minuit du 24... qui s'est transformé en kermesse au boudin. J'ignore qui a eu l'idée, mais toute la messe fut accompagnée par un "organiste professionnel". Professionnel je veux bien le croire, mais "organiste", t'y vas un peu fort, Père Augustin! Il s'agissait donc d'un joueur de synthé - et pas un simple synthé, hein, le synthé DE COMPETE. 1m50 de long, régiment de petits boutons, plusieurs petits écrans, enceintes montées sur pied aux quatre coins de l'église... Mais tout ça ne valerait rien sans le maître d'oeuvre: le joueur. Magnifique. Il avait la panoplie complète: le gros bide, le veston sans col, la petite cravate texane, la bague argentée au pouce, la petite mouctache courte, les crolles dans la nuque, le chewing-gum dans la bouche. Et ce petit air vainqueur, cool mais affirmé, profondément convaincu que les sons que sa machine émet des sons agréables aux oreilles. Chaque chant de Noël (ils y sont tous passés) ou de messe (même les incantations style "par luiii avec luiii et en luiiii...") était donc assaisonné avec la sauce "ascenseur": flûte de pan pour l'air principal, nappes de violons pour les harmonies, rythmes de batterie préenregistrés pour swinguer le tout. Imaginez "Entre le boeuf et l'âne gris" interprété par ces péruviens déguisés en chefs sioux qui arpentent les quartiers piétonniers des capitales européennes. La chorale, en sous-effectif, a fait ce qu'elle pouvait pour se faire entendre. Mais le synthé était plus fort. Moi je fus partagé entre dégoût et amusement. J'aurais préféré le recueillement.

- Trève de pisse-vinaigre: un petit mot sur un homme de talent: Gad Elmaleh. Vendredi, j'ai regardé avec mes parents son nouveau spectacle, Papa est en haut. Eh bien, ça ou une série de cinquante abdominaux, c'est pareil! On a ri comme des hyènes pendant 2h. Cela faisait longtemps que je n'avais plus autant pleuré de rire. Ce mec est doué. C'est curieux, autant je trouve qu'il fait n'importe quoi avec sa carrière cinéma/télé, autant je trouve que pour le "stand up show" (inspiré des USA - Jerry Seinfeld est son modèle), il n'a pas d'égal en France. La recette est pourtant simple: prenez un immense talent de comédien et une source d'inspiration infinie (l'observation du quotidien), puisez-y une avalanche de gags, et liez tout ça pendant 120 minutes, sans continuité et sans temps mort. Mijotez à l'improvisation de temps en temps. Savourez.

Outre l'exploit de maintenir non stop une salle de 3800 personnes (ou un canapé de 3 personnes) complètement hilare, Gad offre un vrai spectacle: fan des grands noms du burlesque (Keaton pour ne pas le citer), il adore utiliser son corps tout entier. Tout gag mérite son mime. De plus - chose que j'ignorais - le comique est également musicien. Je ne parle pas des petits accords de guitare, mais de son talent de pianiste! Il est extrêmement à l'aise, improvise comme bon lui semble... Son sketch où il parodie les chanteurs de soupe française est à se pisser dessus.
Ah, j'ai déjà envie de le revoir.

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