Ca y est, je suis Schaerbeekois et fier de l'être.
Ce blog fête aujourd'hui ses trois ans d'existence. Je l'ai alimenté plus ou moins régulièrement, toujours avec plaisir.
Aujourd'hui, j'ai envie de passer à autre chose.
Pour ceux qui veulent continuer à suivre mes traces sur la toile, voici ce que je vous propose:
- Fruit Tree², un tout nouveau blog, plus épuré et moins bavard. J'y passe déjà régulièrement.
- Pour les critiques cinéma, rendez-vous sur Blog à part.
- Ce blog-ci ne sera pas effacé: je le garde bien au chaud, que ce soit pour consulter mes liens préférés ou encore pour m'exprimer d'une façon ou d'une autre, si l'envie me prend...
The Suburbs ***, de Arcade Fire Le groupe canadien Arcade Fire est l’une des révélations les plus réjouissantes de la décennie. Leur premier album, Funeral ****, fit l’effet d’une bombe. Une presse unanime, un succès interplanétaire… Ce disque fut propulsé quasi instantanément au rang de chef-d’œuvre, de disque culte. Il faut dire qu’avec cet album parfait, véritable panier à tubes, Arcade Fire proposait un son nouveau, une sensation euphorisante de sang neuf, d’air frais. Une belle promesse pour le rock du XXIème siècle… Promesse tenue avec l’album suivant, le somptueux Neon Bible ****. Toujours ce goût de l’exploration, ce sens de l’épique, ces tubes renversants. Leur troisième album, dans les bacs depuis début de ce mois, marque une rupture. Avec The Suburbs, les canadiens semblent ne plus vouloir essayer d’atteindre cette espèce de lyrisme orgasmique des deux opus précédents. De prime abord moins époustouflant, l’album est aussi plus linéaire, voire narratif : il s’écoute d’une traite, comme une histoire qui nous est racontée. Une histoire sortie de ces banlieues, teintées de souvenirs et de nostalgie. Moins "hors normes", les nouvelles chansons d’Arcade Fire font du coup penser à d’autres musiques, notamment au disco-rock des années 80 à la Blondie, au néo-folk des années 90. The Suburbs est long et généreux : 16 plages pour plus d’une heure de musique ! A croire que les faces B ont été laissées, intégrées dans la chaîne. Individuellement, les chansons sont sans doute inégales : certaines passent inaperçu, d’autres sont forcément sublimes, parmi les plus belles que le groupe ait composées. Moins fascinant et moins directement séduisant qu’à l’accoutumée, The Suburbs est donc un album malgré tout subtil et intéressant, qui s’apprivoise au fil des écoutes, qui s’explore comme une grotte aux trésors cachés. Quand le disque s’achève, on repousse sur play.
Un petit extrait en live:
Pour revenir à Funeral, il fut sacré – à juste titre – par Les Inrockuptibles meilleur album de la décennie. Des Inrocks, je ne lis que leurs hors-séries, du moins ceux qui m’intéressent. Au début de l’année, ils ont proposé un top 100 des meilleurs albums de la décennie écoulée (en plus des grands courants qui ont marqué la musique des années 2000). C’est assez intéressant. Quelques critiques (pratique ô combien difficile quand on parle de musique) sont bien tournées. Et surtout, ça donne envie de découvrir une foule de disques. Et de combler ses lacunes. Un prochain petit saut à la médiathèque devrait faire l’affaire. *Quand je prendrai le temps d’y aller, en 2046.*
Pour reprendre, parmi leur top, ceux que je possède (et que je vénère également) :
1. Arcade Fire, Funeral 3. Radiohead, Kid A 8. Sufjan Stevens, Come On Feel the Illinoise 11. Daft Punk, Discovery 15. Johnny Cash, American III: Solitary Man 17. Midlake, The Trials of Van Occupanther 18. Air, 10000 Hz Legend 27. Elliott Smith, Figure 8 35. Antony and the Johnsons, I Am a Bird Now 39. Portishead, Third 44. Franz Ferdinand, Franz Ferdinand 47. Bon Iver, For Emma, Forever Ago 49. Beck, Sea Change 57. Björk, Medulla 59. Cat Power, You Are Free 73. Camille, Le Fil 78. Green Day, Amercian Idiot 84. Noir Désir, Des visages des figures 92. Red Hot Chili Peppers, By the Way*là, j’avoue, je suis surpris*
Bon, c’est sûr, il manque des choses. Après un petit tour dans ma discothèque, j’ajouterais à ceux-là :
- O de Damien Rice - A rush of blood to the head de Coldplay - You All Look The Same To Me d’Archive - Carbon Glacier de Laura Veirs - As heard on radio Soulwax pt. 2 des 2 Many DJ’s - Souljacker de Eels - The Seldom Seen Kid (ou n’importe quel autre album) d’Elbow - Un des deux albums (j’hésite encore) des Girls in Hawaii - et n’importe quel album de Syd Matters - Et puis du James Yorkston, quoi!
Pour le top des meilleurs BO, il faudra attendre que je termine ce satané Bilan des années 2000. *hum*
Un des grands films de cette année. Si vous n'êtes pas encore convaincus par le bouche-à-oreille qui s'accroît de jour en jour, allez lire l'avis plus détaillé sur Blog à part.
- Shrek Forever After *, de Mike Mitchell Souvenez-vous, l'arrivée de cet ogre péteur et incorrect avec les contes de fées avait tout écrasé sur son passage. Il avait même chipé l'Oscar à Monsters, Inc. C'est vrai qu'il était sympa, le bougre. Le film était d'ailleurs très réussi. Le deuxième, déjà moins surprenant, jouait à fond la carte de l'humour référentiel et de la surenchère, assez efficacement il est vrai. Puis vint ce troisième opus complètement raté, écrit avec le cul, pas drôle, pénible, redondant.
Ce quatrième et dernier opus (attendez-vous quand même à un spin-off de Puss in Boots), s'il fait déjà mieux que le précédent (pas difficile), ne fait que confirmer que la franchise de Shrek a perdu de son mojo. Histoire pauvre, méchant faiblard... Reste queqlues rires arrachés ici et là (Donkey et Puss, bien sûr), mais j'ai déjà oublié le film.
- The Last Airbender *, de M. Night Shyamalan
Certes, La Jeune fille de l’eau était casse-gueule et imparfait, mais la mise en abyme était superbe. D’accord, Phénomènes était à moitié raté mais pas inintéressant et tétanisant par moments. C’est sûr, ce n’est pas avec ce Dernier Maître de l'Air (adaptation d’un manga à succès, Avatar) qui réconciliera Shyamalan avec la critique ou même ses (ex-) fans. On est loin, très loin, de la gracieuse maîtrise des Incasable, Signes ou du Village. A force d’entendre et de lire les mauvais échos, je m'attendais à pire. Mais c'est clairement raté, ou plutôt: ça aurait pu être tellement mieux. Purement visuellement, le film est d’une grande classe. Les effets spéciaux sont solides, les décors soignés, la photo également (même chef op’ que Le Seigneur des Anneaux…). Le budget a été utilisé à bon escient. Puis, Shyamalan reste un bon metteur en scène. Plusieurs scènes sont à ce niveau-là admirables, plusieurs plans sont de toute beauté. Malheureusement, ce savoir-faire est bousillé par des points faibles impardonnables, à commencer par le scénario, qui semble être écrit par un ado de 15 ans. Trous et incohérences, personnages peu travaillés, dialogues risibles… L’autre point noir, et c’est aberrant quand on y pense, c'est le casting. Tous, sauf un ou deux (dont Dev "Slumdog" Patel) semblent échappés de série Z. Bref, on sort de là avec une désagréable sensation de gâchis… Décidément, les cinéastes qui filment pour leurs gosses, ça ne les réussit pas.
- J'ai également vu Io Sono l'Amore ****, de Luca Guadagnino, et c'est sublime. Ca sort le 29 septembre en Belgique, ça me laisse donc le temps d'en reparler... Voici la bande-annonce:
Je devrais vous parler d'Inception ****, le dernier Christopher Nolan, vertigineux, époustouflant, jouissif. Un des grands films de cette année. Avant que je n'arrive à trouver les mots pour parler de ce film très riche, je vous laisse avec quelques vues du city-trip de ce week-end dernier: Gand. Un trip culturel, festif, et sensoriel! On s'en est mis plein la vue (quelle belle ville) et plein les oreilles (l'accent gantois, la musique des Gentse Feesten). A l'odorat, nous avions l'odeur de frites et de guindaille. Nos épaules ont pas mal frôlé la foule immense. Super week-end. Et pour ceux que ça intéresse, j'ai une adresse d'hôtel impeccable: classe, calme, pas trop cher et à un jet de pierre de la gare et du tram.
- Vendredi dernier nous nous sommes retrouvés entre anciens chefs de la Meute, comme tous les deux ans. Ce fut la première fois qu’un des chefs actuels est un de nos anciens louveteaux… Ca ne nous rajeunit pas. Cette soirée a décrotté un placard entier de souvenirs – ce sont d’ailleurs souvent les mêmes – et a ravivé chez tout le monde cette envie profonde d’être en camp, de revivre ça une dernière fois. Allez, juste une fois… Quelle ambiance de feu il y avait. A-fonds à la chaîne (drôle de voir que les jeunots ont sous-estimé les capacités des vieux loups…), frites à même la table, torsions dans les étoiles, chants entonnés à tue-tête (dont l’indéfectible tube Au bord de la Waigunga)… pour finir la nuit sur un autogonflant dans une étable fraîchement passée à la chaux. A coup sûr, notre visite a boosté le staff pour leur camp. Mission accomplie.
Le lendemain matin.
- J’ai entamé le travail pour mon solo du Carmina Burana. Atteindre ce contre-ré dès la première répétition, ça donne confiance. David était ravi.
- Découverte d’une véritable mine d’or : les BO des documentaires Martin Scorsese presents The Blues. Des heures de bonheur. Je suis ravi d’explorer enfin un peu plus loin cette musique car, c’est bien connu, toute la musique qu’on aime, elle vient de là.
- Quelques films français :
Tournée *** de Mathieu Amalric Très beau film, un des meilleurs de l’année à ce jour. Je vous invite à lire un avis plus développé sur Blog à part. Mais c’est ici que je mets la magnifique affiche :
Copacabana ** de Marc Fitoussi Inconséquente et joviale, Babou ne s'est jamais souciée de réussite sociale. Elle décide pourtant de rentrer dans le droit chemin quand elle découvre que sa fille a trop honte d'elle pour l'inviter à son mariage. Piquée au vif dans son amour maternel, Babou se résout à vendre des appartements en multipropriété à Ostende. À ceci près qu'en plein hiver, les potentiels acquéreurs se font rares. Grande est alors la tentation de se laisser vivre... Mais Babou s'accroche, bien décidée à regagner l'estime de sa fille et à lui offrir un cadeau de mariage digne de ce nom. (allocine.fr) Amis compatriotes, la majeure partie de Copacabana est tournée à Ostende ! On y boit de la bière, on y parle flamand… Une charmante belgitude qui rend le film tout de suite plus sympathique. D’ailleurs, au point de vue de l’histoire, c’est toute la partie qui se déroule à Ostende qui est la plus réussie. Au début, ça se traîne, et la fin est peu convaincante. Mais la vraie raison de conseiller ce petit film, c’est la présence d’Isabelle Huppert, impeccable dans ce rôle de mère-ado qui reprend sa vie en main pour se faire aimer par sa fille (sa propre fille dans la vie). Ca lui change de ses rôles torturés. Grâce à elle on arrive à oublier la relative laideur esthétique d’un film néanmoins sympathique, plaisant mais également plus grave par moments. A noter aussi, quelques bons dialogues. Espérons que Marc Fitoussi ait un peu plus de budget pour son prochain film. Sortie le 11 août.
L’Age de raison ° de Yann Samuell "Chère moi-même, aujourd'hui j'ai 7 ans et je t'écris cette lettre pour t'aider à te souvenir des promesses que je fais à l'âge de raison et aussi te rappeler ce que je veux devenir..." Ainsi commence la lettre que Margaret, femme d'affaires accomplie, reçoit le jour de ses 40 ans. (allocine.fr) Je ne vais pas m’étendre sur celui-là : j’ai trouvé ça atroce de bout en bout. Ce n’est pas le style bricolo-féérique de Yann Samuell qui dérange, mais son scénario caricatural et dégoulinant de guimauve la plus indigeste. De plus, il semble être passé totalement à côté de son sujet (notre rapport à l’enfance). Ce n'est vraiment pas ma came. Mais je suppose qu'il y a un public pour ça. Les fans de la première heure de Sophie Marceau seront ravis. Sortie le 4 août. La salle était pleine à craquer, Sophie a parlé quatre minutes, Zaccaï six, il y avait pas d'air co et on dégoulinait tous de sueur à la fin. Super.
Ce soir, Inception ! Avec Shrek comme amuse-gueule.
- La finale n’était pas un beau match. Trop de fautes, trop de tension, trop de catch, trop peu d’occases. Un arbitre à la ramasse. Mais je suis heureux pour les Espagnols, qui méritent largement leur titre. Dur pour les Oranje qui subissent leur troisième finale perdue. Peut-être que ce sera pour 2018, à la maison (rêvons un peu). Sinon, elle m’a bien plu, cette petite Coupe du Monde. Quelques matchs grandioses, quelques buts fabuleux, plein de surprises, des histoires drôles, des tragédies, des vuvuzelas.
- Première semaine au nouveau boulot. Immersion. Ecouter, noter, apprendre. Rencontrer ses nouveaux collègues. Ca s’annonce excitant, en tout cas. Et puis le cadre est chouette, les avantages sont PRETTY COOL, et c’est à un jet de pierre de chez nous. Et il y a aussi un chien qui dit bonjour le matin.
- Canto XX4 ne participe plus aux Choralies 2010 à Vaison-la-Romaine. Je ne vais pas étaler toute l’histoire ici, ce serait trop long et ennuyeux à lire, mais en gros : 1. ACJ nous a fait un sale coup 2. les soucis techniques (organisation lamentable) ont fini par prendre le dessus sur le plaisir artistique. Face à la démotivation générale, le chef a eu le courage de prendre la bonne décision. Prochaine étape : la captation vidéo, le 29 août !
- Hier soir, j’ai percuté un gamin avec mon vélo. Cet abruti n’a pas regardé (une camionnette nous cachait l’un et l’autre) en traversant (en courant !) et j’ai foncé droit dedans. Le choc fut assez violent, j’ai valsé par-dessus lui pour terminer en cascade rouli-boulée sur le bitume. Lui n’a rien ("C’est pas moi m’sieur ! Il m’a poussé m’sieur !"), mon vélo a le pneu avant crevé et moi je m’en sors bien avec des bobos qui piquent au coude et au genou. C’est là que je me dis que je fais bien de ne jamais rouler sans casque. Le gamin a dû remercier le ciel que je n’étais pas une voiture.
- Vivement bientôt que je remette les clés de mon ancien appart. Cric-crac, on ferme, vider la corbeille ? Oui. Mais avant ça, encore des soucis de déménagement.
Des films:
Bébé(s) *** de Thomas Balmès Quatre pays… quatre bébés… du premier cri aux premiers pas. Ils s'appellent Ponijao, Bayarjargal, Mari et Hattie et vivent en Namibie, en Mongolie, au Japon et aux États-Unis. Bébé(s) nous plonge simultanément au cœur de cultures très différentes et saisit les moments les plus émouvants, drôles et insouciants, uniques et universels, des premiers mois de la vie. (allocine.fr) Le Premier cri (Gilles le Maistre, 2007) proposait déjà exactement la même idée mais autour de l'accouchement. Cette fausse suite est bien plus propice au gagatisement… L’autre idée de Bébé(s) est de se priver de tout commentaire off. Seul le montage d’images compte. L'appréhension de se retrouver devant "ANNE GEDDES - THE MOVIE" est vite estompée car le film est intéressant: il nous montre à la fois les différences entre les quatre civilisations/cultures et les étonnantes similitudes qu'ont tous ces bébés qui sont nés quelque part… Joliment filmé, monté et mis en musique (Bruno Coulais), Bébé(s) est un condensé (on imagine bien les heures de rushes derrière tout ça) de scènes craquantes à souhait, tendres et souvent très drôles. Un très joli petit film qui se regarde à deux, le sourire aux lèvres. Ça sort en salles le 21 juillet. *c’est congé*
Ce qu’il faut pour vivre ** de Benoît Pilon Au début des années cinquante, Tivii, un chasseur inuit atteint de tuberculose, est déraciné et transporté dans un sanatorium de Québec pour se faire soigner. Affaibli, il doit en plus faire face aux conséquences de son arrachement : séparé de ses proches, incapable de communiquer dans une langue inconnue, confronté à une culture dont il ne connaît rien, et surtout, qui ne connaît rien de la sienne. Démoralisé, Tivii décide de se laisser mourir et devient son pire ennemi. Un ennemi que l'infirmière Carole combattra avec toute la force de sa détermination. Carole comprend le mal profond qui afflige Tivii et elle insiste pour que le jeune inuk Kaki, malade lui aussi, soit transféré dans son sanatorium. Kaki connaît bien les blancs et il permettra à Tivii d'appréhender ce monde qui le rebute. De son côté, en transmettant ses connaissances à Kaki, en lui parlant des coutumes de son pays, Tivii retrouvera sa fierté et la volonté de guérir. (allocine.fr) Ce n’est pas tous les jours que vous verrez un film où un Inuit discute avec un Québécois. Plus sérieusement, Ce qu’il faut pour vivre est une agréable surprise et dépasse son étiquette de film pour écoles et autres ciné-clubs à débat. Certes, la facture formelle et narrative est fort classique (et assez prévisible), mais Benoît Pilon trouve le ton juste pour sensibiliser le spectateur à son histoire et aux thèmes qu’elle véhicule. Il est aidé par la performance épatante de Natar Ungalaaq, le meilleur – et le seul – acteur inuit, déjà remarqué dans Atanarjuat.
Ah oui, fini les journées de temps libre! Back to business. Pour me faire pardonner de ce silence, voici quelques photos du départ de la mongolfière qui a embarqué papa et maman. Cadeaux des enfants pour fêter leurs 35 ans de mariage.
Bon, je vais essayer de faire court car en ce moment la Mannschaft mène - largement - contre l’Albiceleste, et le spectacle n’est pas fini...
- Carpe Cantorem est dans la place ! La Chef peut arrêter de stresser : l’honneur est sauf, et bien plus que cela ! La messe de mariage de ce matin, dirigée par bibi, s’est très bien passée. Malgré les conditions de préparation difficiles (trop peu de temps pour apprendre les nouveaux chants, recrutement d’électrons libres pour renforcer les effectifs…), cette première expérience de direction de chœur fut un succès. Je n’ai pas vu les mariés à la sortie, mais les choristes, eux, étaient en tout cas ravis. C’était sûrement très intéressant pour eux de suivre d’autres mains, d’autres expressions. Quant à moi, j’y ai pris beaucoup de plaisir.
- Au théâtre : Le Dieu du carnage **, de Yasmina Reza (Théâtre du Public). Deux couples bourgeois se réunissent pour discuter d’un petit incident : le fils des uns a pété les deux dents de devant du fils des autres. Voilà le point de départ d’un petit jeu de massacre grinçant et caustique, un ping-pong à quatre où valsent les vacheries, hypocrisies et faux-semblants. Les rebondissements sont prévisibles, mais ça ne souffre d’aucun temps mort, c’est toujours piquant, parfois grave, souvent drôle. Olivier Massart, dans la peau de celui qui s’en fout, est succulent de justesse. Chaque mouvement de sourcil est un régal. Et c’est lui qui a la dernière réplique, parfaite : "Qu’est-ce qu’on sait ?"
- Au cinéma : L’Illusionniste *, de Sylvain Chomet Je dois avoir un problème avec Sylvain Chomet. Déjà avec ses Triplettes de Belleville, j’avais trouvé ça joliment exécuté, mais je n’avais jamais accroché à l’histoire. Pour cet Illusionniste, hommage appuyé à Jacques Tati, le problème s’est accentué : si techniquement (et même artistiquement) le film est indéniablement séduisant, il est malheureusement très ennuyeux. La belle idée de départ imaginée par Tati lui-même (les derniers feux d’un illusionniste de cabaret, dépassé par le rock, la télévision…) n’arrive pas à compenser la maigreur de l’intrigue. Ni les élans mélancoliques, ni les tronches impayables des personnages, ni les "gags" n’arrivent à arracher le moindre sourire et sortir le spectateur de son mortel ennui.
- J’ai lu : Odeur du temps, de Jean d’Ormesson Il s’agit d’une compilation de ses chroniques, publiées (principalement dans Le Figaro) entre les années 70 et aujourd’hui. De sa plume soignée mais alerte, Jean d’O nous parle avec passion des auteurs qu’il admire, de l’importance de la littérature, de ses souvenirs de voyage… Sur plus de 450 pages, on pourra trouver le temps long. Sa manie de repêcher obligatoirement des noms obscurs de génies méconnus est parfois ronflante. J’avoue en avoir parcouru quelques textes en diagonale, surtout ceux où il se répète (je saisis mal l’intérêt de juxtaposer 3 ou 4 chroniques qui racontent, parfois texto, la même chose). Pour ce qui est du partage du plaisir de la culture, et plus particulièrement de la littérature, la mission est accomplie : Jean d’O nous donne l’envie de lire, encore et encore, de parcourir le patrimoine, de combler ses lacunes.
Et Klose qui met un quatrième contre les Argentins. Ca fait plaisir! L'Allemagne est grande dans cette Coupe du Monde. Plus que deux matches avant le titre!
- Pixar, vers l'infini et au-delà ! Toy Story 3 **** a débarqué dans les salles. Dans la parfaite continuité des deux premiers, ce troisième opus forme non seulement la conclusion idéale d'une trilogie inoubliable, mais s’impose aussi comme un modèle de "numéro 3". Tous les superlatifs que vous lisez/lirez ou entend(r)ez sont fondés. Lisez l’avis détaillé sur Blog à part. Mais surtout, allez-y ! Moi j’ai déjà envie de le revoir…
- Ce fut une bien belle soirée, mercredi. Que l’Angleterre se qualifie, on est toujours content pour eux (mais ils n’iront pas plus loin s’ils ne jouent pas mieux). Que Toy Story 3 soit un grand film, ça fait plaisir, évidemment. C’était prévu. Entre les deux, le coup de fil tant attendu est arrivé… Les nouvelles étaient bonnes. Boing, boing boing, j’ai bondi de joie. Après bientôt quatre mois sans emploi, ça fait du bien. Mettre par la même occasion un pied "dedans" (je veux dire : ce que j’aime), ça fait plaisir. Je suis chaud patate, motivé à bloc, à fond les ballons. Avant cela, encore une dizaine de jours de vraies vacances. Ils seront bien remplis : des fêtes et du foot bien sûr, mais aussi quelques tâches à effectuer (terminer ce déménagement, remplir cette déclaration, préparer cette messe de mariage…).
- J’ai lu : Vivre Content, de Jean-Louis Servan-Schreiber. Le fondateur, entre autres, de Psychologies Magazine signe une réflexion très intéressante sur le bonheur et le bien être, à mille lieues des clichés guimauves que l’on pourrait avoir sur ce genre de bouquin. Le bonheur paraît-il trop absolu, trop inatteignable? Vivons content ! L’auteur propose 25 pistes de réflexions pour trouver dans notre vie toutes les sources possibles de contentement. Quelques exemples de thèmes abordés : - Le réel : l’apprentissage de la soumission féconde - Le corps : le meilleur de nos placements - L’action : simplifier son rapport au monde - La responsabilité : assumer sans se condamner - Le plaisir : choisir et se rendre disponible - L’acceptation : se réconcilier avec la banalité - Le temps : faire de mon maître un ami - La mémoire : notre passé est imaginaire. Dans chaque chapitre, Jean-Louis Servan Schreiber propose, à partir de son ressenti et son vécu personnels, une approche tournée vers le positif, quelques clés pour mieux apprécier son quotidien. Les sources de contentement sont partout : à nous de les débusquer et de les utiliser pour mieux vivre sa vie, dans le présent. Avec des mots simples et clairs (c’est très finement écrit), Servan-Schreiber donne une petite leçon de vie accessible à tous. Une vraie bouffée d’air frais !
- Hier soir, un récital de chant et piano chez Gaetane et Jean-Claude. Comme souvent chez ces deux mélomanes, c’était magnifique. Au piano, la japonaise Maiko Inoue, brillante. Au chant, la soprano coréenne Ju-Hee Park, qui a su démontrer une grande expressivité, une profonde sensibilité. A deux, elles ont séduit le public avec un répertoire très varié. Au piano seul, la Nocturne n° 27 de Chopin et l’allegro de concert de Granados ont fait leur petit effet. Au chant, j’ai particulièrement apprécié les deux airs de Mozart (dont celui de la Comtesse dans Les Noces de Figaro), un air déchirant de Manon Lescaut de Puccini, un Air des Bijoux de Gounod en bis. La Bonne Cuisine, quatre recettes mises en musique par Leonard Bernstein, était à deux doigts de provoquer l’hilarité. Un exploit de diction et de prononciation, en tout cas ! Autre coup de cœur, le Ständchen de Schubert. Schubert mon chouchou, Schubert qui m’émeut à tous les coups. En cherchant une version sur YouTube, je suis tombé sur cette version de Fritz Wunderlich(le meilleur nom de monde !), le regretté ténor à la voix sortie d’un livre de contes et légendes. Bon, la vidéo c’est un diaporama tout nase, mais écoutez-moi ça :
- De tous les plaisirs que peut apporter la musique, il en est un que j’ai la chance de découvrir : la direction. Samedi en huit, je remplacerai Catherine pour diriger Carpe Cantorem, le temps d’un mariage. Sans compter mes petits coups de main lors d’une ou deux chorales d’amis et une direction gérée guitare à la main, ce sera ma première vraie direction. L’exercice est très excitant. Un chœur n’est rien sans son chef, la musique n’est rien sans direction. Le savoir, c’est bien. L’expérimenter une baguette à la main, c’est s’en rendre compte concrètement! Donner le bon tempo et les bons départs, gérer les différentes nuances, être expressif à chaque instant, faire passer toutes les intentions musicales… Faire tout cela en même temps demande une grande concentration (et une bonne préparation). J’essaierai de penser à Bernstein, tiens. Débriefing dans une dizaine de jours !
- La misérable débâcle des Bleus est pitoyable, au sens premier du terme : j’ai fini par avoir pitié d’eux. Leur qualification usurpée ne leur a décidément pas porté chance. Bien que Domenech doive avoir sa grande part de responsabilité (son refus de serrer la main au sélectionneur de l’Afrique du Sud à l’issue du match – duquel ils sont sortis tous deux éliminés – est certainement révélateur de la mentalité du bonhomme), il est difficile de savoir ce qui a bien pu se passer dans l’Equipe de France pour atteindre un tel niveau de médiocrité. Si l’avalanche de critiques est quelque part justifiée, j’ai été plus gêné par la surmédiatisation des soi-disant « affaires » des Bleus, avant et pendant le Mundial. Le sensationnalisme de certains journalistes fait peine à voir. La fameuse "une" du journal l’Equipe, consternante, est un sommet de bêtise journalistique. Sans oublier la déclaration pour le moins gonflée de Sarkozy, mal placé pour donner des leçons à ce niveau-là. Pour se convaincre du mauvais management et de l’ambiance pourrie au sein des Bleus, il suffisait de regarder leur façon de jouer, indigne d’une équipe de ce niveau. Je comprends les ricanements des Belges - les Français n’ont en vérité que ce qu’ils méritent (une élimination logique, une sortie par la toute petite porte) - mais je trouve ça triste à voir une équipe tomber aussi bas. Courage à Laurent Blanc : remonter la pente sera difficile. Mais d’abord, place au lavage de linge sale et autres minables chamailleries médiatiques. Comme promis.
- Merci en tout cas à rtbf.be/sportd’avoir pensé à ceux qui n’ont pas la télé ! Cette Coupe du monde commence à être très excitante et pleine de surprises. Les européens peinent à convaincre (Jusqu’où iront les Pays-Bas ? Et l’Angleterre, décevante jusqu’ici ?), les sud-américains brillent (Argentins, Uruguayens et Mexicains sont déjà en huitième…). La suite, vivement !
- Chercher du travail, c’est aussi savoir attendre que le téléphone sonne.
- Ce soir, je retrouve Woody, Buzz et toute la bande. Je palpite déjà.
- Certains goûts doivent être héréditaires. Mon admiration pour Maxime Le Forestier, je la dois à mon père. Le 33 tours de Né quelque part et la cassette de Passer ma route ont tourné en boucle, les dimanches matin à la maison ou sur la route des vacances. Chaque nouvel album, ou presque, faisait (et fait toujours) office de parfait cadeau pour la fête des pères. Quant aux "vieilles", je les ai rôdées sur ma six cordes, autour du feu de camp ou pour endormir les loups. Le coffret des 100 plus belles chansons, récemment acheté, me permet de découvrir encore d’autres perles, issues de tous ses albums. Et je m’en délecte. (Bon, j'ai du mal avec les synthétiseurs d'After Shave, j'avoue...)
Maxime Le Forestier a toujours été un artiste extrêmement attachant. Ecouter Maxime se fait sans effort, de manière naturelle, comme on accueille un ami. La richesse des mélodies, la beauté des textes, la couleur des mots, la chaleur de la voix… Ses chansons, inépuisables, sont tour à tour mélancoliques, engagées, espiègles, tendres, nostalgiques. Toujours aiguisées par un vrai sens de l’observation. Quand on connaît Maxime, on comprend sans peine l’admiration sans borne qu’il voue à son maître, Georges Brassens. L’enregistrement public de l’intégrale (!) de Tonton Georges est une vraie réussite. Reprendre Brassens n’est pas chose aisée : avec Maxime, ça coule de source. Les enregistrements publics de Le Forestier sont d’ailleurs toujours remarquables. Son plus beau, sans conteste, reste son concert Plutôt Guitare. Maxime parcourt l’ensemble de sa carrière avec pour seuls instruments, des guitares. La sienne, et celles de Jean-Félix Lalanne, Manu Galvin, Michel Haumont. Un extrait ici :
- Je suis un de ceux qui suivent la Coupe du Monde sans télé. Les résumés, les buts et tout le tralala, c’est sur le site (extrêmement complet) de la FIFA. Les matches, c’est dans les caftards avec des potes. Ce n’est pas plus mal. Je ne m’attarderai pas sur les vuvuzelas, ces satanées trompettes qui nous les cassent (les oreilles et tout le reste)… Je plains surtout les joueurs. « Pas question d’interdire le vuvuzela, dit la FIFA. Il est le symbole de cette Coupe du Monde. » C’est bien ça le problème, non ? Question foot, les échos sont globalement mitigés. Sans doute que le meilleur reste encore à venir.
- Le Basset, c’est fini. La dernière bamboule, c’était samedi dernier. Promesse tenue : ils ont mis le paquet. Ce qui est génial, c’est qu’à tous les coups, les GO (menés par Max, le seul, l’unique) dépassent les attentes, quelque soit le thème choisi. Cette fois-ci, décors, déguisements et musique (live) illustraient le thème du "Garage africain". Le genre de soirée pleine de monde, de bruit, de grand n’importe quoi, où tout le monde régresse au stade de son adolescence décervelée. C’est ça qui était bon au Basset. Retrouver le parfum de ces années. Dormir trois heures avant de se lever pour remplir son devoir d’assesseur (et finalement ne pas être retenu), c’est assez sportif. C’est qu’on n’a plus 20 ans, nous autres ! Je revois les photos des soirées précédentes (soirée Martiens, soirée Gothique, soirée Cuba, soirée Pollution…) et je me dis qu’une belle page se tourne.
- J’ai lu : L’Echappée Belle *, d’Anna Gavalda. Un roman court (une nouvelle, en fait) sur quatre frères et sœurs, la trentaine, qui se font une petite cure de nostalgie de leur enfance perdue. Un bonbon sucré, parfois drôle, vaguement amer, toujours léger, aussitôt lu aussitôt digéré.
OK les petits amis, on va parler cinoche. Plus que 12 fois dormir avant Toy Story 3.
En salles:
Greenberg ** Le réalisateur Noah Baumbach est un ami de Wes Anderson, avec lequel il a d’ailleurs co-écrit le merveilleux Fantastic Mr Fox. Son premier long, The Squid and the Whale (Les Berkman se séparent en VF *bravo les gars*), un bijou de drame familial sur deux ados qui vivent mal le divorce de leur parents, avait fait forte impression. Son deuxième, Margot at the Wedding, m’avait échappé, faute d’une misérable distribution de quelques semaines à peine. Ce Greenberg, avec Ben Stiller en tête d’affiche, passe cette fois à l’UGC. J’ai eu une pensée pour cette bande d’étudiants sortis d’examens espérant une bonne tranche de rire à la Meet the Parents, Tropic Thunder ou autre potacherie qui a propulsé Stiller au premier rang de la comédie US. Tout autre registre ici. Greenberg est l’exemple type de la comédie indé douce-amère, comico-dépressive, BO hype de circonstance. Le pitch ? Los Angeles. En attendant mieux, Florence Marr, qui rêve de devenir chanteuse, travaille chez les Greenberg comme assistante personnelle (petites courses, gardes d’enfants, promenades de chien). Lorsque Philip Greenberg emmène sa femme et ses enfants en voyage au Viêt-Nam, Florence a soudain plus de temps pour elle. Ce qui ne l’empêche pas de venir s’occuper du chien de la famille (Mahler) et de passer voir, par la même occasion, Roger, quadragénaire en visite chez son frère Philip. Tout aussi paumé que Florence, Roger a passé plusieurs années à New York où ses projets n’ont pas abouti. Sorti de dépression, il revendique désormais sa volonté de ne "rien faire"… Touchée par sa fragilité, Florence se rapproche peu à peu de cet homme énervé par tout et qui a bien du mal à renouer contact avec ses anciens amis. Se noue alors entre eux une relation improbable… (source : allocine.fr) Cette relation entre Greenberg et Florence (Greta Gerwig, une révélation) constitue en somme le seul véritable intérêt du film. L’attirance entre ces deux personnages, à la fois si proches et si différents, est faite de méfiance et de cruauté, de tendresse et de respect. Aucune mièvrerie, beaucoup de justesse. Construire un film autour d’un anti-héros antipathique ne doit pas être une mince affaire. Noah Baumbach n'y arrive pas entièrement. Le plus dur n’est pas de s’intéresser à l’intrigue (un petit peu maigrelette), mais de s’attacher au personnage de Stiller. Ce qui amuse au début finit par agacer, et l’on n’éprouve plus aucune affection pour lui. Malgré les quelques beaux moments (qu’ils touchent à la pure drôlerie ou au profond malaise existentiel), on finit donc par s’ennuyer poliment.
Vu à la CINEMATEK :
Brève Rencontre **** (David Lean, 1945) Revoir ce chef-d’œuvre sur grand écran, dans une copie restaurée, fut un vrai bonheur. Voilà un vrai classique du cinéma britannique, à voir et à revoir. J’ai fait, sur Blog à part, une analyse plus détaillée.
Derniers DVD-sur-canapé :
Naked **** (Mike Leigh, 1993) Grâce à ses récompenses cannoises (mise en scène et interprétation masculine), Naked a valu à Mike Leigh une reconnaissance critique et publique qui ne s’est plus démentie depuis. Trois ans plus tard, il empochait la Palme d’Or avec Secrets and Lies. Naked retrace l’errance de Johnny, un vagabond perdu, constamment en fuite, à la recherche d’un toit, à la recherche de lui-même, du sens de la vie. Au fil de ses diverses rencontres nocturnes (un junkie déboussolé, un vigile humaniste, une prostituée en déclin, un colleur d’affiches agressif), Johnny fera part de ses réflexions métaphysiques, philosophiques, terriblement sarcastiques… Parallèlement, on y suit l’escapade de Jeremy, un psychopathe obsédé de sexe extrême. Les deux hommes finiront par se rencontrer chez Sophie et Louise, qui partagent une misérable colocation dans une banlieue de Londres. Naked, vraie claque, prend aux tripes dès les premiers instants et ne lâche plus le spectateur jusqu’au (sublime) dernier plan. La réussite, magnifique, tient autant à l’écriture qu’à la direction de Mike Leigh, mais avant tout à la performance incroyable de David Thewlis. Il est extraordinaire. Si depuis lors il n’a pas perdu son talent (le Professeur Lupin dans Harry Potter, c’est lui), il n’a plus jamais retrouvé un si beau rôle. Ne fut-ce que pour lui, Naked est un film à voir absolument.
The Wicker Man *** (Robin Hardy, 1973) Sur une île isolée d'Ecose, un flic mène l'enquête sur la disparition d'une fillette. Catholique convaincu, il découvre alors une communauté étrange, adepte de rites ancestraux qui ont tout pour l’inquiéter. Seul contre tous, il avance dans son enquête mais ne se doute aucunement du piège qui se referme petit à petit sur lui… Narrativement, le piquant de cette banale intrigue policière se trouve principalement dans cette confrontation entre deux croyances totalement opposées. Le coup de théâtre final, sans être surprenant, témoigne toutefois d’un réel soin porté à l’écriture. Mais le véritable intérêt de ce Wicker Man, c’est l’atmosphère typique de ces films "d’horreur" des années 70. Si on frôle parfois le ringard, certaines scènes valent leur pesant d’étrangeté bizarroïde. Aujourd’hui, ce film culte des seventies ressemble à un improbable mix entre film d'art et essai, film fantastique, comédie érotico-musicale et série Z. Chistopher Lee, qui a participé gratuitement au film, a toujours dit que c’était son rôle préféré. Son interprétation du Lord Summerisle n’est effectivement pas piquée des hannetons.
Il Divo ** (Paolo Sorrentino, 2008) Evocation de Giulio Andreotti, célèbre homme politique italien qui fut élu sept fois Président du Conseil des ministres. Il Divo est un film très étonnant. Moi qui m'attendais à un Gomorra centré sur un personnage politique ! Rien de tout cela. Il Divo, c'est une espèce d'exercice de style par lequel le réalisateur, en mélangeant faits réels et imaginaires, apporte une vision fantasmée d'Andreotti. Le film est extrêmement stylisé, sans doute un peu trop, mais l'exercice s’avère assez plaisant. Le revers de la médaille, c’est que la narration en pâtit. On perd vite le fil des différentes intrigues politico-mafieuses. Les seules choses que l’on apprend dans ce salmigondis narratif, ce sont les cartons à lire pendant les génériques de début et de fin… Malgré tout, Il Divo reste un plaisir : Toni Servillo est parfait, les dialogues sont succulents. Le parti-pris esthétique (un traitement sexy pour un sujet qui est loin de l’être) peut être rebutant, mais je l'ai trouvé osé et, pour tout dire, assez emballant. Imparfait donc, mais sympathique.
Pour finir, deux films fort différents mais qui ont pour contexte la montée du nazisme en Allemagne (début des années 30) - et qui ont tous deux Helmut Griem au générique.
Les Damnés ** (Luchino Visconti, 1969) Ou comment la montée du nazisme provoque le déclin d’une puissante famille d’industriels. Malgré la noirceur presque lyrique de l’ensemble, quelques belles idées et quelques moments superbement dérangeants, l’ennui a pris le dessus. C’est fort, mais aussi très long et glacial.
Cabaret * (Bob Fosse, 1972) Ou comment un cabaret essaye, grâce à son divertissement extravagant, de faire oublier aux visiteurs les difficultés de la vie et les menaces grandissantes du monde extérieur. Et pour la petite histoire, Sally Bowles, chanteuse du club, est partagée entre deux hommes. Jamais je n’aurais pensé m’ennuyer autant. Le scénario, faiblard, n’est jamais drôle et rarement touchant, les numéros musicaux sont décevants (les chansons sont bonnes, mais la choré ne suit pas), et côté mise en scène je dénonce une usurpation d’Oscar (en 1972, l’année du Parrain). Seul le montage sort du lot. Au casting, Joel Grey campe un excellent Maître de Cérémonie carrey-esque, Michael York fait ce qu’il peut. Par contre, gros blocage avec Liza Minnelli. Je ne supporte ni sa tête, ni sa voix, ni son jeu. Bon, ça m’a donné envie de voir la comédie musicale, c’est déjà ça.
- Je ne m’étendrai pas trop sur le sujet (les mots sont de toute façon trop faibles), mais l’adieu à Denis était un moment très fort. On aurait mal pu imaginer plus bel hommage que celui-là. Chapeau bas et merci aux organisateurs. La célébration était à la fois magnifique et déchirante. Evidemment déchirante. A la douleur de voir un pote s’en aller s’ajoute celle de la famille, des amis proches. Ceux-ci ont été exemplaires de dignité et de courage. Ce fut un adieu terrassant de tristesse, mais aussi porteur d’un message qui a résonné en chacun de nous : faisons rayonner la lumière que Denis dégageait. Souvenons-nous de sa gentillesse, de son intelligence, de son optimisme, de son talent, de sa bonté. Souvenons-nous que nous sommes fragiles. Soyons forts, vivons heureux. La vie est trop courte.
- Après ce genre d'événement, un ressourcement campagnard tombe à pic. Le hasard du calendrier nous a fait fêter le même jour les 25 ans de vie de ma chère sœur. Un petit barbec' entre amis, il n'y a que ça de vrai.
- Il paraît déjà loin le temps où je sacrifiais, en pleine session d’exams, des après-midi entiers pour suivre Roland-Garros. Depuis quelques années, je dois me contenter des finales. C’est cool pour Schiavone. Personne n’avait parié sur elle, mais rien qu’à voir son sourire, on se dit que ce trophée semblait lui être destiné. Respect aussi pour Rafael Nadal, qui a balayé Soderling. Le Suédois n’a rien su faire… Quand Nadal est au top de sa forme, il est simplement invicible – du moins sur terre battue. Une finale sans suspense n’a rien d’excitant, mais une bonne petite leçon de tennis est toujours bonne à prendre. Quel joueur incroyable… Mais le plus beau, c’était ses sanglots d’émotion. Derrière l’exploit sportif, la performance physique surréaliste, le prestige et la gloire, l’être humain est réapparu, libéré de la pression (auto-)infligée, bouleversé de bonheur d’avoir atteint un objectif visé depuis un an. Tout le reste, c’est secondaire. C’est du bonus.
- Petit coup de pub pour Blog à Part, un blog collectif alimenté par des "chroniqueurs associés", réunis par Vincent Engel (romancier/chroniqueur/dramaturge/prof à l’IHECS).
Alain Berenboom, Hugues le Paige, Claude Javeau, Jean-Louis Lippert, Jacques De Decker ou encore Vincent Engel lui-même y prêtent leur plume pour évoquer des faits d’actualité ou des traits d’humeur, que ce soit en politique ou en culture. A ouvrir tous les matins, une tasse à la main. Café noir ou thé vert, au choix.
- Cold Souls **, de Sophie Barthes. En pleine répétition de l’Oncle Vania de Tchekov, Paul Giamatti (dans son quasi-propre rôle) est en proie à de profondes angoisses. C’est alors qu’il apprend dans un article du "New Yorker" qu’il existe un laboratoire qui permet de se faire extraire l’âme. Stockée bien au froid, elle ne nous cause plus de souci. Fini les tourments de l’âme ! Paul se laisse convaincre. Problème : depuis l’opération, il se sent vide, ne ressent plus rien. Pire encore : il ne sait plus jouer Vania. Les choses vont mieux quand il emprunte l’âme d’un poète russe. Mais quand il veut récupérer la sienne, le labo lui annonce qu’elle a disparu. Il s’embarque alors dans une lutte contre des trafiquants d’âmes…
Avec son pitch fantastique et son petit budget, Âmes en stock (en VF) évoque inévitablement les scripts joyeusement tordus de Charlie Kaufman (Being John Malkovich, Eternal Sunshine of the Spotless Mind). A l’instar de ce dernier, Sophie Barthes prend son idée farfelue très au sérieux et on se laisse facilement embarquer dans cette drôle d’histoire. L’aspect "petit budget" du film, débarrassé d’effets visuels grossiers, lui donne davantage de crédibilité, un petit supplément d’âme. Pourtant, on finit par trouver le temps un brin longuet : la comédie manque de rythme, le drame manque de profondeur et l’intrigue se fait finalement peu satisfaisante (on ne voit pas assez les conséquences d’une perte d’âme). La portée philosophique du pitch à peine effleurée, c’est l’émotion qui en pâtit. Emergent ici et là quelques moments tordants ou touchants. Reste le casting, franchement délicieux: les trop rares David Strathairn, Emily Watson, Lauren Ambrose (Six Feet Under). Et Paul Giamatti. Avec le recul, Cold Souls n’est pas grand chose d’autre qu’une déclaration d’amour à Paul Giamatti, forcément phénoménal. Il joue ici son propre rôle, mais il nous livre là un mix de tous les personnages de sa filmographie. Certes, il s’en donne à cœur joie quitte à frôler le cabotinage, mais on peut le remercier, en quelque sorte, de sauver le film de l’ennui.